L'univers décrypté à la Cité des Sciences à Paris

PARIS 2008 (AFP) - "Le grand récit de l'univers", exposition permanente à la Cité des Sciences et de l'industrie qui ouvre ses portes le 25 mars, raconte la formation du monde en partant de l'histoire de la Terre, pour remonter aux origines de la matière et aux grands questionnements de la physique actuelle.


Sur 1.900 m2 répartis sur deux niveaux, le visiteur, transformé en observateur de la nature, est régulièrement déstabilisé et contraint à réinterpréter ses découvertes, comme l'ont fait les physiciens depuis l'antiquité.

"Nous exposons des objets qui sont capables de raconter des histoires", a déclaré à l'AFP Patrick Maury, responsable des projets muséologiques de la Cité des Sciences et commissaire de l'exposition. Les roches, par lesquelles commencent le parcours initiatique, ont conservé "la mémoire du champ magnétique quand la Terre s'est refroidie".

En apprenant à dater les roches, le visiteur se voit affublé de l'héritage de l'univers, jusque dans son propre corps. "Quand vous buvez un verre d'eau, vous buvez des atomes qui ont 13,7 et 4-5 milliards années, pas plus jeunes, même si elle est fraîche", explique M. Maury en référence à l'hydrogène (H2) et à l'oxygène (O).

Pour ménager le néophyte rapidement déboussolé, des espaces de repos avec des films récapitulatifs ont été installés. Le tout au milieu des grandes voilures aux formes ovoïdales qui s'élèvent vers le ciel tout en formant de rassurants cocons.

Au deuxième étage, l'observation fait place à la théorie, mais cette dernière est toujours abordée de la manière la plus concrète possible.

Masse, espace, temps, mouvement : ces concepts de la vie de tous les jours servent à appréhender les "trois physiques", classique (jusqu'à Newton), relativiste et quantique.

L'inséparabilité de l'espace et du temps, liée à la vitesse infranchissable de la lumière, est mise en scène par un simple miroir, qui renvoie à celui qui s'y regarde son image lorsqu'il était plus jeune... d'une fraction de seconde.

Plus loin, des lentilles optiques simulent des effets gravitationnels pour montrer que la relativité générale d'Einstein n'est rien d'autre qu'une déformation de l'espace-temps.

Au total, 16 installations multimédia sont mises en oeuvre pour rendre palpables les mondes de l'infiniment petit et de l'infiniment grand. Dans l'une d'entre elles, le visiteur est invité à se déplacer sur un plateau circulaire et à regarder des muons venus de la haute atmosphère le traverser de part en part.

Le signal de ces particules élémentaires est en effet capté par deux détecteurs de rayons cosmiques reliés à un ordinateur, qui simulent leur image sur un écran et leur ajoute un effet sonore.

Le plus gros défi à relever pour les concepteurs de l'exposition était la physique quantique, dont les lois défient le sens commun.

Un film interactif avec le physicien et philosophe Etienne Klein, l'un des trois commissaires scientifiques de l'exposition, permet de rendre compte simplement des différences entre le monde macroscopique et celui de l'infiniment petit.

Ainsi, si deux jumeaux partent dans des directions opposées et que l'un reçoit une ampoule sur la tête, l'autre bien sûr n'aura pas de bosse. Ce serait pourtant le cas s'il s'agissait non pas d'être humains, mais de particules "inséparables".

"Comme nos sens ne nous préparent pas bien à comprendre l'univers dans lequel nous vivons, il faut aller plus loin" que la simple observation, constate M. Maury.