10-06 Nature et science

Des cellules souches embryonnaires ont été créées à partir de cellules adultes
LE MONDE | 07.06.07 | 15h12 • Mis à jour le 07.06.07 | 15h12




T rois équipes de biologistes travaillant indépendamment sont parvenues à transformer en cellules souches embryonnaires des cellules prélevées sur des souris adultes. Ces résultats spectaculaires ont été rendus publics mercredi 6 juin et font l'objet de publications dans les revues scientifiques Nature et Cell Stem Cell. Des travaux visant à reproduire ces résultats à partir de cellules humaines sont déjà en cours. Si tel était le cas, cela bouleverserait l'ensemble des recherches actuelles sur les cellules souches embryonnaires ainsi que les problèmes éthiques qui leur sont associés.



On sait que le caractère pluripotent des cellules souches embryonnaires leur permet de donner naissance à tous les tissus présents au sein d'un organisme. Il était toutefois jusqu'ici tenu pour impossible d'obtenir qu'une cellule différenciée puisse revenir au stade d'une cellule souche embryonnaire. C'est ce dogme que semblent avoir brisé ces travaux.


"AUCUNE TRICHERIE"


"Nous n'avons plus besoin d'ovocytes ni d'embryons", a assuré le Japonais Shinya Yamanaka (université de Kyoto), le premier à avoir obtenu ces résultats. Ce chercheur est parvenu, grâce aux techniques de thérapie génique, à intégrer dans le génome de fibroblastes, cellules du tissu conjonctif, quatre gènes spécifiques. Ces derniers dirigent la synthèse de quatre protéines dont la présence interagit avec d'autres gènes de la cellule, la conduisant de ce fait à retrouver les caractéristiques d'une cellule pluripotente. Shinya Yamanaka et ses collaborateurs avaient obtenu en 2006 des résultats qui n'avaient pas pleinement convaincu la communauté scientifique.

Il présente aujourd'hui de nouvelles données qui, point important, sont confirmées par les travaux de plusieurs équipes américaines d'Harvard et de l'université de Californie ainsi que par celle, très réputée, dirigée par Rudolf Jaenisch (Whitehead Institute, Cambridge, Massachusetts). "C'est facile, assure pour sa part le chercheur japonais. Il n'y a ici aucune tricherie, rien de magique."

Jean-Yves Nau
Article paru dans l'édition du 08.06.07