"Le jour sans gays" au travail

Proposition 8". Le 4 novembre dernier, outre l'élection présidentielle, les électeurs californiens étaient appelés à se prononcer sur plusieurs référendums locaux. Parmi eux, un texte d'initiative populaire proposant de modifier la Constitution de l'Etat pour définir le mariage comme un acte entre un homme et une femme. Le "oui" l'a emporté avec 52% des voix (cliquez ici pour lire notre article).

Il mettait donc fin de fait à un arrêt historique de la Cour suprême californienne. En mai dernier, elle avait en effet annulé un article du code civil définissant le mariage comme un acte entre un homme et une femme, ce qui avait ouvert la voie à la conclusion de mariages entre personnes du même sexe. Environ 18.000 couples homosexuels se sont ensuite mariés en Californie entre juin et novembre (cliquez ici pour lire notre article). Ils se retrouvent désormais dans une situation juridique et administrative incertaine. Des référendums similaires ont été adoptés le même jour en Floride, dans l'Arizona et l'Arkansas.

Depuis, ces résultats ont provoqué une série de manifestations des associations homosexuelles, non seulement en Californie mais aussi dans le reste du pays, entraîné des plaintes de militants, d'organisations de droits de l'Homme ou encore de municipalités. L'adoption du texte, rebaptisé par ses détracteurs "Proposition hate" ("proposition de haine") fait aussi l'objet de vives débats sur Internet, où les gays accusent la communauté hispanique, traditionnellement très catholique et conservatrice, la communauté noire et les mormons d'être homophobes.

700 milliards de dollars

Ce mercredi, les associations homosexuelles sont passées à l'étape supérieure de leur protestation. Elles organisent en effet un "jour sans gays". Il vise à démontrer l'importance de la communauté gay et lesbienne dans l'économie américaine, sur le modèle de mouvements menés par les Hispaniques et les clandestins en 2006.

"Un jour sans gays serait tragique, parce que ce serait un jour sans amour", lit-on sur le site internet "daywithoutagay.com" qui appelle "la communauté homosexuelle à se dresser contre la haine en donnant de l'amour à des causes différentes". "Vous êtes encouragés à ne pas vous faire porter pâles au travail. Vous êtes encouragés à vous faire porter 'gay' et donner de votre temps à servir" la société, selon le site, qui préconise d'occuper son temps libre à écrire à des hommes politiques ou à discuter avec des amis. Selon un autre site internet dédié à la même cause, "jointheimpact.com", les homosexuels contribuent chaque année à hauteur de 700 milliards de dollars à l'économie américaine, soit le même montant que le plan de sauvetage des institutions financières récemment décidé par le gouvernement.

A la Cour suprême de trancher

La bataille s'est également déplacée sur le terrain judiciaire. Deux recours pour faire invalider l'amendement constitutionnel ont été introduits par l'Association américaine de défense des libertés civiles (ACLU), le Centre national pour les droits des lesbiennes et l'organisation Lambda Legal, tandis qu'un troisième était déposé par les villes de San Francisco, Los Angeles et Santa Clara. La Cour suprême a indiqué qu'elle examinera ces requêtes, sans autre commentaire.