Pourquoi la fiction française dégringole

Des sagas d'été aux audiences maussades, de nouvelles séries qui dégringolent... Et voilà le PAF au chevet de sa fiction. À qui la faute? D'abord aux chaînes. L'arme fatale de TF1, mettre une série américaine à 20 h 50 pour laminer la concurrence, s'est retournée contre elle! «Cold Case, affaires classées», sur France 2, a mis «L'Hôpital», nouvelle fiction de la Une, au tapis.

Autre effet pervers de cette programmation, la ringardisation progressive de nos héros français. En tout cas, de ceux qui «tenaient la baraque» sur 90 minutes depuis plus de dix ans : «Navarro», «Cordier», «L'Instit», «Julie Lescaut»... Après avoir figé la fiction française en imposant ce format, excluant ainsi des séries longues plus facilement exportables, TF1 a décidé d'accélérer la mutation vers des épisodes de 52 minutes, et une écriture plus moderne. Ce fut un peu brutal pour le téléspectateur. D'autant qu'à l'opposé des héros américains, qui possèdent d'entrée une notoriété planétaire, langue anglaise oblige, les petits nouveaux Français ont très peu de temps pour fidéliser le public et s'installer. L'exemple de France 3 renouvelant sa confiance à «Plus belle la vie», alors que les critiques se déchaînaient contre le programme et que les audiences flirtaient avec le néant, est rare.

À la décharge des chaînes, les Américains bénéficient de moyens nettement supérieurs à ceux de nos producteurs. Mais alors pourquoi brident-elles plus les auteurs français que ne le font leurs homologues américaines? Car, encore une exception hexagonale, il existe très peu de chaînes généralistes gratuites. Le secteur souffre d'un tel sous-financement qu'il a besoin de grosses audiences pour s'en sortir. En France, on écrit des histoires pour rassembler le maximum de monde devant l'écran. Aux États-Unis, la concurrence est telle que les chaînes doivent viser des publics plus «profilés». Pour autant, soyons optimistes: toutes les chaînes mettent le cap sur l'innovation et la variété des genres. Vivement 2008!