Le ton monte entre Uribe, Correa et Chavez

Le ton monte entre Bogota, Quito et Caracas après une opération de la Colombie contre les Farc en territoire équatorien
Elle a abouti à la mort du No2 de la guérilla marxiste, Raul Reyes, samedi.

Le président équatorien Rafael Correa, qui a annoncé lundi la rupture de ses relations diplomatiques avec la Colombie, a lancé à la télévision que l'attaque colombienne en Equateur avait empêché la libération de la France-colombienne Ingrid Betancourt et d'autres otages.

"J'ai le regret de vous annoncer que les conversations étaient assez avancées pour libérer en Equateur 11 otages, dont Ingrid Betancourt", a affirmé le président. "Tout a été compromis par des mains guerrières et autoritaires. Nous ne pouvons écarter que cela ait été une des motivations de l'incursion (Ndlr: colombienne)", a-t-il ajouté. De son côté, le ministre de l'Intérieur équatorien Gustavo Larrea a précisé que ces libérations des 11 otages n'avaient "pas de contrepartie" et devaient intervenir en mars. Auparavant, à Caracas au Venezuela, le ministre de l'Intérieur Ramon Rodriguez Chacin avait pour sa part annoncé qu'Ingrid Betancourt aurait pu "plusieurs fois" être libérée.

L'Equateur avait déjà décidé d'expulser l'ambassadeur colombien à Quito et de placer ses troupes à la frontière en alerte maximum. Dimanche soir, le président équatorien Rafael Correa a annoncé son intention de faire appel devant la communauté internationale pour condamer cette "violation de la souveraineté" de son pays.

Evoquant une "agression délibérée", il a affirmé que vingt guérilleros au total avaient été tués et non dix-sept comme l'affirme Bogota. Le président a annoncé qu'il avait pris contact avec ses homologues sud-américains.

De son côté, le gouvernement colombien a accusé Rafael Correa d'avoir des liens avec les Farc (Forces armées révolutionnaires de Colombie), faisant état de la saisie de documents appartenant à Raul Reyes et qui prouveraient des contacts entre le responsable de la guérilla et les autorités équatoriennes. Raul Reyes, un important leader des Farc, a été tué samedi lors d'une opération militaire colombienne en Equateur, près de la frontière avec la Colombie. La Colombie a aussi aggravé la crise en accusant le président vénézuélien Hugo Chavez d'avoir financé ces mêmes Forces armées révolutionnaires de Colombie.

La Colombie s'est d'abord excusée, affirmant que l'opération avait été rendue nécessaire par des tirs venus d'Equateur contre des soldats colombiens. Or, selon l'Equatorien Rafael Correa, des avions colombiens ont d'abord pénétré dans l'espace aérien équatorien pour bombarder le camp des Farc alors que les guérilleros étaient endormis, puis des hélicoptères sont arrivés pour déposer des soldats au sol.

Le président vénézuélien Hugo Chavez a ordonné dimanche le retrait de l'ensemble du personnel diplomatique de son ambassade à Bogota, au lendemain de l'incursion militaire colombienne contre la guérilla des Farc en Equateur. Les forces armées vénézuéliennes, en état d'alerte, soutiendront l'Equateur, a menacé Chavez.