Russie-Ukraine: la guerre du gaz

Le géant gazier russe Gazprom a menacé mardi de réduire de moitié ses livraisons à l'Ukraine
Gazprom a déjà effectivement réduit ses approvionnement de 25 % (35 %, selon Kiev).

Conséquence: la compagnie ukrainienne Naftogaz dit ne pouvoir "garantir le transit ininterrompu [du gaz] vers les consommateurs européens que lorsque cela ne met pas en danger la sécurité énergétique de l'Ukraine".


Les livraisons de gaz russe à l'Europe, qui transitent à hauteur de 80 % via l'Ukraine,
pourraient être ainsi perturbées comme en 2006.

Contredisant Naftogaz, le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Volodymyr Ogryzko, a assuré mardi que "l'Ukraine ferait tout pour que les livraisons de gaz à l'Union européenne se poursuivent normalement". La Commission européenne a dit avoir "été en contact avec Gazprom". "Ils nous ont assuré à nouveau que les livraisons de gaz vers l'Europe ne seraient pas affectées", a déclaré l'un de ses porte-paroles, qui s'exprimait avant les menaces de la compagnie ukrainienne.

Le fond de l'affaire
Gazprom réclame actuellement à l'Ukraine des arriérés de dette de 600 millions de dollars. Les deux parties ne sont pas parvenues à concrétiser un accord de principe conclu le 12 février entre les présidents russe Vladimir Poutine et ukrainien Viktor Iouchtchenko. Lequel accord prévoyait une simplification de leur schéma de livraisons.

Les joutes gazières sont fréquentes entre les deux pays. Mais c'est la première fois que Gazprom met effectivement à exécution sa menace de couper le gaz depuis la grande crise du 1er janvier 2006, qui avait perturbé les livraisons vers l'Europe. Gazprom avait alors accusé Kiev d'avoir "prélevé illégalement" du gaz destiné à l'UE.

La crise coïncide en outre avec l'élection à une écrasante majorité dimanche de Dmitri Medvedev à la présidence russe. Actuellement premier vice-premier ministre, ce dernier dirige également le conseil d'administration de Gazprom.