Tibet: l'UE fait profil bas

Comme on pouvait s'y attendre, il n'est plus question de boycotter la cérémonie d'ouverture des JO à Pékin. La majorité des Etats membres n'y étant pas favorable, les ministres des affaires étrangères des Vingt-sept, réunis en Slovénie, à Brdo, vendredi et samedi, se sont contenté d'appeler au "dialogue" entre le gouvernement chinois et le dalaï lama. Pas un mot sur les JO.

Dans un communiqué, les chefs de la diplomatie de l'Union "note les récents engagements publics du dalaï lama pour la non violence et l'autonomie, et non l'indépendance du Tibet", une façon de souligner que les exigences chinoises sont remplies. Ils appellent "à un dialogue substantiel et constructif sur toutes les questions clé comme la préservation de la langue, de la culture, de la religion et de la tradition tibétaine". "Personne n'est pour le boycott des JO et quant à la cérémonie d'ouverture, personne n'a voulu en parler", a assuré Bernard Kouchner, le ministre des affaires étrangères français. "Nous n'avons pas mentionné les jeux car cela ne nous paraît pas indispensable pour le moment, mais nous restons attentifs à l'évolution de la situation", a-t-il poursuivi.

La Chine, en dépit de cette prudence européenne, a dégainé l'artillerie lourde: elle a exprimé, tout à l'heure, son "très vif mécontentement" à la lecture de ce communiqué. "La question du Tibet est une question interne à la Chine. Aucun pays étranger, ni aucune organisation internationale n'a le droit de s'y ingérer", a martelé un porte-parole du ministère des affaires étrangères chinois, Jiang Yu. Une façon de prévenir toute escalade de la part des Vingt-sept. Il s'en est aussi pris au Président du Parlement européen, l'Allemand Hans-Gert Pöttering, qui avait appelé au boycott des JO: "toute personne raisonnable devrait s'abstenir de risquer de provoquer l'hostilité d'un quart de la population mondiale". Charmant.