De plus en plus de pauvres dans le monde

La hausse des prix des denrées alimentaires risque de plonger 100 millions de personnes dans la pauvreté
Selon Marcelo Giugale, un responsable de la banque mondiale, jeudi, le doublement des prix au cours des trois dernières années pourrait augmenter le taux de pauvreté dans le monde de trois à cinq points de pourcentage.

De 2005 à 2007, les prix mondiaux du blé ont augmenté de 70%, ceux du maïs de 80% et les prix du lait ont pratiquement doublé.

Marcelo Giugale, directeur du programme de réduction de la pauvreté et de gestion économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes, précise: "Pour ce qui est des études que j'ai consultées, on parle de 100 millions de personnes à travers le monde" qui s'appauvriront nettement.

Plusieurs facteurs ont contribué à ce qu'il appelle une "tempête parfaite" sur les prix des produits alimentaires. Parmi ces facteurs, des intempéries dans des régions traditionnellement très agricoles. Ainsi pour l'Australie, dont certaines parties ont subi leur pire sécheresse depuis un siècle.

L'augmentation du prix du fioul et des engrais utilisés pour l'agriculture a également contribué à ces hausses de prix, de même que les cultures destinées aux biocarburants, qui ont transféré une partie de la production du marché de l'alimentation vers le marché de l'énergie.

Le phénomène n'épargne pas les USA
L'escalade des prix des denrées aux Etats-Unis affecte les banques alimentaires et les soupes populaires qui peinent à recueillir des dons pour des populations de plus en plus nombreuses à venir frapper à leurs portes. Conséquence de cette hausse: il y a moins de viande, de pâtes ou de légumes disponibles grâce à un programme gouvernemental rachetant les excédents des agriculteurs.

Le volume des stocks de denrées alimentaires s'est réduit considérablement au cours des dernières années, avec le boom des exportations des agriculteurs américains qui a poussé les prix à la hausse. Les exportations de produits agricoles sont passées de 62 milliards de dollars en 2004 à 82 milliards au cours de la dernière année fiscale, selon les chiffres du département de l'Agriculture. En 2007, le ministère n'a acheté que pour 67 millions de dollars de produits agricoles en surplus, contre 240 millions de dollars en 2004. Les banques alimentaires et restaurants populaires bénéficient en outre chaque année d'une enveloppe de 140 millions de dollars du gouvernement.

Ross Fraser, porte-parole de la plus grande organisation américaine de lutte contre la faim, America's Second Harvest, les 225.000 tonnes de denrées données par l'USDA en 2002 représentaient 26% de la nourriture distribuée cette année-là par l'organisation. L'an dernier, la contribution gouvernementale est tombée à 150.000 tonnes, soit 16% de la nourriture nécessaire.

Les restaurants populaires et banques alimentaires comptent aussi sur les dons des grandes surfaces et des industries alimentaires. Mais ceux-ci ne suffisent pas à compenser cette perte. Les organisations sont contraintes d'acheter de plus en plus de nourriture sur leurs deniers propres. En 2000, la banque alimentaire d'America's Second Harvest avait dépensé 81 millions pour acheter des denrées alimentaires. Ce montant a grimpé à 127 millions en 2006.

Les organisations font face à une recrudescence de la demande d'une population touchée par la crise financière américaine, la hausse des prix de l'essence ou encore la crise des prêts immobiliers. A travers le pays, les organisations ont constaté une augmentation de 20% de leur fréquentation par rapport à l'an dernier, selon America's Second Harvest.