La Banque mondiale n'aidera pas la Birmanie

La banque mondiale a annoncé mardi qu'elle ne viendrait pas en aide à la Birmanie sinistrée
Motif avancé pour ne pas aider Rangoun : la dette de ce pays à l'égard de l'institution.

"Actuellement, nous ne sommes pas en position de fournir une aide", a déclaré à des journalistes à Singapour le directeur général de la Banque mondiale (BM), Juan Jose Daboub. "Ils ont accumulé des arriérés depuis 1998", a-t-il dit.

La Birmanie a entamé mardi trois jours de deuil en hommage aux 134.000 morts et disparus du cyclone Nargis tandis que des diplomates maintenaient la pression sur la junte pour qu'elle accélère la distribution des secours aux 2,4 millions de rescapés.

Les drapeaux resteront en berne jusqu'à jeudi, a annoncé la télévision nationale au lendemain de la première visite dans les zones sinistrées du chef de la junte, Than Shwe. Le général s'est rendu dimanche dans des quartiers de Rangoun et la télévision l'a montré lundi dans le delta de l'Irrawaddy.

Des experts estiment qu'une aide étrangère massive, de l'ampleur de celle qui a suivi le tsunami dans l'océan Indien, en 2004, est nécessaire pour éviter que la faim et les maladies alourdissent encore le bilan.

La mousson rend encore plus dure la vie des sinistrés
Le début de la mousson dans le delta de l'Irrawaddy rend la vie plus difficile encore pour les populations tentant de survivre après le passage de Nargis. Les pluies diluviennes qui s'abattent chaque jour risquent de détruire les maigres provisions de riz arrachées à la fureur du cyclone. "Notre riz pourrait être sauvé si le soleil se décidait à percer", explique un paysan dans un village du delta. "Mais ce ne sera plus jamais un riz de bonne qualité".

La junte a accepté de l'aide acheminée à Rangoun par voie aérienne et elle a autorisé des agences de l'Onu telles que le Programme alimentaire mondial à la distribuer. Mais elle renâcle à laisser des humanitaires étrangers se rendre dans le delta, de crainte que leur présence menace l'emprise des militaires, au pouvoir depuis 46 ans.

Des points de contrôle ont été dressés sur les routes menant au delta et des soldats ainsi que des policiers fouillent les véhicules, relèvent le numéro de plaque minéralogique et demandent si tous les passagers sont bien birmans.

Les efforts des diplomates pourraient néanmoins commencer à porter leurs fruits et lors d'une réunion d'urgence tenue lundi à Singapour, l'Association des Nations du sud-est asiatique (Asean), dont fait partie la Birmanie , a annoncé qu'elle coordonnerait les secours et instaurerait un "mécanisme" afin d'augmenter les approvisionnements.

Le secrétaire général des nations unies, Ban Ki-moon, est attendu mercredi à Rangoon pour tenter de convaincre les généraux qu'il est de leur intérêt d'ouvrir leurs frontières aux humanitaires étrangers.

Conférence de donateurs le 25 mai à Rangoun
Le plan de l'Asean est encore flou, mais le groupe et les nations unies ont annoncé dans un communiqué conjoint qu'ils réuniraient une conférence de donateurs le 25 mai à Rangoun.

La Birmanie a aussi accepté de laisser venir 300 membres du personnel médical ressortissants de pays de l'Asean. John Holmes, adjoint de Ban chargé des questions humanitaires, devrait remettre mardi une lettre du secrétaire général de l'Onu au Premier ministre Thein Sein.

Holmes s'est rendu lundi à Labutta et Bogalay, des villes sinistrées du delta.

L'aide toujours au compte-gouttes
Alors que l'aide continue d'arriver au compte-gouttes dans le delta, le Programme alimentaire mondial a dit avoir réussi à faire parvenir du riz, des haricots et des biscuits à un tiers seulement des 750.000 personnes les plus nécessiteuses.