Le nombre moyen d'heures sup' en hausse de 40% au 1er trimestre

Le nombre moyen d'heures supplémentaires effectuées par les salariés français a augmenté de 40,3% au premier trimestre 2008 par rapport au premier trimestre 2007, selon des chiffres publiés vendredi par la Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares).

Dans les entreprises de 10 salariés ou plus des secteurs concurrentiels, le nombre moyen d'heures supplémentaires par salarié à temps complet était de 8,7 heures sur les trois premiers mois de l'année, contre 6,2 heures un an plus tôt.

Ces données, non corrigées des variations saisonnières et jours ouvrables, sont établies à partir de 24.540 questionnaires exploitables dans le cadre de l'enquête trimestrielle sur l'activité et les conditions d'emploi de la main d'oeuvre (Acemo) effectuée par la Dares.

Par rapport au quatrième trimestre 2007, le chiffre est en baisse de 1,6%, mais, note le communiqué de la Dares, "les heures supplémentaires ont une forte composante saisonnière qui rend délicate l'interprétation des variations trimestrielles des données brutes".

Cinq secteurs expliquent à eux seuls près de 75% de la progression de 40,3% sur un an : le commerce, la construction, les industries des biens intermédiaires, les services aux entreprises, les services aux particuliers.

Selon la Dares, le nombre moyen d'heures supplémentaires déclarées a augmenté de 49% dans les entreprises ayant une durée collective du travail supérieure à 35 heures, pour atteindre 24,6 heures au premier trimestre. Dans les entreprises à 35 heures, il a progressé de 34,6% à 5,0 heures.

GAIN IMMEDIAT DE POUVOIR D'ACHAT
La ministre de l'Economie, Christine Lagarde, avait dévoilé ces chiffres dès jeudi pour s'en féliciter.

La croissance économique étant attendue plus faible en 2008 qu'en 2007, "on aurait pu imaginer que dès le mois de janvier ça commence à baisser, cela n'a pas été le cas du tout", a-t-elle dit lors d'un point de presse réuni à cet effet.

La défiscalisation des heures supplémentaires était la mesure phare de la loi travail-emploi-pouvoir d'achat (Tepa) votée l'été dernier pour traduire le slogan de campagne de Nicolas Sarkozy de "travailler plus pour gagner plus".

Dans un rapport d'information sur l'application des lois fiscales qu'il vient de boucler et dont le journal Les Echos rend compte vendredi, le rapporteur général du budget à l'Assemblée nationale, Gilles Carrez (UMP), observe que cette mesure a apporté un gain de pouvoir d'achat immédiat compris entre 27,4% et 131% par heure travaillée et a été de ce fait "particulièrement opportune compte tenu de l'évolution de la conjoncture".

La disposition coûte près de 150 millions d'euros par mois à l'Etat mais Gilles Carrez s'attend à ce que les entreprises officialisent une grande quantité d'heures supplémentaires qui n'étaient pas déclarées auparavant, ce qui aura pour effet d'augmenter les cotisations patronales.

La Dares le reconnaît d'ailleurs en écrivant dans son communiqué de vendredi que l'entrée en vigueur de la loi Tepa au quatrième trimestre 2007 a "vraisemblablement réduit le biais de sous-déclaration" à l'enquête trimestrielle Acemo : "les allègements de cotisations sociales qui y sont liés amènent désormais les entreprises à recenser avec plus de précision les heures supplémentaires", explique-t-elle.