Cesare Battisti réfugié politique au Brésil

L'ex-activiste italien d'extrême gauche, Cesare Battisti, a obtenu le statut de réfugié politique au Brésil
Son extradition, réclamée par l'Italie où il a été condamné pour 4 assassinats à la fin des années 1970, fait des vagues à Rome qui a demandé mercredi au président Lula de revoir cette décision.

Mercredi soir, l'ambassadeur du Brésil à Rome a été convoqué par la diplomatie italienne qui lui a exprimé "la grande perplexité" de l'Italie.

L'ambasssadeur du Brésil, Adhemar Gabriel Bahadian, a été reçu par le secrétaire général du ministère, Giampiero Massolo, sur ordre du ministre Franco Frattini. Celui-ci lui a fait part de "l'indignation unanime de toutes les forces politiques parlementaires ainsi que de celle de l'opinion publique et des familles des victimes", après le refus du Brésil d'extrader l'ex-activiste d'extrême-gauche Cesare Battisti, soulignant "la grande perplexité" de l'Italie sur les "motivations de cette décision".

Dans la nuit de mardi à mercredi, le ministère brésilien de la Justice a octroyé le statut de réfugié à Cesare Battisti "en raison de l'existence fondée d'une crainte de persécution".

Battisti est détenu depuis 2007 dans une prison de Brasilia après avoir fui la France. Après sa fuite de France en août 2004, Cesare Battisti s'était réfugié au Brésil où il avait été arrêté en 2007 et écroué dans l'attente d'une éventuelle extradition vers l'Italie. Condamné à la prison à perpétuité par contumace dans son pays pour l'assassinat de quatre personnes entre 1977 et 1979 -crime pour lequel il clame son innocence, Battisti avait été arrêté à Rio de Janeiro et écroué à Brasilia.

Dans un entretien publié le week-end dernier dans l'hebdomadaire Epoca, il avait affirmé craindre pour sa vie s'il était extradé. "Je suis certain que si je vais en Italie, je serai l'objet de vengeance. Je serais assassiné", avait-il assuré. Il avait appelé le ministre brésilien de la Justice, Tarso Genro, "qui a lui-même personnellement souffert de la répression politique quand il était militant" sous la dictature militaire (1964-1985), à refuser son extradition.

Le ministre de la Justice est allé à l'encontre d'une décision du Comité national pour les réfugiés du Brésil, où siègent notamment des représentants du Haut commissariat de l'Onu aux réfugiés, qui avait rejeté le 28 novembre sa demande de réfugié politique, ce qui ouvrait la voie à son extradition.

Jusqu'alors, le Brésil avait toujours refusé les demandes d'extradition vers l'Italie d'anciens activistes italiens, notamment des Brigades Rouges, considérant qu'ils étaient poursuivis pour des délits de nature politique.

Battisti avait trouvé refuge en 1981 sous la présidence du président socialiste François Mitterrand, peu avant que la justice française ne donne le feu vert à son extradition vers l'Italie en octobre 2004.