Madagascar : "80 morts en quelques jours"

Les troubles à Madagascar ont fait "plus de 80 morts en quelques jours", a déclaré Alain Joyandet mercredi soir
Le secrétaire d'Etat à la Coopération s'est dit "très attentif" à l'évolution d'une situation "très préoccupante", notamment pour la sécurité des "20.000 ressortissants français". Un bilan différent a été annoncé par un haut responsable de la gendarmerie locale : au moins 68 morts.

Lundi, une manifestation à Antananarivo a dégénéré faisant 40 morts.

Mercredi, 40.000 opposants au gouvernement malgache ont manifesté à Antananarivo à l'appel du maire. Aucun débordement n'a été signalé. Le président Marc Ravalomanana a accusé le maire la capitale malgache d'être "l'initiateur des troubles".

Au moins 23 personnes ont été tuées dans des villes de province de Madagascar depuis lundi lors d'émeutes et de pillages liées aux manifestations, a-t-on appris mercredi soir.

Le maire de Antananarivo, Andry Rajoelina, principal opposant du président malgache, avait pourtant annoncé mardi qu'il "suspendait" immédiatement les manifestations contre le régime.

Le président Ravalomanana, qui a appelé à "discuter" pour régler la crise, a accusé mercredi M.Rajoelina d'être "l'initiateur des troubles". Mardi, il avait a appelé au calme et au dialogue. "J'appelle les gens au calme. Il faut mettre de côté toute fierté, tout égo. Il faut discuter", a déclaré le chef de l'Etat.

Les violences ont éclaté au premier jour de grèves lancées par l'opposition pour protester contre la fermeture en décembre de la station de radio de Andry Rajoelina, après la diffusion d'un entretien avec Didier Ratsiraka, ancien chef de l'Etat en exil en France.

Andy Rajoelina, qui dénonce depuis vendredi "une dictature" à Madagascar, avait lancé un mot d'ordre de grève générale pour lundi, avant d'appeler à une nouvelle manifestation mardi matin. Le rassemblement a dégénéré en émeutes.

Le maire, surnommé TGV, en raison d'un caractère fonceur, entretient des rapports tendus avec le régime depuis son élection en indépendant à la mairie en décembre 2007. Le bras de fer s'est envenimé depuis la fermeture par le gouvernement le 13 décembre 2008 de la télévision privée Viva, propriété du maire, qui avait diffusé une interview de l'ex-président Didier Ratsiraka.

Président de Madagascar pendant 25 ans, Ratsiraka est exilé en France depuis 2002, après une grave et sanglante crise politique qui avait vu l'accession au pouvoir de Ravalomanana, réélu en décembre 2006.

L'UA profondément précoccupée
Les pompiers ont découvert mercredi 37 corps calcinés dans un grand magasin du centre d'Antananarivo incendié lors des manifestations.Certains observateurs craignent que cette flambée de violence ne débouche sur une nouvelle crise majeure dans un pays réputé pour son instabilité politique. La crise politique pourrait affecter le tourisme et détourner les investisseurs étrangers.

Jean Ping, responsable de la diplomatie au sein de l'Union africaine, s'est dit "profondément préoccupé" et a exhorté "toutes les parties à mettre fin à la crise par le dialogue et dans le respect de l'ordre constitutionnel et de la légalité".