Sri-lanka: Les rebelles tamouls encerclés

L'armée sri-lankaise a annoncé samedi avoir pris le contrôle du littoral pour la 1re fois en 25 ans de guerre
Les rebelles séparatistes tamouls, les Tigres, "ont encore quelques km2 de territoire mais n'ont plus accès à la mer", perdant ainsi
toute possibilité de s'échapper, selon une source militaire.

L'armée a indiqué qu'il lui faudrait 48 h pour libérer plusieurs dizaines de milliers de civils servant de boucliers humains aux Tigres, selon l'ONU.



L'assaut final contre les Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE) survient alors que le directeur de cabinet du secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, Vijay Nambiar, doit arriver à Colombo pour tenter de convaincre les autorités de la nécessité d'une fin négociée au conflit.

Les cvivils continuent de quitter la zone des combats dans le nord du Sri Lanka: près de 15.000 ont fui en deux jours, dont 10.000 vendredi. Plus de 116.000 civils ont fui les combats depuis la percée réussie fin avril par l'armée. Beaucoup d'entre eux arrivent "sérieusement sous-alimentés", témoignant de la situation "désespérée" des personnes prises au piège, ont expliqué mardi les Nations Unies. Mercredi, le Conseil de sécurité de l'ONU a appelé à épargner les civils.

Le Comité international de la Croix-Rouge s'est ainsi dit jeudi impuissant face à "une catastrophe humanitaire inimaginable", faute de pouvoir porter secours aux victimes en raison des combats. Selon Pierre Krähenbühl, directeur des opérations du Comité international de la Croix-Rouge, les opérations "par voie maritime continuent d'être bloquées". "Aucune organisation humanitaire ne peut apporter d'aide dans ces circonstances. Les gens sont abandonnés à leur sort", a-t-il précisé.

Sourds aux appels émanant notamment des pays occidentaux, le président sri lankais Mahinda Rajapakse et son équipe ont rejeté toute trêve, privilégiant l'option militaire d'une guerre à outrance. La zone de guerre étant proscrite aux médias, chiffres et bilans officiels sont invérifiables de source indépendante. La guerre dans l'ex-Ceylan aurait fait au moins 70.000 morts depuis 1983.

Par mesure de rétorsion, la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, s'est prononcée contre l'octroi par le Fonds monétaire international (FMI) d'un prêt au Sri Lanka . Il est toutefois peu probable que cette mesure affecte durablement l'île qui pourra toujours compter sur le soutien de ses alliés asiatiques (Chine, Japon, Inde), de la Russie, voire de l'Iran et de la Libye.

Les rebelles jusqu'aux-boutistes
Samedi, le LTTE a fait savoir qu'en cas de victoire conventionnelle, s'ouvrirait une nouvelle phase du conflit, selon le site web tamoul favorable aux rebelles www.TamilNet.com.

"La volonté de Colombo de finir la guerre en 48 heures par un carnage et un bain de sang pour les civils ne résoudra jamais un conflit qui dure depuis des décennies. Au contraire, cela ne fera qu'aggraver la crise pour la porter à des niveaux imprévisibles", déclare sur le site web le responsable de la diplomatie du LTTE, S. Pathmanathan. Pathmanathan, qui est depuis des années le principal fournisseur d'armes des Tigres, est recherché par Interpol. Selon des diplomates, il se cacherait quelque part en Asie du Sud-Est, sans doute en Malaisie, en Thaïlande ou au Cambodge.

Le fondateur du LTTE, Vellupillai Prabhakaran, a commencé son combat pour un Etat séparé pour la minorité tamoule au début des années 70. Ce combat a débouché sur une guerre civile à grande échelle à partir de 1983. Prabhakaran et d'autres hauts responsables des Tigres se trouveraient dans le dernier territoire où est encerclé le LTTE, affirme l'armée sri-lankaise.