Bill Clinton en visite en Corée du Nord

L'ancien président américain Bill Clinton est arrivé mardi en Corée du Nord pour une visite surprise
Il va probablement tenter d'obtenir la libération des deux journalistes américaines Laura Ling et Euna Lee, emprisonnées dans ce pays.

Ce déplacement intervient dans un climat de tensions extrêmes entre les deux pays après l'essai nucléaire nord-coréen du 25 mai, et le tir de deux nouveaux missiles, le 4 juillet.

Ce geste fort le jour de la fête de l'Indépendance américaine semblait être un défi apparent aux sanctions du Conseil de sécurité de l'ONU.

Cette visite pourrait aussi, selon des analystes, entraîner une reprise du dialogue sur le programme nucléaire de Pyongyang, gelé depuis plusieurs mois.

M. Clinton, époux de l'actuelle secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, a été accueilli à l'aéroport Sunan de Pyongyang par Yang Hyong Sop, vice-président du présidium de l'Assemblée suprême du peuple (parlement), et par le vice-ministre des Affaires étrangères Kim Kye-Gwan, a annoncé l'agence de presse nord coréenne KCNA (Korean Central News Agency).

Deux journalistes américaines emprisonnées
Le journal sud-coréen Chosun Ilbo avait indiqué plus tôt que Bill Clinton était en route pour la Corée du Nord afin de tenter d'obtenir la libération des deux journalistes américaines.

Les deux journalistes de la chaîne de télévision Current TV, ont été arrêtées le 17 mars alors qu'elles venaient d'entrer --illégalement-- en territoire nord-coréen depuis la Chine. Elles ont été condamnées en juin à 12 ans de travaux forcés pour avoir franchi la frontière sans autorisation, "dénigrement" du régime, et pour un "crime grave" dont les juges nord-coréens n'ont pas précisé la teneur.

"Nous avons besoin de l'aide de notre gouvernement. Nous sommes désolées pour tout ce qui est arrivé, mais maintenant nous avons besoin d'une médiation diplomatique", avait dit Laura Ling à sa soeur lors d'un entretien téléphonique.

Hillary Clinton avait indiqué le 10 juillet qu'elle espérait que la Corée du Nord accorderait l'amnistie aux deux journalistes, soulignant que les jeunes femmes avaient exprimé des "remords". Mais elle avait provoqué la colère des dirigeants nord-coréens le mois dernier en les comparant à des enfants cherchant à se faire remarquer.

La question nucléaire
La Corée du Nord a déjà été sanctionnée à plusieurs reprises par le Conseil de sécurité de l'Onu et a quitté les négociations à six en avril dernier, après la condamnation unanime du second essai nucléaire de son histoire.

Ces dernières semaines, Pyongyang a néanmoins fait quelques gestes d'ouverture à destination des Etats-Unis, avec lesquels il souhaiterait avoir des négociations directes. "Il y a une possibilité d'un retournement de situation spectaculaire de la part de la Corée du Nord qui pourrait conduire à une nouvelle phase de négociations", estime Yun Duk-min de l'Institut des affaires étrangères et de la sécurité nationale à Séoul.

Pour B.R. Myers, expert de la Corée du Nord à l'Université Dongseo de Séoul, cette visite risque surtout de servir les dirigeants nord-coréens en leur conférant une stature internationale tout en récompensant leur "mauvaise attitude".

"C'est exactement ce dont ils avaient besoin", a-t-il dit. "Cela envoie des mauvais messages à tout le monde."