Puissant séisme à Haïti: Port-au-Prince dévasté

Un séisme de magnitude d'au moins 7 a frappé l'île dans la nuit, faisant des centaines, voire des milliers de victimes
De nombreux immeubles et habitations ont été détruits à Port-au-Prince, la capitale surpeuplée d'Haïti, un des pays les plus pauvres du monde. L'ambasssadeur américain évoque une "catastrophe majeure". Le pays n'avait pas connu un tel séisme depuis plusieurs siècles.

Les Etats-Unis, la France, le Vénézuela et le Canada ont proposé une aide.

Le séisme "nécessite une opération d'aide internationale massive", a indiqué la Croix-Rouge à Genève.

130 pompiers ou sauveteurs, spécialisés dans le sauvetage et le déblaiement, seront sur place au plus tard dans 24 h, a annoncé la Sécurité civile française mercredi matin. Ils arriveront de Martinique et de Brignoles (Var), a déclaré le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux. 40 gendarmes doivent par ailleurs arriver de Martinique.

Washington va déployer une équipe de 72 sauveteurs et de six chiens spécialement formés à rechercher les personnes prisonnières des décombres. Ils seront accompagnés par quelque 48 tonnes d'équipement de sauvetage et par des experts en catastrophes naturelles. Les autorités vénézuéliennes ont annoncé l'envoi d'une une "équipe d'aide humanitaire" de cinquante sauveteurs, qui transporteront également des aliments et des médicaments. Saint-Domingue a annoncé le déploiement d'une équipe de sauveteurs et de chiens formés aux fouilles

Le Programme alimentaire mondial (PAM) a annoncé l'envoi dans l'île de "deux avions, un depuis El Salvador, avec de l'aide alimentaire d'urgence, et également depuis le Panama". "La nourriture a une importance vitale, surtout à partir des deuxième et troisième jours", a déclaré l'un de ses responsables, ajoutant que le plus urgent étaient les secours, les médicaments et l'eau. Le PAM emploie plus de 200 personnes en Haïti.

L'Allemagne a annoncé le déblocage d'une aide de 1 million d'euros.

Les victimes
De nombreux cadavres et blessés sont visibles dans le quartier de la route de Delmas, dans le nord de la capitale haïtienne, rapporte l'agence France Presse (AFP). Des pillards étaient à l'oeuvre dans un supermarché.

Selon un journaliste de l'AFP présent sur place, la secousse, très violente, a duré plus d'une minute, allant jusqu'à faire sauter les véhicules en pleine rue. De nombreuses personnes sont sorties dans les rues après le séisme.

Des milliers d'habitants errent dans les rues dévastées de la ville, rapportent des témoins cités par l'agence. "Le centre de Port-au-Prince est détruit, c'est une véritable catastrophe", a expliqué l'un d'entre eux.

Un journaliste d'une télévision haïtienne, "Haitipal", captée sur internet depuis Washington, a rapporté que de nombreux bâtiments publics de la capitale, y compris la présidence, s'étaient écroulés. Il a cité "le Palais national, le ministère des Finances, le ministère des Travaux public, le ministère de la Communication et de la Culture, le Palais de justice, l'Ecole normale supérieure". Le journaliste a aussi affirmé que les bâtiments du Parlement ainsi que la cathédrale de Port-au-Prince s'étaient effondrés. Selon un diplomate haïtien, qui a évoqué lui aussi l'effondrement du bâtiment de la présidence, le président d'Haïti, René Préval, est vivant.

Des centaines, voire des milliers de personnes ont été ensevelies dans les ruines des bâtiments écroulés, selon des témoins cités par Reuters. Quelque 200 personnes seraient portées disparues sous les décombres d'un grand hôtel de Port-au-Prince, Le Montana, a déclaré mercredi le secrétaire d'Etat français à la Coopération Alain Joyandet. Le Montana, situé sur les hauteurs de la capitale, non loin du quartier-général de l'ONU, figure parmi les hôtels les plus luxueux de Port-au-Prince. On ignore si des étrangers figurent parmi les victimes.

1400 Français vivent à Haïti. "Une soixantaine de Français sont réfugiés à l'ambassade (de France), touchée par le séisme", de même que la résidence de l'ambassadeur, a précisé Alain Joyandet.

Le quartier général de la Mission de stabilisation de l'ONU en Haïti s'est effondré en grande partie, selon un de ses employés. "Il y a de nombreuses personnes sous les décombres, des morts et des blessés", a-t-il déclaré. Huit casques bleus chinois ont été ensevelis sous les décombres et 10 sont portées disparus, selon les médias de Pékin. Trois casques bleus jordaniens ont été tués et 21 autres blessés, a annoncé une source militaire à Amman.

Un travailleur humanitaire présent à Port-au-Prince a décrit une situation de "chaos" et dit redouter "des milliers de morts", a rapporté un responsable de l'ONG américaine Catholic Relief Services. "C'était le pire tremblement de terre qu'il ait jamais ressenti", a-t-il ajouté

Les communications téléphoniques et le réseau des téléphones portables ne fonctionnaient plus dans la capitale haïtienne, a indiqué le département d'Etat américain.

Le séisme ressenti jusqu'à Guantanamo
L'épicentre du tremblement de terre a été localisé à l'intérieur des terres, à seulement 10 km de profondeur et à 16 km de la capitale. Un séisme de cette importance n'avait jamais été enregistré à Haïti depuis plus de 200 ans.

Deux fortes répliques ont eu lieu peu après le séisme. Une première de magnitude 5,9 a frappé sept minutes après le premier séisme et une deuxième, de 5,5, 12 minutes plus tard. Les secousses ont été violemment ressenties en République dominicaine, pays voisin d'Haïti. Le tremblement de terre a été si puissant qu'il a été ressenti jusqu'à Guantanamo, a indiqué le porte-parole du camp de détention américain à Cuba, situé à environ 300 km de Port-au-Prince.

Une alerte au tsunami a aussitôt été émise pour l'ensemble de la région des Antilles, avant d'être levée dans la soirée.

Ces dernières années, Haïti a déjà été frappé par une série de catastrophes naturelles, notamment par une série d'ouragans meurtriers en 2008 qui ont fait plus de 800 morts et environ un million de sinistrés. Quelque 100.000 maisons avaient été endommagées.

Le pays le plus pauvre des Amériques
Situé sur le continent américain dans les Caraïbes, Haïti est l'un des pays les plus pauvres et les plus démunis du monde.

Situation géographique: Haïti (27.750 km2) partage dans les Caraïbes l'île d'Hispaniola avec la République dominicaine. Le pays est à moins de 80 km de Cuba et à quelque 1000 km de Miami (Etats-Unis).

Population: Plus de 9 millions d'habitants, dont 95 % de noirs, descendants d'esclaves africains, et 5% de métis et de blancs. Taux d'alphabétisation: 53 %. Espérance de vie: environ 61 ans.

Capitale: Port-au-Prince (2,3 millions d'habitants). Autres villes importantes: Cap-Haïtien (nord), Gonaïves (nord-ouest), Cayes (sud), Jacmel (sud-est).

Langues: français et créole.

Religion: catholicisme (majoritaire), protestantisme, vaudou.

Histoire: sous domination espagnole jusqu'en 1697, puis française, Haïti devient la première république noire indépendante en 1804 après la défaite du corps expéditionnaire de Napoléon Bonaparte qui voulait y rétablir l'esclavage aboli par la Révolution.

Entre 1915 et 1934: occupation militaire américaine, combattue par une guérilla paysanne. De 1957 à 1986: dictature sanglante de François Duvalier ("Papa Doc"), puis de son fils Jean-Claude ("Baby Doc"), aujourd'hui réfugié en France.

En 1990, le prêtre Jean-Bertrand Aristide est élu lors de la première élection libre au suffrage universel. En décembre 1991, il est renversé par un coup d'Etat militaire et s'exile. Il regagne Haïti en 1994 après une intervention militaire américaine. Un de ses proches, René Préval, prend la présidence en 1996. Aristide redevient président en février 2001 après un scrutin boycotté par l'opposition. Sous la pression des Etats-Unis, de la France et du Canada, et d'une insurrection armée, il démissionne en février 2004 et s'exile en Afrique du Sud. Depuis lors, quelque 9.000 casques bleus et policiers internationaux tentent de stabiliser le pays, dirigé par un gouvernement de transition.

Système politique: depuis la Constitution de 1987, régime semi-présidentiel avec un premier ministre issu de la majorité parlementaire au Sénat et à la Chambre des députés. En 2006, René Préval a été réélu à la présidence de la République pour un mandat de 5 ans.

Economie: 80 % de la population vit sous le seuil de pauvreté (deux dollars par jour), 54 % dans un état de pauvreté extrême (moins de un dollar par jour).

Ressources: culture (canne à sucre, bananes, café, mangues), pêche, élevage, industrie d'assemblage (électronique et textiles).

Taux de chômage: 65 % de la population.

Produit intérieur brut (PIB): 1300 dollars par habitant (2008, renseignement américain).

Dette extérieure: plus de 1,8 milliard de dollars.

Forces armées: l'armée haïtienne a été dissoute en 1994. La police compte quelque 2.000 hommes (IISS, 2006).

Haïti: le bilan s'annonce lourd

Le président haïtien René Préval craint des milliers de morts après le terrible séisme qui a frappé Haïti
"Le Parlement s'est effondré ... Des hôpitaux se sont effondrés. Certaines écoles sont remplies de cadavres", a déclaré le chef de l'Etat.

Des corps sans vie ou blessés jonchaient les rues de Port-au-Prince mercredi où de nombreux bâtiments se sont écroulés, dont le Palais présidentiel et l'immeuble abritant l'Onu.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-Moon a souligné que la tragédie exigerait un effort majeur de secours. La Croix-Rouge a déjà lancé des appels aux dons.

Le séisme, de magnitude 7, a ravagé Port-au-Prince, la capitale surpeuplée d'Haïti, un des pays les plus pauvres du monde.

Parmi les immeubles qui se sont écroulés, celui de l'Onu. Le patron de la Mission de paix de l'ONU en Haïti, Hedi Annabi, figure parmi les morts. Le Quai d'Orsay a mis mercredi un numéro d'urgence à la disposition des familles des Haïtiens et d'autres personnes résidant en Haïti : le 01.45.50.34.60. 45.000 Haïtiens résident en métropole et dans les départements et territoires français d'outre-mer. Aucun bilan précis n'est disponible mais, selon des témoins, des centaines de personnes sont prisonnières sous les décombres des immeubles, hôtels et magasins qui se sont écroulés.

Haïti: plus de 100.000 morts, selon le Premier ministre haïtien

Le Premier ministre haïtien Jean-Max Bellerive a affirmé mercredi à la chaîne américaine CNN qu'il craignait que le bilan du puissant séisme qui a frappé son pays mardi ne soit "bien au-dessus de 100.000 morts".

Haïti: témoignages sur une situation tragique

Les témoignages se multiplient sur la situation à Port-au-Prince, la capitale haïtienne victime d'un séisme mardi
Au fil des dépêches d'agences ou des journaux, quelques témoignages recuillis par des journalistes sur place ou par téléphone.

Tous décrivent une situation tragique avant l'arrivée d'une aide internationale indispensable.


Dans la nuit de mercredi à jeudi, l'AFP faisait état des rumeurs qui circulaient parmi les survivants: "Des personnes ont senti de fortes vibrations. Il a fait très froid soudainement. Et des gens annoncent que l'eau monte", racontait une femme. Aucune information ne confirmait ses rumeurs de montée des eaux.

Un autre témoignage, recuilli par l'AFP, pouvait expliquer cette rumeur: "Des gens propagent ce genre de rumeurs fantaisistes pour faciliter le pillage des maisons."

Sur la situation dans la ville: "Ma maison s'est écroulée. Mes deux frères Patrick et Grégory sont morts et on n'a toujours pas trouvé leurs corps", raconte Francesca, 14 ans, assise par terre, un bandana noir sur la tête. "Maintenant, on espère trouver une maison pour dormir. Il n'y a que le bon Dieu qui peut nous aider", clame-t-elle. Avec ses vingt frères, soeurs et cousins, Francesca passe la nuit de mercredi à jeudi sur la place Saint-Pierre, aux côtés de plusieurs milliers d'Haïtiens allongés sur des étoffes de fortunes, couverts de draps blancs.

En début de soirée, une marche de plusieurs centaines de personnes fend ce campement de fortune en chantant à tue tête à "la gloire de Dieu". "En avant les soldats du Christ, la délivrance est tout près", clament-ils en français, tout en se frappant les coudes ou les genoux avec les mains. La procession joyeuse tranche avec un décor de ruines et de cadavres amassés le long des rues. Le récit est d'un correspondant de l'Agence France Presse, Stéphane Jourdain.

Samuel Maxilis, 20 ans, raconte le tremblement de terre de magnitude 7 qui a frappé mardi en fin d'après-midi l'agglomération de la capitale haïtienne. "Des blocs de béton tombaient de partout. Les gens pleuraient. J'ai grimpé comme un chat sur un réservoir pour sauver mes cousines. Ma maison est naze, je ne peux plus vivre dedans", décrit le jeune homme qui se présente comme un "héros" et rêve de partir à Cuba pour étudier la médecine.

Stéphane Jourdain a recueilli d'autres récits: "Les communications ont été rétablies il y a une heure. Je viens d'apprendre que ma soeur et son enfant avaient disparu", explique cette enseignante de 50 ans. "Un bâtiment est tombé sur leur maison. On ne les a pas retrouvés. On ne sait pas si elle est morte. J'attends que le jour se lève pour aller à leur recherche", dit-elle, devant des voitures recouvertes de poussière.

Une autre journaliste de l'AFP, Beatriz Lecumberri, raconte ce qu'elle voit: "Ils ont tout perdu, leur maison, leur vie d'avant, et se sont entassés dans le centre de Port-au-Prince, transformé en immense camp de réfugiés, où des dizaines de milliers de personnes réclament désespérément de l'eau, de la nourriture et des médicaments. Ils se sont installés sur le Champ de Mars, une célèbre avenue de Port-au-Prince, près du Palais présidentiel qui s'est affaissé sous le choc du séisme. Milien Roudy est venu avec son épouse et leurs deux filles. Couchés à même le sol, dans l'un des espaces verts de l'avenue, ils n'ont rien avalé depuis 24 heures. "Haïti est redevenu un pays qui ne connaît pas les fins heureuses", se lamente-t-il. Crasseux, blessés, désespérés, les réfugiés ont fabriqué comme ils le pouvaient des tentes avec des bouts de tissu trouvés ici et là." Son récit se poursuit: "Avec l'aide de ses frères, cet étudiant de 21 ans s'est livré au pillage d'un supermarché, pour trouver du riz et de l'eau, qu'il distribue au compte-gouttes à ses proches sous les regards envieux d'autres familles qui, pour la deuxième nuit consécutive, n'auront pas de quoi manger."

Beatriz Lecumberri raconte toujours: "Les gémissements d'un bébé résonnent sous les décombres, au milieu d'un groupe d'hommes qui tente de le dégager. Soudain, la terre tremble à nouveau, comme elle l'a fait des dizaines de fois depuis le séisme qui a éventré Port-au-Prince. Les sauveteurs battent en retraite dans un mouvement de panique. Tous, sauf Jeanwell Antoine, qui continue à tenir la main de l'enfant et cherche à le réconforter. 'Ce n'est pas moi qui dégage ces gravats. C'est la main de Dieu qui aime la vie et m'a guidé jusqu'ici pour sauver ce bébé', explique le sauveteur".

"Dans les maisons en ruines, les corps des victimes restent dans la position qui était la leur au moment du drame: un couple surpris pendant la sieste, des petites filles recouvertes de poussière, des femmes presque dévêtues dont les yeux restent ouverts de frayeur. Dans les carcasses de voitures accidentées, des corps carbonisés sont toujours là. Les corps retirés des décombres sont alignés dans les rues, à même le sol, recouverts d'un drap. Une sinistre procession qui tire les larmes des habitants.

"Au secours ! Mon mari est coincé là-dessous. Par pitié, aidez-moi, je sais qu'il est vivant", implore une femme. Rue Saint-Honoré, dans le centre-ville, un homme recouvert de poussière garde depuis le séisme le pied coincé dans une voiture accidentée, entouré de voisins qui ne parviennent pas à le dégager. Sa jambe semble atteinte d'une hémorragie interne. "Il mourra avant qu'on arrive à le tirer de là", murmure Wilson, un étudiant en sociologie qui assiste à la scène, décrite par Beatriz Lecumberri.

A quelques mètres de là, un groupe de femmes chante en tapant dans ses mains. Un air gai qui contraste avec la tristesse des lieux mais leur rappelle qu'elles ont la chance d'être encore en vie. Soudain, une nouvelle réplique du tremblement de terre les remplit de frayeur. "Vous pensez que la Terre pourrait se remettre à trembler aussi fort?", demande l'une d'entre elles. "Dieu seul le sait", obtient-elle pour toute réponse, note la journaliste de l'AFP.

Les journaux ont aussi réuni des témoignages. Ainsi sur lemonde.fr on peut lire: "Dans la rue, les maison ont commencé à se fissurer puis plusieurs bâtiments se sont effondrés. Des dizaines de blessés affluaient de partout dans des états plus ou moins graves. Certains se sont mis à prier, d'autres dévalisaient les magasins. Aujourd'hui, la plupart des gens cherchent à joindre leurs proches. L'heure est au décompte. Il y a d'énormes embouteillages à cause des éboulements. L'électricité n'a pas été complètement rétablie et il n'y a plus d'eau courante parce que les pompes à eau sont en rade."

Sur liberation.fr, le récit de Tania Lemaire, pâtissière à Port-au-Prince: «J'étais dans ma pâtisserie quand la terre a tremblé. J'ai été sauvée par un de mes employés qui m'a dit que c'était un séisme et m'a faite sortir dehors. J'ai dormi dans la rue avec mes voisins, ma famille. Ce matin, j'ai dû marcher deux heures pour rejoindre mon domicile, dans le quartier de Bellemare. Il y avait beaucoup d'édifices effondrés, des maisons penchées. Les routes étaient bloquées, certaines voitures circulaient à contre-sens.En rejoignant les locaux de la radio, j'ai vu beaucoup de cadavres dans les rues: des femmes, des enfants, des jeunes..."

Haïti: les premières victimes françaises recencées

Deux employés d'une entreprise du Cantal spécialisée dans la conception de ponts sont morts lors du séisme en Haïti
"Un ingénieur et un cadre commercial, âgés de 50 et 46 ans, employés dans la société Matière à Arpajon-sur-Cère, sont décédés dans le séisme", a déclaré le directeur administratif de l'entreprise de 250 personnes, M.Blanc.

Il s'agit des deux premières victimes françaises identifiées, alors que plus de 1.000 Français se trouvaient à Port-au-Prince.

"Deux de nos employés sont morts, nous l'avons appris par mail", a dit à Reuters une responsable de l'entreprise. Le Quai d'Orsay n'a pas été en mesure de confirmer cette information.

L'incertitude demeurait jeudi quant au sort des centaines de Français vivant à Haïti, où Paris et les ONG s'efforcent de déployer et coordonner l'aide humanitaire, deux jours après le séisme qui a dévasté le pays.

Entretien Sarkozy - Obama
Le président Nicolas Sarkozy devrait s'entretenir à ce sujet avec son homologue américain Barack Obama, a-t-on appris dans son entourage. Une réunion est prévue à l'Elysée avec plusieurs de ses ministres et le chef du gouvernement François Fillon, afin d'évoquer la situation et l'aide apportée par la France, dans l'immédiat mais aussi en vue de la reconstruction du pays.

Environ 1.500 Français vivent à Haïti, dont 1.200 dans sa capitale Port-au-Prince, qui abrite près de la moitié de la population locale et a été ravagée par le séisme. Plus de 200 d'entre eux sont pour l'instant regroupés non loin de l'ambassade de France, mais beaucoup n'ont pas donné signe de vie, a déclaré le ministre des Affaires étrangères.

"Quatre vingt-onze blessés ont été évacués vers la Martinique dans la soirée", a dit Bernard Koucher lors d'une conférence de presse à la mi-journée à Paris.

Hollywood se mobilise pour les victimes du séisme


Plusieurs vedettes américaines du cinéma et de la chanson se sont mobilisées pour lever des fonds en faveur des victimes
Angelina Jolie et Brad Pitt ont été les premiers à réagir à la catastrophe en annonçant un don d'un million de dollars en faveur de l'organisation Médecins sans frontières.

George Clooney va quant à lui présenter un téléthon la semaine prochaine sur MTV, a annoncé la chaîne musicale jeudi.



L'émission, à laquelle devraient participer des célébrités de la musique et du cinéma, sera retransmise sur toutes les chaînes du réseau le 22 janvier.

De son côté, l'actrice Alyssa Milano, ambassadrice de l'Unicef, s'est servie de son blog sur le site du Huffington Post pour appeler à la contribution des entreprises américaines.

L'argent qu'elle espère récolter servira à l'achat de fournitures médicales, de bâches, de nourriture et de purificateurs d'eau.
"J'ai pleuré et ensuite je me suis dit qu'il n'y avait qu'une chose à faire... J'ai signé un chèque de 50.000 dollars à l'Unicef", écrit-elle sur son blog.

Le musicien haïtien de hip-hop Wyclef Jean a lancé une campagne pour lever des fonds en faveur de son association. Il a demandé à ses fans de donner chacun cinq dollars en envoyant un message texte à partir de leur téléphone portable.
Jean a déjà récolté un million de dollars, selon son site yele.org.

La chanteuse Shakira, récompensée par un Grammy Award, a elle aussi appelé ses admirateurs à ouvrir leur portefeuille et à faire des dons, soit à l'Unicef, soit à la fondation de Wyclef Jean.

Chris Martin, chanteur du groupe anglais Coldplay, a incité ses fans à envoyer leurs dons à l'association Oxfam, dont l'ambassadrice, l'actrice Scarlett Johansson, a sollicité des contributions.

La présentatrice vedette Oprah Winfrey a relayé ce message de soutien lors de son émission, en proposant aux spectateurs d'envoyer des fonds à la Croix-Rouge.

L'acteur Ben Stiller, qui s'est mobilisé pour une école à Ceverine en Haïti via l'association Save the Children, a lui aussi lancé un appel lors de l'émission "Larry King Live" sur CNN. Les téléspectateurs américains étaient invités à envoyer des messages textes dont le montant de 10 dollars serait inscrit sur leur prochaine facture de téléphone.

La première dame des Etats-Unis, Michelle Obama, a relayé cet appel à des dons par SMS qui ont permis de récolter 5,9 millions de dollars au profit de la Croix-Rouge jeudi soir.

Enfin, le septuple vainqueur du Tour de France, Lance Armstrong, a annoncé que sa fondation LiveStrong va donner 250.000 dollars à MSF et à l'association Partners in Health fondée par le professeur d'Harvard, Paul Farmer.

40.000 à 50.000 victimes; 300.000 sans abri

France 3 Entre 40.000 et 50.000 personnes ont péri dans le séisme, selon la Croix-Rouge
Ce sont les premiers chiffres officiels donnés, jeudi à Panama, par Xavier Castellanos, directeur pour les Amériques de la Fédération internationale de la Croix-Rouge.

Selon l'Onu, 300.000 personnes ont perdu leur
logement à Port-au-Prince, la capitale haïtienne, où 10% des habitations ont été détruites dans le séisme de mardi.


Toujours, selon l'Onu, 3,5 millions de personnes vivent dans les zones dévastées.

"Les chiffres les plus importants sont ceux qu'a mentionnés le gouvernement (de Haïti) et le gouvernement de Haïti parle de 40.000 à 50.000 morts", a déclaré jeudi Xavier Castellanos, de la Croix-Rouge, dont l'organisation tient actuellement ses assises pour les Amériques au Panama. Selon lui, "la magnitude du séisme (7) indique qu'il pourrait y avoir un nombre important de morts et que le chiffre indiqué par le gouvernement haïtien n'est pas loin de la vérité".

"Il y a une quantité énorme de blessés graves qui se trouvent dans des hôpitaux mais aussi beaucoup qui n'ont pas réussi à se rendre dans des cliniques ou des centres de soins", a-t-il poursuivi.

On peut estimer à 200.000 le nombre de familles ayant perdu leur maison dans la zone de Puerto Principe, la plus touchée de la capitale haïtienne, et beaucoup d'entre-elles ont fui en République Dominicaine proche, selon Xavier Castellanos. L'Onu parle de 300.000 personnes.


Le président haïtien René Préval a indiqué que quelque 7.000 victimes du séisme avaient déjà été inhumées. "Nous avons déjà inhumé 7.000 victimes dans une fosse commune", a dit le président à des journalistes à l'aéroport où il accompagnait son homologue de République Dominicaine, Leonel Fernandez, premier chef d'Etat à se rendre en Haïti depuis le tremblement de terre dévastateur.

L'ancien président Aristide prêt à revenir

Exilé en Afrique du Sud, l'ancien président haïtien s'est dit prêt vendredi à rentrer chez lui pour apporter son aide
"En ce qui nous concerne, nous sommes prêts à partir aujourd'hui, demain, à tous moment, pour rejoindre le peuple haïtien, pour partager ses souffrances et reconstruire le pays, sortir de la pauvreté avec dignité", a-t-il déclaré à la presse, sans parvenir à retenir ses larmes.

Ses amis à travers le monde le monde, a-t-il poursuivi, sont prêts à affréter un avion pour lui permettre de rentrer avec du matériel de secours.

Après des décennies de dictature Duvalier, Jean-Bertrand Aristide est devenu en décembre 1990 le premier président élu du pays, mais fut renversé par un coup d'Etat militaire le 30 septembre 1991.

En 2000, cet ancien prêtre catholique accède une nouvelle fois à la magistrature suprême, avant d'être contraint à l'exil quatre ans plus tard sous la pression d'une grande partie de la population et de la communauté internationale.

Nicolas Sarkozy annonce une conférence sur Haïti

France et Etats-Unis vont travailler sans délai à la préparation d'une conférence internationale sur Haïti
Nicolas Sarkozy a annoncé jeudi soir qu'avec Barack Obama, il allait préparer une conférence pour la reconstruction et le développement d'Haïti, avec aussi le Brésil, le Canada et d'autres pays directement concernés.

Le président français avait appelé une telle conférence de ses voeux plus tôt dans la journée.


Les présidents américain et français se sont entretenus jeudi et ont convenu de la nécessité de coordonner l'aide internationale pour les victimes du séisme, a indiqué la Maison Blanche. Le président français doit également s'entretenir avec son homologue brésilien, Lula, et le Premier ministre canadien, Stephen Harper.

A l'issue d'une réunion interministérielle à Paris, Nicolas Sarkozy avait appelé jeudi à une "conférence" internationale pour "la reconstruction et le développement" d'Haïti.

Le chef de l'Etat a également annoncé l'envoi de deux navires militaires, dont l'un sera doté d'équipements chirurgicaux.

Lors d'une déclaration à la presse, le chef de l'Etat a appelé à une "grande conférence" pour la reconstruction d'Haïti. Selon lui, la catastrophe haïtienne serait l'occasion d'une reconstruction globale du pays.

"Haïti n'a pas vocation à un être un pays martyr. Cette nouvelle tragédie peut être la dernière si la communauté internationale se mobilise pour aider ce pays" a-t-il encore dit.

Nicolas Sarkozy a d'autre part indiqué que le navire Francis Garnier, actuellement "en alerte à Fort-de-France", en Martinique, dans les Antilles françaises, allait "faire route vers Port-au-Prince". Il a ajouté que le navire Sirocco, actuellement à Dakar, se rendrait également en Haïti. Ce bâtiment est équipé en particulier de "deux plateaux de chirurgie".

Au total, 400 personnels de la sécurité civile seront sur place "sous les 48 heures", a-t-il dit.

Le chef de l'Etat a précisé qu'il se rendrait "dans les semaines qui viennent" à Haïti à l'occasion d'une visite qui était déjà prévue en Martinique et en République dominicaine.

René Préval : "Merci à la France!"


Le président haïtien a remercié chaleureusement la France samedi pour l'envoi rapide de sauveteurs sur place
"Merci à la France! C'est le premier pays qui a débarqué avec des sauveteurs", a lancé M.Préval lors d'une rencontre à l'aéroport avec le secrétaire d'Etat français à la Coopération Alain Joyandet.

Vendredi, 30 Haïtiens avaient déjà été dégagés par les sauveteurs français à Port-au-Prince, sans compter les étrangers secourus à l'hôtel Montana.

Au total, 100 sauveteurs de la Sécurité civile et une soixantaine de gendarmes sont à pied d'oeuvre dans la capitale haïtienne. Cent-vingt-cinq personnels supplémentaires de la Sécurité civile ont été envoyés vendredi après-midi, pour assurer notamment une mission de production d'eau et d'électricité.

"Les moyens civils et militaires mis en place par la France ont permis d'acheminer 240 personnels de la sécurité civile et de la gendarmerie, dont 180 par les avions militaires en six rotations, et 30 tonnes de fret dont 15 par avions militaires. De plus, 239 ressortissants, dont 42 blessés, ont été rapatriés aux Antilles par avions militaires", a indiqué samedi le ministère français de la Défense.

Concernant les navires, dont Nicolas Sarkozy avait annoncé jeudi le déploiement, le bâtiment de transport et ravitaillement léger Francis Garnier a quitté vendredi la Martinique pour rallier Haïti via la Guadeloupe, où il a complété dans la nuit son chargement de fret humanitaire (notamment 700 tentes et du fret au profit de la Croix Rouge). Il a aussi embarqué des engins de terrassement.

Le navire Sirocco, qui était au large des côtes sénégalaises, a commencé à rallier Haïti vendredi. Disposant de capacité médicale (deux blocs chirurgicaux et 50 lits d'hospitalisation), de transport de fret (2.000 tonnes) et passagers (2.000), il emporte également quatre hélicoptères (deux Puma, deux Gazelle), a rappelé le ministère.

Haïti : les secours tentent d'accélérer la cadence

Les hélicoptères américains accélèrent la cadence de distribution de l'aide à Port-au-Prince dimanche
C'est insuffisant pour calmer la population affamée qui continue à dévaliser les magasins, alors que les secours arrivent peu à peu dans les autres villes dévastées.

Arrivé vendredi dans la baie de la capitale haïtienne, le porte-avions Carl Vinson a pris le relais samedi de l'aéroport Toussaint Louverture, toujours saturé.


La vingtaine d'hélicoptères de l'immense base flottante multiplie les rotations, allant chercher des vivres à l'aéroport pour ensuite les acheminer à travers l'agglomération de 2,8 millions d'habitants.

Largage dans le centre-ville de premières rations alimentaires
Pour la première fois depuis le séisme de mardi qui aurait fait plus de 50.000 morts, l'un des appareils a procédé samedi à un largage dans le centre de la ville, jetant dans le stade Delmas une demi-douzaine de petits cartons de rations alimentaires.

L'hélicoptère est reparti aussitôt, au grand dam des sinistrés, raconte l'AFP. "Je pensais qu'ils viendraient vraiment nous aider", se désolait un père de famille, qui dort dans le stade depuis la catastrophe. Un autre hélicoptère s'est posé sur les hauteurs de la capitale, dans une clairière cernée par la foule et sécurisée par des soldats américains de la 82ème division aéroporté. En cinq minutes, les cartons ont été déchargés.

Des coups de feu pour disperser une foule affamée
Toujours selon l'AFP, les coups de feu claquent de plus en plus souvent dans les rues. Pour disperser les Haïtiens qui se ruent dans les bâtiments en ruines pour aller chercher de l'eau et de la nourriture, les policiers tirent en l'air.

Les recherches continuent, la chaleur aggrave la déshydratation des survivants
Au milieu de ce désordre, les recherches se poursuivent. "Les 72 premières heures sont décisives. Après ça, les chances de retrouver des survivants sont très minces", note toutefois un secouriste espagnole. Les sauveteurs redoutent surtout la chaleur qui accélère la déshydratation des personnes coincées ou des survivants.

Le dernier bilan des autorités haïtiennes fait état de 50.000 morts, 250.000 blessés, 1,5 million de sans-abri.

Premiers convois d'aide hors de Port-au-Prince
Les secours commencent également à mettre cap au sud-ouest de la capitale, vers l'épicentre du séisme. Un premier convoi d'aide est notamment arrivé samedi à Léogâne, ville de 134.000 personnes située à 17 km de Port-au-Prince. Des villas coloniales à l'église, en passant par les petites cabanes de plage, plus rien ou presque n'est debout. 90% des bâtiments ont été détruits, selon l'ONU.

Carrefour, une ville de 334.000 habitants, également proche de l'épicentre du séisme, est à moitié détruite, tout comme Jacmel, a indiqué l'ONU. "Le gouvernement a perdu ses capacités de fonctionnement mais il ne s'est pas effondré", a assuré à l'AFP le président René Préval qui doit accueillir dimanche le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon.

Samedi, ce dernier a confirmé la mort du chef de la mission des Nations unies en Haïti , Hedi Annabi, lors du séisme, alors que le Mexique a annoncé que le Conseil de sécurité de l'ONU se réunira lundi pour étudier la situation en Haïti .

Avant de regagner son avion pour Washington, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton s'est adressée samedi aux Haïtiens: les Etats-Unis resteront à vos côtés "aujourd'hui, demain et à l'avenir", a-t-elle lancé, visiblement marquée.

Le bilan des victimes françaises en Haïti s'alourdit


Le décompte macabre des victimes françaises dans le tremblement de terre qui s'est produit mardi en Haïti fait désormais état de douze morts. Mais les autorités françaises ont de "grandes craintes" pour une trentaine de Français, portés disparus, a déclaré samedi soir Alain Joyandet, secrétaire d'Etat à la Coopération.

Alain Joyandet a toutefois estimé que la communauté française avait été "miraculeusement épargnée pour les expatriés, avec un lycée français (600 personnes) qui est resté debout, une ambassade où les employés qui travaillaient ont été évacués à temps, une résidence (de l'ambassadeur) rasée mais vide".

Pour toutes les familles inquiètes, deux numéros ont été mis en place : le 01.45.50.34.60 et le 0.810.006.330.

Près de 300 ressortissants français ont pu être évacués de Port-au-Prince vers la Martinique. Vendredi, 54 rescapés du séisme d'Haïti sont arrivés à l'aéroport d'Orly, où ils ont été accueillis par Bernard Kouchner. Le Quai d'Orsay a continué le rapatriement des Français rescapés du séisme samedi.

Les enfants haïtiens qui étaient en voie d'adoption par des Français ne seront pas transférés en urgence en France, a par ailleurs annoncé samedi le ministère des Affaires étrangères français. "Le rapatriement de l'ensemble des mineurs haïtiens pour lesquels une procédure d'adoption a été engagée par des candidats français n'est pas envisagé", dit le Quai d'Orsay. Les dossiers seront rouverts dès que la situation le permettra, dit-il.

Quelque 1.400 Français sont recensés en Haïti, dont 1.200 à Port-au-Prince. (source Europe 1/AFP/Reuters)

Le récit du séisme par l'écrivain Michel Le Bris

Nous avons joint ce lundi en Bretagne l'écrivain Michel le Bris, qui était en Haïti lors du séisme
Il s'y était rendu pour la deuxième édition d'Etonnants voyageurs, déclinaison, dans cette île caribéenne du Festival de Saint-Malo, qu'il a créé et qu'il dirige.

Voici le récit des trois journées qu'il a passées en Haïti, à partir du mardi 12 janvier.


MARDI 12 JANVIER - PORT-AU-PRINCE (HAITI)
"Nous étions arrivés, ma fille et moi, le dimanche soir à Port-au-Prince avec trois personnes de mon équipe pour préparer le Festival Etonnants voyageurs qui démarrait le 14 janvier. Nous sommes descendus à l'hôtel Karibé. Toute l'équipe était à l'hôtel, y compris les écrivains Dany Laferrière et Rodney Saint Eloi.

Ce mardi, en attendant la voiture qui devait passer nous prendre à 17h30 pour l'organisation du festival, j'étais en train de travailler dans ma chambre, ma fille également. Deux membres de l'équipe, ainsi que Dany Laferrière étaient sur la terrasse.

Quand la terre a tremblé, vers 16h50, j'ai eu l'impression d'avoir vu le poste de télévision, que je regardais depuis cinq minutes, bondir vers moi, juste avant la première explosion. C'était sûrement faux, ça devait être simultané. J'ai cru à une explosion, puis j'ai compris que c'était un tremblement de terre. Tout s'est mis à danser. J'ai sauté sur mon ordinateur pour sauver les mille pages de mon prochain bouquin ("Le dictionnaire amoureux de l'exploration"...).



Pendant le séisme, alors que tout tremblait, je me suis mis à chercher éteindre mon ordinateur avec ma souris -et je me souviens encore quà ce moment-là s'est affiché le message : voulez-vous vraiment éteindre votre ordinateur? Il n'y avait plus d'électricité, je suis sorti dans le noir entre les blocs écroulés et j'ai retrouvé tout le monde. Nous sommes allés dans la rue, avec des poteaux à haute tension qui dansaient devant nous et menaçaient de s'écrouler. J'ai eu le temps de passer quelques coups de fil pour prévenir ma femme et pour dire aux écrivains qui devaient nous rejoindre de France que ce n'était pas la peine d'aller à Orly.

Je craignais que les communications ne soient rapidement coupées, ce qui a été le cas juste après : même les liaisons satellite ont été interrompues.

L'hôtel était sur les hauteurs, on a vu monter des profondeurs de la vallée une immense clameur, puis un silence effarant.

On ne pouvait pas rester dans la rue. Un Américain a dit : il y a un court de tennis de l'autre côté de l'hôtel. Du personnel est arrivé avec des couettes. Celles-ci nous ont aidés à dormir à même le sol. La nuit était chaude, peut-être à cause de toute l'énergie dégagée par le séisme. On n'a pas beaucoup dormi cette nuit-là, on a compté les secousses : sauf erreur, il y en a eu 43 au total.

MERCREDI 13 JANVIER - PORT-AU-PRINCE (HAITI)
Le lendemain, on a récupéré de l'eau. Le personnel de l'hôtel était là, alors que leurs maisons s'étaient écroulées. Ils ont fait fonctionner un groupe électrogène. On a réussi à faire passer des SMS en France, où l'équipe d'Etonnants Voyageurs a collecté les informations.

Sabine Sauval, la femme du responsable culturel de l'ambassade, Alain Sauval, était avec nous, folle d'inquiétude parce qu'elle ne savait pas ce que son mari était devenu. Il est arrivé dans la matinée, ainsi que Lyonel Trouillot (auteur du formidable "Yanvalou pour Charlie"), un des grands écrivains haïtiens qui habite à Port-au-Prince et qui était sain et sauf.

Malgré ses difficultés à marcher, Lyonel Trouillot avait parcouru la ville pour retrouver les auteurs qui devaient être présents au festival -tous vivants, sauf Georges Anglade. Il nous a raconté le spectacle des immeubles et de la cathédrale effondrés.

Autour de nous, les gens était calmes, incroyablement solidaires. A côté de l'hôtel, il y avait un immeuble effondré. Et les sauveteurs, c'étaient les gens de l'hôtel, qui ont réussi à sauver une petite fille. Il faut le dire et le redire, les premiers sauveteurs, c'étaient les Haïtiens, qui déblayaient avec rien, à mains nues, au mieux avec des marteaux.

La veille, à l'hôtel, il devait y avoir une réception de 150 personnes le soir. Le cuisinier a récupéré les petits fours, et des bonbonnes. On s'est inquiété dans la soirée en voyant des nuages, craignant que la pluie n'aggrave encore la situation, mais heureusement, il n'a pas plu. On a passé la deuxième nuit sur des matelas récupérés dans l'hôtel, toujours sur le court de tennis. On n'était pas forcément en sécurité, on pouvait éventuellement craindre les pillages. Ceci dit, on voit dans les journaux une litanie choquante sur les pillages alors qu'on a surtout vu des gens calmes, courageux, solidaires. On se demande ce que feraient les gens, en France, s'ils voyaient leurs gosses en train de mourir de faim avec de la nourriture à côté, dans des magasins effondrés.

JEUDI 15 JANVIER PORT-AU-PRINCE (HAITI) / GUADELOUPE
Il y avait encore eu des secousses dans la nuit. Le matin, le cuisinier de l'hôtel est arrivé avec du café chaud -c'est incroyable comme c'est réconfortant dans des circonstances pareilles. Il avait aussi récupéré un peu de viande. Alain Sauval nous a alors averti qu'il y avait un vol dans l'après-midi pour la Guadeloupe. Dany Laferrière, qui est Canadien, était déjà parti. Dans l'après-midi du jeudi, on s'est retrouvé dans la résidence de l'ambassade de France. C'était la plus belle maison de Port-au-Prince, elle a été totalement détruite. Les militaires sont arrivés et on est parti à bord d'un Airbus en Guadeloupe. Là on nous a installés dans un Pierre et Vacances.

VENDREDI 16 JANVIER -GUADELOUPE
Au matin, c'était comme dans une carte postale, avec des gens dans la piscine. On avait l'impression d'être des Martiens. On est venu nous chercher pour nous ramener à Paris. On avait vécu des jours qui ont paru des éternités.

LUNDI 18 JANVIER - BRETAGNE
J'ai été impressionné par la force morale des Haïtiens, dont beaucoup étaient scandalisés par ces "chiens de journalistes" -je cite- qui ne pensent qu'à prendre des photos de gosses en sang.

Les Haïtiens, je les ai trouvés formidables. Non, ce ne sont pas des hordes de sauvages qui se déchirent. Les gens font au mieux, ils s'organisent. Il faudrait quand même rappeler que cette patrie, on l'a assassinée. Les Haïtiens sont les premiers qui se sont libérés de l'esclavage en 1791. On leur a fait payer, au sens propre : 150 millions de francs or de l'époque. On a assassiné ce pays qui ne s'en est jamais remis et qui était l'île la plus riche de toute la Caraïbe. Ils n'ont jamais pu s'en relever. Quand j'entends les commentateurs parler de fatalité, j'ai envie de les étrangler. On ferait mieux de parler de la formidable créativité d'Haïti. Voyez le nombre de prix littéraires décernés aux écrivains haïtiens, en France, au Canada et ailleurs. Et c'est pareil en peinture, en musique. Un exemple ? Après le séisme, il y a des gens qui venaient remercier Dany Laferrière d'avoir écrit son livre, "L'énigme du retour" (prix Médicis 2009) . Dany leur disait que ça ne comptait pas en un moment pareil. Si, lui a-t-on répondu, c'est important pour nous, c'est important pour l'île. La création artistique, c'est ce qui fait tenir Haïti.

Lyonel Trouillot, Dany Laferrière et moi on s'est dit que ce festival des Etonnants voyageurs en Haïti, on le fera. D'abord à Saint-Malo, où l'on parlera beaucoup d'Haïti, puis à Port-au-Prince, dès que ce sera possible. On le fera.

Le gouvernement haïtien annonce 110.000 morts

Le bilan du séisme du 12 janvier atteint désormais 110.000 morts, a annoncé le gouvernement haïtien vendredi
Le précédent bilan officiel faisait état de 75.000 morts et 250.000 blessés.

Dans ses derniers chiffres officiels, le gouvernement haïtien fait également état de 190.000 blessés et 55.000 familles sinistrées. L'Onu estime pour sa part que 3 millions de personnes ont été touchées, au total, par la catastrophe.


Les militaires américains avaient estimé de leur côté que le nombre de morts pourrait atteindre 150.000 à 200.000, précisant qu'il s'agissait d'une "hypothèse de travail".

Le ministère haïtien de l'intérieur a précisé vendredi, dans son bilan détaillé, que 111.499 personnes avaient trouvé la mort, 193.891 avaient été blessés, que plus de 55.000 familles étaient sinistrées et que près de 610.000 personnes avaient été hébergées dans 500 camps installés dans des endroits de fortune, la plupart du temps sur des places publiques et dans des terrains vagues. Plus de 11.000 habitations ont été détruites et 32.000 endommagées.

Outre la capitale Port-au-Prince, des villes aux alentours ont été presque entièrement détruites, comme Léogâne, dont 80 à 90 % des bâtiments sont à terre.

Un plan Marshall de 10 milliards de dollars ?
Pour pallier à ce drame total, la première réunion internationale sur Haïti qui s'est réunie le 19 janvier à Saint-Domingue, a estimé les besoins d'aide internationale à 10 milliards de dollars. "Nous avons vu que Haïti allait peut-être avoir besoin d'environ 2 milliards de dollars par an (...) sur cinq ans", a déclaré le président dominicain Leonel Fernandez, hôte de la réunion. Cet argent est nécessaire pour rebâtir et renforcer les institutions du pays.

Dons oui, mais pas sans contrôle, selon le président dominicain. "Il faut une autorité centrale en Haïti qui chapeaute le soutien qui est en train d'arriver pour que l'aide humanitaire apporte l'effet souhaité". Il plaide donc pour "une convergence au plan international" et "une coordination interne" pour en assurer le contrôle, ce qui passe par le renforcement de l'autorité centrale en Haïti.

Les participants à cette réunion ont également proposé d'évaluer l'impact économique du séisme et d'établir une liste des priorités. Leonel Fernandez a ainsi proposé que le montant des dettes de son pays (République dominicaine) soit affecté à un fond pour Haïti, une fois payées. La France, elle, va plus loin, et demande l'annulation pure et simple du restant de la dette d'Haïti au Club de Paris qui regroupe les principaux créanciers publics. Selon Bercy, Haïti a accumulé en 2009 une dette de plus d'un milliard de dollars.

La prochaine réunion d'aide est organisée à Montréal le 25 janvier.

Le gouvernement haïtien met fin aux recherches

Les recherches de personnes ensevelies sont déclarées finies, alors que de nouveaux rescapés ont été découverts vendredi
"Le gouvernement a déclaré terminée la phase de recherches et de secours", a indiqué samedi le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'Onu. "Il y a eu 132 vies sauvées par les équipes de secours internationales."

Vendredi, un homme de 22 ans et une femme de 84 ans ont été sortis vivants des décombres de Port-au-Prince.

Le jeune homme a été secouru dans un bâtiment situé non loin du palais présidentiel par une équipe de sauveteurs israéliens. Il a été transféré dans un état stable à l'hôpital de campagne de l'armée israélienne en Haïti.

Un peu plus tôt, toujours vendredi, une Haïtienne de 84 ans, Marie Carida Roman, avait été extraite vivante par des amis, des ruines de sa maison dans la capitale. Elle est restée 10 jours coincée sous les décombres. "J'essaye de trouver comment l'aider à survivre. Sa cage thoracique est enfoncée et elle a beaucoup de vers" sur le corps, a expliqué Ernest Benjamin, un secouriste, venu du Sinai Hospital de New York. "Ca vaut vraiment le coup de tout essayer pour la sauver", a-t-il ajouté. La vieille dame a été transportée immédiatement à l'hôpital général de Port-au-Prince, puis, en hélicoptère, vers un navire hôpital de l'armée américaine au large des côtes haïtiennes.

Ces sauvetages ont porté à au moins 132 le nombre de personnes tirées des décombres depuis le violent séisme qui a fait au moins 111.000 morts le 12 janvier.

Ces notes d'espoir ne doivent cependant faire oublier la réalité du drame. Ainsi, des habitants du centre de Port-au-Prince ont commencé à incinérer en pleine rue les cadavres de victimes du séisme du 12 janvier qui n'avaient pas été ramassés. "Nous avons décidé de les brûler. Personne ne venait les ramasser, ça puait", a expliqué à l'AFP Hored Stanley, riverain de la rue du Centre, située en plein coeur de la capitale haïtienne. Sur un mur adjacent, quelqu'un a peint les mots "Adieu à" suivis d'une douzaine de noms de victimes. "Ce sont les noms des morts. Nous sommes vivants, mais c'est comme si nous étions morts", a lancé Hored.

L'exode
Par familles entières, avec enfants en bas âge et vieillards en chaise roulante, des dizaines d'Haïtiens attendaient vendredi à Port-au-Prince un des 34 cars gratuits promis par le gouvernement pour leur permettre de quitter la capitale en ruines. Depuis le séisme, les autocars publics, peints de couleurs vives, couverts de slogans religieux et de messages romantiques, ont transporté hors de Port-au-Prince des centaines de personnes sur des routes dévastées. Ils étaient encore pleins vendredi, avec des bagages ou d'autres possessions empilés sur leurs toits. Mais présence de ces cars, payants, à côté des cars gratuits du gouvernement, ajoutait à la frustration de certains.

Un Haïtien sauvé après 11 jours sous les ruines

Malgré l'annonce de la fin des recherches, des secouristes français ont réussi à sortir un homme des ruines peu après sa localisation samedi. L'ambassadeur de France en Haïti a salué l'événement comme "extraordinaire" et "incroyable".

Une équipe de secouristes français a réussi samedi à Port-au-Prince à sortir un homme vivant des décombres où il avait été découvert onze jours après le violent séisme qui a frappé Haïti. L'homme a été emporté sur un brancard, tandis que l'équipe de secouristes français, et des secouristes américains et grecs également présents, étaient applaudis par la foule.

"Ce qui s'est passé est extraordinaire. Il a résisté pendant 11 jours, ce qui est particulièrement incroyable", a commenté Didier le Bret, ambassadeur de France à Haïti. "Officiellement la fin des sauvetages était hier, mais parce que les sapeurs pompiers sont des gens obstinés, ils sont venus quand on les a appelés", a ajouté le diplomate français.

L'annonce du sauvetage de cet homme est intervenue alors que le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU a annoncé à Genève que "la phase de recherches et de secours" des survivants s'était officiellement achevée vendredi. Un porte-parole des Nations unies, Vincenzo Pugliese, a cependant précisé samedi à Port-au-Prince que "cela ne signifiait pas que les opérations de recherche s'étaient arrêtées".

Soixante-deux équipes étrangères sont toujours à Port-au-Prince où 133 personnes ont désormais pu être dégagées des décombres depuis le 12 janvier. Vendredi, un jeune homme de 22 ans et une femme de 84 ans avaient également été retrouvés vivants. (source AFP)

Une réunion à Montréal pour la reconstruction

Les "pays amis" d'Haïti organisent lundi à Montréal une réunion d'urgence pour organiser l'aide et la reconstruction
Le Premier ministre haïtien Jean-Max Bellerive va participer aux travaux, aux côtés de la secrétaire d'Etat US Hillary Clinton, du chef de la diplomatie français Bernard Kouchner et de représentants de l'Espagne, du Japon et de pays latino-américains.

Ils doivent notamment fixer le lieu et la date d'une prochaine conférence des donateurs.

La réunion de Montréal a pour objectif de "déterminer en collaboration avec le gouvernement haïtien des priorités-clés pour établir un plan d'action", a indiqué le ministre canadien des Affaires étrangères Lawrence Cannon.

Avant de chercher à esquisser une vision d'avenir, les participants commenceront par "comparer leurs notes" pour faire le bilan de la situation, après le séisme du 12 janvier qui a fait 150.000 morts, selon le dernier bilan, et des centaines de milliers de sans-abri.

A quelques heures de la réunion, l'organisation humanitaire Oxfam les a appelés à s'entendre sur un effacement de la dette internationale d'Haïti qui s'élève à 890 millions de dollars (630 millions d'euros).

Un homme retiré vivant des décombres
Un homme a été retiré vivant mardi d'un immeuble écroulé à Port-au-Prince, deux semaines après le séisme
L'homme, âgé de 31 ans selon les sauveteurs, a une jambe cassée
et souffre de déshydratation. Il a également été blessé au visage.

Le sauvetage a eu lieu rue du Miracle, dans le centre de la capitale haïtienne, a rapporté un correspondant de Reuters. Le précédent rescapé, un homme de 35 ans, avait été secouru samedi.

L'homme secouru mardi "était enseveli sous les décombres depuis 12 jours", a rapporté l'armée américaine. Il a pu être piégé dans les ruines après l'une des nombreuses répliques du tremblement de terre.

Ce sauvetage intervient alors que les efforts se concentrent désormais sur l'aide aux centaines de milliers de survivants affamés, sans abri et parfois blessés.

La terre a encore tremblé à deux reprises mardi en Haïti. Selon l'Institut géophysique américain, la secousse était d'une magnitude de 4,4. Celle du 12 janvier, qui a fait au moins 150.000 morts, était de magnitude 7. Depuis plus d'une cinquantaine de répliques ont secoué l'île.

Une jeune femme sauvée des décombres


Une jeune fille de 16 ans a été retrouvée vivante sous les décombres mercredi à Port-au-Prince
"Elle était dans une poche entourée de béton", au Carrefour-Feuilles, dans le centre de la capitale, selon un sauveteur.

Mardi, un homme avait été retiré vivant d'un immeuble écroulé à Port-au-Prince, deux semaines après le séisme L'homme, âgé de 31 ans selon les sauveteurs, a une jambe cassée et souffre de déshydratation.

Le sauvetage a eu lieu rue du Miracle, dans le centre de la capitale haïtienne, a rapporté un correspondant de Reuters.

L'homme secouru mardi "était enseveli sous les décombres depuis 12 jours", a rapporté l'armée américaine. Il a pu être piégé dans les ruines après l'une des nombreuses répliques du tremblement de terre.

Ce sauvetage intervient alors que les efforts se concentrent désormais sur l'aide aux centaines de milliers de survivants affamés, sans abri et parfois blessés.

La terre a encore tremblé à deux reprises mardi en Haïti. Selon l'Institut géophysique américain, la secousse était d'une magnitude de 4,4. Celle du 12 janvier, qui a fait au moins 150.000 morts, était de magnitude 7. Depuis plus d'une cinquantaine de répliques ont secoué l'île.

Plus de 200.000 morts dans le séisme

Outre les 200.000 morts annoncés mercredi par le gouvernement, 4000 blessés ont dû être amputés au lendemain du séisme
"Il y a plus de 200.000 personnes clairement identifiées comme étant des personnes qui sont mortes", a annoncé le Premier ministre Jean-Max Bellerive. Le précédent bilan s'élevait à 170.000 morts.

Il a aussi signalé 300.000 blessés admis "soit dans des hôpitaux, soit dans des centres de santé, ou bien dans des centres ambulatoires".

Citant les derniers chiffres en sa possession, Jean-Max Bellerive a précisé que 4000 personnes avaient dû être amputées au lendemain de la forte secousse qui a jeté un million d'Haïtiens dans la rue. Certains Haïtiens ont perdu un membre directement lors de l'effondrement d'un bâtiment. D'autres ont dû subir une ablation après la nécrose d'un organe sur lequel a reposé pendant plusieurs jours une poutre ou un bloc de béton après avoir été ensevelis sous les décombres.

"Il y a plus de 250.000 maisons qui sont détruites", a ajouté le Premier ministre, et "environ une trentaine de milliers d'entreprises commerciales". "En terme de chiffres, c'est un désastre au niveau planétaire", a jugé Jean-Max Bellerive: "Ce sont des chiffres qui sont les plus extrêmes de ces dernières 20 ou 30 années", a-t-il dit, faisant références aux autres désastres survenus dans le monde.

Le président français Nicolas Sarkozy se rendra le 17 février prochain à
Port-au-Prince, alors que la commissaire européenne désignée à l'Aide humanitaire, la Bulgare Kristalina Georgieva, a promis qu'Haïti serait sa "toute première priorité".

La tension monte dans la population
En ville, la tension est montée d'un cran. Plusieurs coups de feu ont été entendus dans la nuit de mardi à mercredi à Pétion-Ville, dans la banlieue de la capitale Port-au-Prince, où 300 Haïtiens ont manifesté mercredi matin devant la mairie, dans une atmosphère tendue, pour réclamer nourriture, travail et la possibilité pour les enfants de retourner à l'école.

Mercredi après-midi, un autre rassemblement a réuni environ 200 manifestants à 4 km de l'ambassade des Etats-Unis, criant en créole leur besoin d'aide et bloquant la progression de 4x4 américains et de camions de l'ONU.

De plus, pour la première fois depuis le séisme, des habitants se montraient hostiles
à l'égard des journalistes étrangers, leur demandant de quitter les lieux. Mardi, un photographe a été agressé au couteau et dévalisé, près du marché en Fer, au centre-ville de la capitale.

Les USA veulent alléger la dette d'Haïti

Les Etats-Unis ont plaidé vendredi pour annuler la dette d'Haïti quelques heures avant l'ouverture du G7 au Canada
"Aujourd'hui, nous exprimons notre soutien à une annulation complète de la dette multilatérale d'Haïti", a soutenu le secrétaire au Trésor Timothy Geithner dans un communiqué.

Cette déclaration intervient alors que s'ouvre une rencontre de deux jours des ministres des Finances du Groupe des Sept à Iqaluit, dans le Grand Nord canadien.

Les Etats-Unis "vont travailler en concertation avec leurs partenaires du monde entier pour annuler toute la dette due par Haïti aux institutions internationales" précise le texte publié à Washington.


Un responsable du Trésor avait indiqué mardi que M.Geithner comptait soulever la question de l'allègement de la dette haïtienne au G7. De par leur représentation dans ces organisations, les Etats-Unis ont un fort pouvoir d'influence au Fonds monétaire international, à la Banque mondiale et à la banque interaméricaine de développement, qui détiennent l'essentiel de la dette haïtienne (quelque 900 millions de dollars).

Haïti: un supermarché s'effondre sur une dizaine de pillards

Plusieurs semaines après le séisme, un des plus grands supermarchés d'Haïti s'est écroulé mardi à Port-au-Prince. Le Carribean Market, dont plusieurs étages s'étaient écrasés les uns sur les autres le 12 janvier, s'est effondré sur une poignée de pillards. "Il y avait cinq à huit personnes à l'intérieur du bâtiment. J'essayais de les faire sortir quand tout s'est effondré", a raconté un responsable des opérations de déblaiement du site. Des équipes de secours internationales et l'ONU étaient à pied d'œuvre pour extraire les victimes des ruines. Une au moins est sorti vivante des ruines après l'effondrement.

Un mois après, un survivant du séisme retrouvé à Haïti
Haïti: les 10 Américains risquent la prison pour "enlèvement de mineurs"
Les "orphelins" d'Haïti retrouvent leurs familles
Un mois après, un survivant du séisme retrouvé à Haïti
Evan Muncie se trouvait sous les décombres d'un marché où il vendait du riz. Il explique avoir survécu grâce à de l'eau que lui donnaient des gens à travers les gravats.

Publié le 09/02/2010
Haïti: les 10 Américains risquent la prison pour "enlèvement de mineurs"
Ils avaient tenté d'emmener une trentaine d'enfants hors d'Haïti. Ils ont été inculpés jeudi à Port-au-Prince. Et doivent être jugés en Haïti, a estimé le ministre de la Justice.

Publié le 04/02/2010
Les "orphelins" d'Haïti retrouvent leurs familles
Les 33 enfants haïtiens que des Américains ont tenté d'emmener en dehors d'Haïti sans autorisation, ont commencé à retrouver leurs familles.

Publié le 02/02/2010
Plus d'infos
Ce nouveau drame a replongé les habitants de Port-au-Prince dans l'effroi de la catastrophe alors que l'histoire miraculeuse d'un homme qui semble avoir vécu 27 jours sous les décombres faisait le tour de la ville mardi. Des médecins qui ont soigné Evans Monsigrace, ont affirmé mardi qu'ils pensaient qu'il avait survécu dans les ruines au séisme du 12 janvier qui a fait plus de 200.000 morts. Le jeune homme a été amené lundi à l'hôpital de campagne de l'Université de Miami à Port-au-Prince par sa famille. "Il était très amaigri et avait l'air assez déshydraté", a expliqué un médecin. Le rescapé a été découvert par des ouvriers qui déblayaient des ruines, selon le récit de sa mère. Evans Monsigrace a raconté aux médecins de l'hôpital qu'il avait été enseveli alors qu'il était en train de faire cuire du riz. "Etonnamment, il s'en est sorti après 27 jours. C'est incroyable", a précisé le médecin, précisant que le patient est dans un état stable.

Angelina Jolie sur place
Cette heureuse nouvelle tranche avec les difficultés auxquelles les Haïtiens sont confrontés dans leur vie de tous les jours. Mardi, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a décidé de suspendre la fourniture de médicaments gratuits aux cliniques privées et aux ONG, après des informations indiquant que certains patients devaient payer pour en bénéficier. "On nous a rapporté que des hôpitaux faisaient payer les patients pour leur traitement. Il faut éviter ce type d'abus. Seuls les hôpitaux publics vont continuer à recevoir les médicaments gratuitement", a déclaré la porte-parole de l'OMS. Autre difficulté pour les Port-au-Princiens: trouver un emploi. Le cœur commercial de Port-au-Prince a été transformé en terrain vague. Un grand nombre d'usines et d'édifices administratifs ont été détruits et leurs employés ne peuvent pas retourner au travail. Il n'y a qu'un seul moyen de redresser ce pays, selon Paul Farmer, médecin et émissaire adjoint de l'ONU en Haïti: "des emplois, des emplois, des emplois".

Les dirigeants de pays d'Amérique du Sud se sont retrouvés mardi à Quito pour un sommet consacré à l'aide à Haïti autour du président René Préval. Une nouvelle priorité est apparue mardi: les météorologues d'Haïti, que le séisme a privé de moyens, ont besoin d'aide avant l'arrivée de la saison des pluies et des cyclones, a averti l'Organisation météorologique mondiale (OMM). Le juge haïtien chargé de l'affaire des dix Américains poursuivis pour enlèvement d'enfants a entendu mardi certains de leurs parents haïtiens et plusieurs inculpés. Le père d'un de ces enfants a assuré sous couvert d'anonymat, avoir donné de plein gré son fils de 15 ans "pour des soins médicaux". L'actrice américaine Angelina Jolie, ambassadrice du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés, est quant à elle arrivé mardi en Haïti où elle a rencontré des enfants victimes de la catastrophe.

Jour de deuil en Haïti un mois après le séisme

Vendredi était jour national de deuil à Haïti, à la mémoire des quelque 217.000 victimes du tremblement de terre
Une cérémonie était prévue dans le coeur de la capitale, Port-au-Prince, près du Palais national de la présidence, en ruines, et de la Place du Champ de Mars, transformée en un vaste camp d'abris de fortune pour les rescapés qui n'ont plus rien et vivent dans la rue. Leur nombre total est estimé à environ 1,2 million.


Le gouvernement a annoncé qu'il envisageait d'installer des écrans géants dans certains des autres camps de la ville pour que les sinistrés puissent suivre la cérémonie et rendre hommage à leurs morts, les appelant à se vêtir de blanc ou de noir.

Jeudi, une lourde pluie tropicale, la première depuis le tremblement de terre de magnitude 7, a compliqué davantage la vie de ces habitants réfugiés sous des bâches ou des planches et qui appréhendent l'arrivée de la saison des cyclones. D'autant que la probabilité qu'un ou plusieurs ouragans majeurs frappent les Caraïbes est plus élevée cette année que d'ordinaire, ont averti les météorologues américains, pointant du doigt la vulnérabilité d'Haïti.

Au Champ de Mars, Démosthène Wisler, 23 ans, montrait jeudi son refuge: des piquets surmontés de bâches mal arrimées, sur un sol qui n'était plus qu'une mare de boue. "Nous avons été tout mouillés. J'ai été réveillé et je n'ai pas pu me rendormir", a-t-il expliqué à l'AFP après avoir manifesté pour réclamer des tentes aux autorités.

50.000 familles ont eu des matériaux pour se fabriquer un toit
Quelque 50.000 familles, soit environ 272.000 personnes, ont reçu jusqu'ici des matériaux pour se fabriquer eux-mêmes un toit, selon le Bureau de coordination des affaire humanitaires de l'ONU (Ocha). Les dirigeants de l'UE, réunis à Bruxelles, ont appuyé jeudi le lancement d'une opération d'assistance militaire européenne pour fournir des abris aux sinistrés. Selon Lutz Güllner, porte-parole de la chef de la diplomatie de l'UE Catherine Ashton à l'origine de cette initiative, il faudra "de 10 à 15 jours" pour que l'opération débute sur le terrain. "Le besoin le plus urgent est de fournir des abris. La priorité demeure de sauver des vies humaines et d'aider le peuple haïtien à surmonter ce terrible désastre. La phase d'urgence n'est pas encore terminée", avait indiqué Mme Ashton dans une déclaration écrite.

La Commission européenne a par ailleurs annoncé qu'elle prévoyait d'allouer 90 millions d'euros supplémentaires d'aide humanitaire d'urgence, ce qui porte désormais à 609 millions d'euros l'aide européenne à Haïti. Quant à l'émissaire de l'ONU pour Haïti, l'ancien président américain Bill Clinton, qui avait annoncé la semaine dernière l'arrivée de plusieurs milliers de tentes supplémentaires au cours des prochains jours, il a subi une opération de chirurgie cardiaque jeudi à New York. Il devrait, selon son cardiologue, quitter l'hôpital dès vendredi et pourrait reprendre ses activités lundi.

Appel de fonds record de 1,44 milliard de dollars

L'ONU a lancé jeudi un appel de fonds d'un montant record de 1,44 milliard de dollars
Il s'agit d'aider les 3 millions de personnes touchées par le séisme du 12 janvier, soit 30% de la population d'Haiti.

Cet appel de fonds, censé couvrir les besoins d'aide d'urgence pour 2010, englobe un appel précédent de 577 millions de dollars lancé peu après le sésime, précise le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha).

Près d'un tiers des fonds demandés (480 millions de dollars) sera destiné à acheter de la nourriture, le reste sera réparti entre des secteurs comme les abris provisoires, l'agriculture, l'éducation, la santé, l'hygiène.

Le premier appel d'urgence (de 577 millions de dollars) a déjà été entièrement financé, souligne l'Ocha.

"Nous sommes avec vous, nous allons vous aider à vous redresser et à reconstruire", a dit à l'adresse des Haïtiens le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon. A ses côtés, l'ex-président américain Bill Clinton, qui est son émissaire spécial pour Haïti, a prononcé un vibrant plaidoyer en faveur de l'aide aux Haïtiens. Bill Clinton a tenu à assurer aux donateurs que l'utilisation des fonds recueillis serait "transparente" grâce à l'établissement d'un site internet (HaitiSpecialEnvoy.org) permettant de suivre l'attribution des ressources. "Nous le mettrons à jour quotidiennement (...), vous pourrez voir qui a donné l'argent et à quoi il a été utilisé", a-t-il dit. "C'est le début d'un processus de transparence qui a très bien marché dans la zone du tsunami. Vous avez le droit de me tenir responsable et de demander des comptes", a ajouté M. Clinton.

Le rapatriement d'orphelins haïtiens est suspendu

Aucun enfant haïtien n'a été rapatrié depuis le 11 février, même avec un dossier complet.

Après avoir été accéléré suite au séisme du 12 janvier, le processus de rapatriement et d’adoption d’orphelins haïtiens subit un coup d’arrêt. Les vols de rapatriement sont suspendus depuis une semaine, selon les informations fournies à Europe 1 par deux Françaises qui attendent chacune un enfant et disposent de dossiers d’adoption complets.


Depuis le séisme, de nombreuses demandes d’adoption par des Français ont été accélérées. Depuis le début de cette opération, on comptait en moyenne un avion tous les 3 jours, or depuis une semaine, aucun vol n’a été enregistré.


Une future maman a déclaré à Europe 1 qu’il n’y a "pas d’avions depuis le 11 février" : "C’est bloqué, on ne m’a pas expliqué pourquoi".


"J’appelle régulièrement le service d’adoption international du ministère des Affaires étrangères. Hier, on m’a informé que les rapatriement étaient bloqués, sans donner plus d’explications", témoigne l’une des mères concernées, qui doit adopter une petite fille de 19 mois.


A ce jour 370 enfants ont été rapatriés en France et adoptés. 16 sont encore en Haïti, alors que les dossiers d’adoption sont complets. Une réunion avec les familles adoptantes doit avoir lieu au ministère des Affaires étrangères.


Cette suspension des vols pourrait annoncer la mise en place d’une étape en Guadeloupe ou en Martinique, pour faciliter l’adaptation des enfants à leur nouvelle vie. Cette phase d’acclimatation a été défendue par de nombreux pédo-psychologues, qui la jugent nécessaire après le traumatisme vécu par ces enfants.


La mise en place d’un sas d’adaptation est en cours, dont les modalités restent à définir, selon le secrétariat d’adoption international. (Source Europe 1)