Tournoi des 6 nations

Les Français ont battu l’Ecosse 18-9 à Murrayfield lors de la première journée du Tournoi des Six Nations, grâce à deux essais du centre Mathieu Bastareaud qui a signé un retour au premier plan sous le maillot tricolore, après l’affaire qui avait entouré sa fausse agression en Nouvelle-Zélande lors de la tournée d’été.

Les Français, solides en conquête et en défense, ont donc creusé l’écart en première période par l’intermédiaire de Bastareaud (15e, 34e). Deux pénalités de Morgan Parra (28, 44) ont complété le score. Les Ecossais, qui ne sont que très rarement entrés dans le camp français en seconde période, ont inscrit leurs points par trois pénalités de l’arrière Chris Paterson (10e, 31e, 53e).

A l’issue du match, Marc Lièvremont a indiqué que le groupe de 23 joueurs serait reconduit contre l’Irlande le 13 février, la seule incertitude portant sur Aurélien Rougerie. Ce dernier étant touché à l’épaule droite sur deux plaquages après 5 minutes de jeu. "On a quelques craintes pour Aurélien. Les 22 autres seront reconduits et lui aussi s’il va bien", a-t-il déclaré.


Réactions :
Thierry Dusautoir (capitaine du XV de France) : "C’est globalement positif. On a eu quelques alertes parce qu’on s’est faits transpercer quelques fois pendant la partie, mais on a su rattraper à chaque fois, on n’a pas pris d’essais. On est satisfaits, surtout que les percées qu’ils ont pu réaliser ont été loin de notre ligne."

Mathieu Bastareaud (trois-quarts centre) : "Ca fait toujours plaisir de gagner, de marquer. Maintenant, voilà, ça a été un match assez difficile. Malgré le fait qu’on ait maîtrisé du début jusqu’à la fin, on s’est fait pas mal +percer+ quand même. On est content. Maintenant, il va falloir penser à l’Irlande la semaine prochaine. (A propos du prochain match de l’équipe de France face au XV du Trèfle) Sur l’aspect offensif, en défense, il faut régler des petits détails. Avec Yannick (Jauzion), on n’a pas l’habitude de jouer ensemble, donc c’est difficile, mais on a six jours pour préparer ça et aborder l’Irlande en toute tranquillité. (A propos de sa retenue après la victoire du XV de France) C’est un peu dans ma nature. Le match est fini, je suis un peu fatigué."

Imanol Harinordoquy (3e ligne) : "Je suis très heureux de cette victoire contre une équipe d’Ecosse qui a montré beaucoup de coeur. C’est très dur de jouer contre eux. Ils ne lâchent rien du coup d’envoi jusqu’à la fin."

Sean Lamont (ailier de l’équipe d’Ecosse) : "Ma performance individuelle importe peu. On n’est pas entré dans ce match comme on aurait dû le faire. Au niveau international, il est difficile de revenir avec deux essais de retard. On n’aurait jamais dû encaisser ces deux essais qui étaient un peu des cadeaux. (Mathieu) Bastareaud est un sacré gaillard, mais on va en affronter du même tonneau pendant tout le Tournoi. On aurait dû le gérer mieux que ça. On aurait dû être plus sérieux en défense. Maintenant, il faut se remettre, revoir tout ça, reprendre quelques petites choses et repartir de l’avant contre le pays de Galles."

Les mêmes ... ou presque contre l’Irlande

Aurélien Rougerie et Luc Ducalcon forfaits, Alexis Palisson et Jean-Baptiste Poux ont été appelés en renfort pour défier l’Irlande, samedi au Stade de France. Même si Marc Lièvremont ne souhaitait pas bouleverser son groupe des 23, il devra néanmoins procéder à quelques changements lors de l’annonce du XV de départ mercredi matin.

Pour affronter l’Irlande samedi prochain, Marc Lièvremont souhaitait reconduire le groupe des 23 joueurs victorieux de l’Ecosse. Le sélectionneur tricolore va devoir revoir sa copie après l’annonce de deux forfaits importants. Les premières informations sont tombées mardi avec les forfaits confirmés d’Aurélien Rougerie, qui souffre d’une entorse cervicale, et de Luc Ducalcon, qui a effectué sa première apparition en bleu dimanche. La nature de la blessure de ce dernier n’a pas été révélée. L’ailier clermontois est remplacé par Alexis Palisson (Brive). Jean-Baptiste Poux (Toulouse) est également appelé en renfort.

"La soirée a été studieuse (après le succès sur l’Ecosse, ndlr). La relecture du match a confirmé qu’on avait une équipe de France homogène, solide sur ses bases, entreprenante," a analysé le coach. "Certes, on peut, peut-être, et on va s’y attacher, relativiser la performance de l’équipe d’Ecosse et donc relativiser la performance de l’équipe de France (...) mais j’ai le sentiment qu’on a battu une bien meilleure équipe d’Ecosse avec une bien meilleure équipe de France qu’il y a deux ans".

Conscient que son prochain adversaire -L’Irlande, tenante du titre- devrait être d’un autre calibre, Lièvremont a déjà prévenu ses joueurs sur l’obligation de hausser le niveau de jeu. "On sait qu’il faudra faire plus et mieux" face à l’Irlande qui a battu samedi, l’Italie (29-11). "On sait que le pied gauche de l’arrière Rob Kearney, la vista de l’ouvreur Ronan O’Gara ou du centre Brian O’Driscoll, et la densité de leur paquet d’avants nous causeront d’autres problèmes", a rappelé l’ancien troisième ligne aile du XV de France.

Les 23 Français pour affronter l’Irlande
Avants : Thomas Domingo (Clermont), Sylvain Marconnet (Stade Français), Nicolas Mas (Perpignan), Williams Servat (Stade Toulousain), Dimitri Szarzewski (Stade Français), Pascal Papé (Stade Français), Lionel Nallet (Racing-Métro), Julien Pierre (Clermont), Julien Bonnaire (Clermont), Thierry Dusautoir (Stade Toulousain), Imanol Harinordoquy (Biarritz), Fulgence Ouedraogo (Montpellier), Jean-Baptiste Poux (Stade Toulousain)

Arrières : Morgan Parra (Clermont), François Trinh-Duc (Montpellier),
Frédéric Michalak (Stade Toulousain), Mathieu Bastareaud (Stade Français), Yannick Jauzion (Stade Toulousain), David Marty (Perpignan), Vincent Clerc (Stade Toulousain), Benjamin Fall (Bayonne), Clément Poitrenaud (Stade Toulousain), Alexis Palisson (Brive)

Triple ban pour les Bleus

Brillant de réalisme et d’efficacité en première mi-temps, fébrile ensuite, le quinze de France est en route pour le Grand Chelem après sa victoire au pays de Galles (26-20). Vainqueurs en Ecosse et de l’Irlande, les Bleus enchainent pour la première fois de l’ère Lièvremont une série de trois victoires. En revanche, déjà battus à deux reprises, les Gallois entrent dans une période de doute malgré un finish encore improbable.

Ce 41e déplacement au pays de Galles laissera une drôle d’impression. Les Français ont certes fait un pas de plus vers un Grand Chelem. Un grand pas même. Ils ont montré deux visages. Impressionnante durant les quarante premières, une tornade bleue étouffait les flammes du dragon rouge. Habitués à rater ses débuts de matches dans ce Tournoi, les coéquipiers de Shane Williams ont attendu d’être menés de 20 points pour se réveiller. La suite fut un remake des dernières victoires françaises en 2002, 2004 et 2006 : tendue, serrée, étouffant.

Pourtant, rien ne laissait présager un tel scenario après le récital des 40 premières minutes. Assidus et concentrés, les Bleus affichaient beaucoup de maitrise en conquête : une touche quasi-parfaite et une mêlée destructrice dans les moments clés avec trois pénalités obtenues. Beaucoup de discipline et de vigilance. En défense, la ligne tricolore était capable de subir sans faire de faute sur les rucks ou concéder du terrain. Elle alternait rush défense, montée en deux temps et défense glissée avec une facilité écœurante. Excepté le drop raté François Trinh-Duc en position facile (10e), aucun point ne passait à la trappe. Un froid réalisme transcrit par les interceptions de Palisson (7e) et de Trinh-Duc (40e), 10 points de Parra. Seules quelques erreurs de jeu au pied de Parra (28e) et Poitrenaud (31e) sans conséquence gâchait un plan sans accroc. Le quinze du Poireaux ? Beaucoup de passes et d’allant mais peu d’efficacité. Les brillants solistes Gallois étaient muselés par cette défense protéiforme.

Un air de déjà-vu
A 20-0, certains (rares) pensaient encore que les Gallois pouvaient revenir comme face à l’Ecosse (31-24). Notamment lorsque Stephen Jones inscrivait les premiers points sur les premières grosses fautes française (6-20). Malgré deux ratés de Byrne, interloqué notamment lorsqu’il rendait le ballon sur une pénalité à cinq mètres de la ligne tricolore (55e), les Diables rouges s’élançaient dans l’écriture d’une nouvelle épopée après la légende du Roi Arthur. Comme face à l’Ecosse, le sprint fou d’Halphenny le long de la ligne réveillaient le Millenium.

Beaucoup pénalisés à l’instar du premier acte, les Bleus étaient au bord de l’asphyxie. Au bord de la punition même lorsque Jamie Roberts vendangeait un deux contre un d’école (65e). La libération venait de Michalak, entré en jeu au moment du carton jaune de Morgan Parra (62e). Plein de calme, une pénalité du « pétillant » (dixit Lièvremont) ouvreur Toulousain calmait l’enthousiasme des feux follets rouges. Du moins, quelques secondes. Marc Andreu fêtait à peine sa première sélection (78e) que Shane Williams passait en revue les Français (80e). Plein de sang froid, Michalak envoyait son renvoi en touche pour éteindre l’élan gallois. Un quatorzième succès sur les terres du Roi Uter Pandragon qui ouvre la voie d’un neuvième Grand Chelem.

Film du match
7e : Sur la première séquence de jeu galloise, Palisson monte en pointe pour couper les extérieurs et intercepte une passe sautée de James Hook à hauteur des 50 mètres. Il met le turbo pour marquer au milieu des poteaux. Parra transforme (0-7).
19e : Faute de Martin Williams sur un ruck. Parra passe la pénalité de 40 mètres à gauche (0-10).
26e : Nouvelle faute galloise sur un ruck de Rees cette fois-ci. De 35 mètres, Parra réussit les trois points à droite (0-13).
40e : Shane Williams plaqué par Jauzion sur ses 40 mètres jette le ballon derrière que François Trinh-Duc récupère acrobatiquement le ballon pour aller marquer sans opposition (0-20).
46e : Hors jeu de ligne français. Stephen Jones passe les premiers points gallois de 15 mètres en face des poteaux (3-20). L’ouvreur devient le meilleur réalisateur gallois dans le Tournoi.
51e : Position de hors-jeu de Dusautoir sur un ruck. De 25 mètres à gauche, Jones réduit le score (6-20).
62e : Sur une pénalité jouée vite à la main de Rees, le ballon rebondit pour Halpenny, qui accélère le long de la ligne pour marquer coin gauche. Jones passe la transformation (13-20). Parra prend un jaune pour faute répétée.
72e : Après une deuxième faute d’affilée de l’alignement à gauche, Michalak entré en jeu passe la pénalité de 45 mètres à gauches (13-23).
78e : Hors jeu de ligne, Parra passe la pénalité à 15 mètres en face de poteau (13-26).
80e : Exploit personnel de Shane Williams qui passe la défense française en revue. Un cinquantième essai personnel au niveau international. Jones passe la transformation (20-26).

Déclaration :
Marc Lièvremont (entraîneur du XV de France) :
(sur la deuxième période) "J’ai eu le sentiment qu’on était sortis du match et peut-être même avant la fin de la première mi-temps. On a trouvé un vestiaire très excité, tout le monde parlait et on a perdu toute notre cohérence, à tous les niveaux. Très vite, ça a été une sorte de calvaire, cette deuxième mi-temps. On a vu le spectre du match Galles-Ecosse apparaître jusqu’à ce final incroyable. On est heureux mais on est partagé, entre le bonheur de cette troisième victoire qui nous offre des perspectives sur la fin du Tournoi et puis une forme de soulagement, d’incompréhension dans la façon dont on a complètement perdu pied en deuxième mi-temps. Avec une avance de vingt points à la pause, souffrir comme cela en deuxième mi-temps, c’est assez incroyable. Ce soir, il n’y a que la victoire qu’on peut retenir et elle nous suffit amplement."

Thierry Dusautoir (capitaine du XV de France) : "C’est très agréable. On est passé de justesse encore. Ca montre qu’on a encore pas mal de travail, qu’on a dû aller la chercher loin cette victoire. On est évidemment satisfait et ça fait du bien. (sur l’exclusion temporaire de Parra) : L’arbitre met le jaune car il considère que le plaqueur a mis la main sur le ballon, et que c’est un acte d’antijeu. En plus, on était dans un temps faible, c’était l’occasion de sanctionner l’ensemble de nos fautes."

Clément Poitrenaud (arrière du XV de France, sur France 2) :
"Les Gallois ont haussé leur niveau de jeu, ils ont tenu le ballon au lieu de nous le rendre au pied, ils ont multiplié les temps de jeu et ils ont provoqué pas mal de fautes. On sait que cet arbitre arbitrait (favorisait, ndlr) toujours l’équipe qui avance, qui tient le ballon et ça s’est vérifié aujourd’hui. On a eu un peu peur que le scénario se répète par rapport au match dernier contre les Ecossais (victoire du pays de Galles) mais on a su tenir. Finalement on a quand même été costaud car ça n’a pas été simple. On est toujours dans notre plan de marche. Pour l’instant les pronostics nous sont favorables, maintenant il va falloir se méfier des Italiens qui ont fait un gros match contre les Anglais chez eux. Et après, si ça veut bien sourire, le gros morceau au stade de France contre les Anglais".

Mathieu Bastareaud (centre du XV de France) : "En deuxième mi-temps, on s’est mis en mode survie. On s’est relâchés, ils sont revenus. On n’a pas eu peur, mais on a commencé à se poser des questions quand on les voit qui reviennent, qu’ils ont tous les ballons. On avait l’impression d’être inutiles. En deuxième mi-temps, on va deux fois chez eux, on marque deux pénalités. C’est le seul point positif de la mi-temps. C’était dur, il faut se satisfaire de la victoire. Ce match va nous remettre sur terre. On est conscient qu’il y a beaucoup de travail à faire. (pour le titre) On est en position de force, on va pas se le cacher. Il reste deux matches à la maison."

Imanol Harinordoquy (3e ligne du XV de France) : "Il y a eu une mi-temps pour nous et une mi-temps pour eux. On a joué contre une grande équipe. Le score est flatteur pour nous à la mi-temps. Les deux pénalités qu’on marque en seconde mi-temps nous font gagner le match, sans quoi les carottes étaient cuites. On a su rester mobilisés. Ca a été très dur, ils ont poussé à quinze contre quatorze. Ils ont joué le coup à merveille, avec des coups de pied par-dessus et un jeu au pied offensif de pression. Il reste du travail, il faut qu’on garde l’initiative du jeu, sans quoi en subissant on se met à la faute. Il faut qu’on continue avec la même mobilisation, la même implication, le même investissement. Il y a de belles choses à faire."

Warren Gatland (sélectionneur du pays de Galles) : "Je suis fier de notre seconde période. On était 20 points derrière, victime d’interceptions que l’on a données, mais les gars n’ont pas abandonné. On les a vraiment mis sous une grosse pression en seconde période. On a fait des erreurs dans des moments importants, mais on a essayé de garder le ballon en mains. A la mi-temps, on a identifié quelques points faibles. La France ne nous a jamais vraiment menacés, ils marquent sur deux interceptions, mettent quatre pénalités mais n’entrent jamais vraiment dans nos 22. Mais je crois que la France va faire le Grand Chelem désormais. Il faut que l’on arrête de presser le bouton auto-destruction. Si l’on n’avait pas fait ces erreurs, donner ces essais, on gagnait ce match."

Shane Williams (ailier du pays de Galles) :
"Cela laisse un sentiment de déjà vu ce début de match... C’est très décevant. Parfois, on est puni quand on essaye de jouer. On a essayé de jouer au rugby, on était positif, mais ces deux interceptions nous ont compliqué la tâche. Parfois, on essaye de trop jouer. Et en secondé période, il nous a encore fallu courir après le score."

Les cadres reconduits

Le staff du XV de France a dévoilé la liste des joueurs retenus pour affronter l’Italie dimanche lors de l’avant-dernière journée du Tournoi des VI Nations. Alors que l’on pensait que Lièvremont préserverait ses cadres en vue de la "finale" face à l’Angleterre, très peu de changement ont été apporté par rapport à l’équipe qui a battu le Pays de Galles.

On ne change pas une équipe qui gagne. Marc Lièvremont et son encadrement ont fait leur cet adage en reconduisant, à deux exceptions près, le XV vainqueur des Gallois (26-20). Alors que plusieurs noms étaient annoncés aux postes des titulaires habituels, le sélectionneur des Bleus a préféré surfer sur la continuité et consolider les automatismes.

Au final, seuls David Marty et Marc Andreu intègrent le XV de départ, en lieu et place et Mathieu Bastareaud et Julien Malzieu. L’absence du premier nommé, finalement remplaçant, était prévue par tous, le trois-quart centre parisien s’étant blessé cette semaine. Le Perpignanais fait donc son grand retour en bleu et fera la paire avec l’indéboulonnable Yannick Jauzion, excellent face au Pays de Galles. Frédéric Michalak out jusqu’à la fin de la saison, Lièvremont n’avait presque pas d’autre choix que celui de reconduire la charnière Trin-Dhuc-Parra. En l’absence de véritable remplaçant au poste d’ouvreur, c’est justement le Clermontois qui pourrait suppléer le montpelliérain, Yachvili prenant le n°9. A propos du malheureux Toulousain, Lièvremont a profité de cette conférence de presse pour glisser un mot à l’attention de Michalak : "Avant toute chose, je voudrais adresser un message de soutien et d’encouragement à Frédéric Michalak, qui vient d’être opéré avec succès à Toulouse. On lui adresse nos voeux de sympathie et de bonne rééducation, et qu’il retrouve rapidement les terrains avec le Stade Toulousain, avant de revenir en bleu".

La titularisation de Marc Andreu, en lieu et place de Malzieu est justifiée ainsi par Lièvremont : "On voulait le voir plus que les trois minutes qu’il a jouées contre le pays de Galles. Il fait une excellente saison avec Castres, c’était l’occasion idéale pour le lancer dans le grand bain". La véritable surprise vient du paquet d’avant, entièrement… non renouvelé ! Alors que le Clermontois Lapandry était fortement pressenti en troisième ligne et permettre à Harinordoquy de souffler, le Basque sera bien titularisé. De même Sébastien Chabal pouvait espérer une place à côté de son compère du Racing Lionel Nallet en deuxième ligne mais le barbu devra de nouveau s’effacer devant Julien Pierre. "Il y aura un coaching conséquent en deuxième mi-temps. Mais on a privilégié une forme de stabilité devant car on sait que l’Italie présente de sérieux arguments dans le domaine de la conquête", a tout de même prévenu le coach français.

Grand chelem pour la France !!!

Grand Chelem, Petite Porte

C’est au forceps que l’équipe de France a conquis le 9e Grand Chelem de son histoire. L’Angleterre a joué la victoire jusqu’au bout, plaçant ses épines dans le jeu des Bleus. Solides en défense, ils s’imposent 12-10 grâce à un drop de Trinh-Duc et trois pénalités de Parra.

En bons Anglais, les All-White ont si souvent mis des bâtons dans les roues des Français que l’idée du Grand Chelem face à eux avait une saveur particulière. Un premier aboutissement pour Lièvremont et ses troupes. Une base (encore une...) pour l’avenir, la Coupe du monde 2011. Une constance tant recherchée. “Notre exigence doit être notre marque de fabrique. Jouer contre l’Italie ou contre l’Angleterre, il faut avoir la même détermination”, disait Thierry Dusautoir avant la rencontre. Ce match avait tous les ingrédients pour entrer dans la légende. Mais les Anglais en connaissent un rayon et en ont vu d’autres. Nullement impressionnés par une Marseillaise forte et juste, ils allaient frapper là où ne les attendait pas. Le gros combat était annoncé devant, ils piquaient les Bleus à l’aile, là où ça fait mal. Dans la foulée d’un drop réussi de Trinh-Duc (avec une première mêlée à l’avantage des Français), la Rose profitait d’un mauvais placement de la défense tricolore pour inscrire le premier essai par l’arrière Ben Foden (3-7, 6e). Quand le XV anglais libère vite les ballons et joue, elle peut devenir redoutable.

Comme un clin d’oeil (ou un mauvais sort), la pluie s’abattait sur St-Denis au moment où Parra ratait sa première pénalité (11e). Heureusement que le Clermontois se rattrapait face aux poteaux (6-7, 18e). Mieux depuis une dizaine de minutes, la France investissait le camp adverse avec son pack d’avants. Un jeu plutôt stérile quand on sait que les Bleus aiment prendre les intervalles. Une tactique simpliste que n’auraient pas renié les Anglais tant elle a fait ses preuves. Mais cette fois, ce sont les Blancs qui commettaient les fautes. Dans le rôle de Rob Andrews ou Jonny Wilkinson de la grande époque, Morgan Parra ajoutait une nouvelle pénalité à son compteur (9-7, 25e). Jouer moins pour gagner plus ? Un nouveau slogan de campagne. Pas très Français mais aujourd’hui, l’essentiel est ailleurs. Après une deuxième mêlée effondrée (par Dan Cole), la bonne série continuait (12-7, 34e). Excellent dans le défi physique, la France dominait les débats. Mais quel travail des grognards de la première ligne tricolore ! Très bons sur l’impact et la conservation du ballon, ils tenaient le match dans leurs grosses “mimines”.

Pour remédier au mal, Martin Johnson changeait Cole, dépassé, pour Wilson. Regonflés à la pause, les Anglais sonnaient la charge dès l’engagement. Face à la défense haute des Français, le salut passait par le ciel. Care jouait intelligemment un petit coup de pied par dessus. Sur la touche, les Anglais récupéraient mais pêchaient à la finition (drop raté, 47e). Ashton poursuivait par la voie des airs avec un autre ballon à suivre pour lui-même. Heureusement, Poitrenaud avait les cannes pour aplatir in extremis dans son en-but (48e). Si la France s’en sortait indemne face à ces vagues blanches, rien de méchant lui arriverait. L’orage provisoirement passé, le staff tricolore apportait du sang frais pour la dernière demi-heure : Szarzewski, Marty, Servat et Poux.

Seule une grosse percée de Marty, tout en puissance, éclairait le jeu tricolore mais c’était bien peu. Surtout, l’Angleterre restait à portée d’un seul essai. Les supporters anglais y croyaient sur une superbe percée de Cueto. L’ailier anglais avait un boulevard devant lui mais oubliait deux partenaires pour un essai tout fait. La France lui devait une fière chandelle. A vingt minutes d’un possible Grand Chelem, la peur de perdre envahissait les Bleus. Des ballons rendus trop vite. Des fautes inhabituelles. Qu’arrivait-il aux Bleus ? Une faute sanctionnait la France et offrait à ce bon “Wilko” trois points presque dans un fauteuil. Presque car son ballon léchait la barre avant de passer (12-10, 58e). Cette deuxième mi-temps ressemblait comme deux gouttes d’eau à celle du Millenium de Cardiff. Le vide absolu. Le néant. Il restait à mettre un dernier coup de collier pour sauver les meubles et le garantir le lustre d’un Chelem. C’était fait grâce à la défense. 12-10, ça ne brille pas mais ça rapporte un 9e Grand Chelem aux Bleus, le premier depuis 2004 et le troisième depuis l’introduction de l’Italie. Tout le monde s’en contentera.

Une joie contenue

Plus soulagés que véritablement heureux, Les joueurs du XV de France avait le triomphe modeste à l’issue du "crunch". Ils étaient surtout fiers d’avoir résisté jusqu’au bout à une équipe anglaise qui a livré sa meilleure prestation dans ce Tournoi 2010. Quant à Martin Johnson, il regrettait les conditions climatiques qui n’ont pas permis à son équipe de jouer.

Yannick Jauzion : “Non, on n’a pas douté après l’essai anglais. Il restait 60 minutes. C’est vrai qu’ils ont eu le monopole du ballon à certains moments et notamment en début de seconde mi-temps mais on n’a pas paniqué. C’est vrai qu’on ne savait parfois pas si on devait écarter les ballons, jouer devant. C’était difficile avec la pluie. Heureusement, on a réussi avec notre mêlée conquérante à recoller au score puis à rester devant. Les Anglais ont jouer plus que d’habitude mais ça ne nous a pas étonné. On avait vu à la vidéo qu’ils jouaient bien quand ils écartaient les ballons. Ils ont avancé à certains moments et c’était chaud. Maintenant, on doit faire mieux sur notre jeu de récupération. On n’a pas su concrétiser les occasions offertes. Ce Grand Chelem a une saveur particulière pour plusieurs raisons : on le gagne au dernier moment, le groupe a été beaucoup critiqué depuis deux ans et ça récompense tout le travail accompli. J’espère que ça va servir de dynamique”.

Mathieu Bastareaud : “Je ne réaliserai que dans quelques jours. C’est une joie difficile à décrire. On s’attendait à ce que ce soit difficile, ça l’a été. Ils voulaient nous gâcher la fête et on s’y attendait. On a été un peu stressés quand on a pris l’essai. On s’est regardé avec les copains... Mais sur ce genre de matches là, c’est plus le collectif qui prime. J’ai eu quelques ballons que j’ai essayé de bonifier mais c’était rude à cause de leur défense agressive. Contre l’Angleterre, ce sont toujours de grands matches et ça fait plaisir de les battre”.

Thierry Dusautoir : “Je pense qu’on a été meilleurs que les Anglais. Ce soir, il fallait faire preuve de pragmatisme. On avait la pression et il pleuvait. Pour une fois, les Anglais ne nous ont pas battu dans ces conditions et on peut être fiers de ça. A 7-3, on n’a pas laissé le doute s’installer. On est revenus dans leur camp leur mettre la pression. Et notre mêlée nous a permis de les dominer. Sur leur essai ? C’était plutôt facile pour eux puisqu’on a effectué une mauvaise montée défensive”.

Nicolas Mas : “Sur ce Tournoi, on a concrétisé nos forces en mêlée. Nous avons été très forts dans ce secteur en première mi-temps mais en deuxième période j’ai eu peur. Il y a deux ou trois mêlée où l’arbitre peut siffler une pénalité pour nous mais il ne le fait pas. C’est dommage car on a produit beaucoup d’efforts là dessus. On va savourer ce Grand Chelem même si on est conscient qu’il y a encore du travail à faire.”

Martin Johnson : “On avait prévu un plan de jeu. On devait les fixer devant et écarter rapidement les ballons sur les ailes. Notre triangle arrière a été bon même si les conditions climatiques ne nous ont pas permis de relancer autant qu’on voulait. Dans les dernières minutes, on voulait se mettre en position de taper un drop mais on n’a pas pu. C’est dommage de perdre un match comme ça, serré, sur des pénalités alors qu’on n’a pas pris d’essais. Et il y a eu aussi quelques décisions arbitrales défavorables”.

Martin Johnson : “On avait prévu un plan de jeu. On devait les fixer devant et écarter rapidement les ballons sur les ailes. Notre triangle arrière a été bon même si les conditions climatiques ne nous ont pas permis de relancer autant qu’on voulait. Dans les dernières minutes, on voulait se mettre en position de taper un drop mais on n’a pas pu. C’est dommage de perdre un match comme ça, serré, sur des pénalités alors qu’on n’a pas pris d’essais. Et il y a eu aussi quelques décisions arbitrales défavorables”.