En route vers une comète, Rosetta survole l'astéroïde Lutetia

Après une moisson de photos de l’astéroïde Lutetia, la sonde européenne Rosetta poursuit son périple de quelque 7 milliards de kilomètres pour arriver, en 2014, à son rendez-vous avec une comète dont elle espère déchiffrer les secrets.

Lancée en 2004, Rosetta a une véritable «mission d’archéologie spatiale», selon les termes de Marcello Coradini, chef de l’exploration robotique de l’Agence spatiale européenne (ESA). Il rappelle que la pierre de Rosette, qui a inspiré le nom de la sonde, avait permis à Champollion de déchiffrer les hiéroglyphes.

L’objectif de Rosetta, dont la destination finale est la comète 67/P Churyumov-Gerasimenk, sur le noyau de laquelle elle doit larguer son module Philae en novembre 2014, est d’interpréter l’évolution du système solaire depuis sa naissance.

Mais ce long périple va connaître des changements de tempo importants: vers le milieu de 2011, Rosetta qui sera alors à près d’un milliard de km de la Terre entrera en «hibernation», avant d’être «réveillée» au printemps 2014, peu avant sa rencontre avec la comète.

Etape importante de la mission de la sonde, le survol, samedi, de l’astéroïde Lutetia, dont l’orbite se trouve entre Mars et Jupiter, a été un «succès spectaculaire», selon l’Esa, satisfaite de ce «sans faute» à 450 millions de kilomètres de la Terre.

400 images de l'astéroïde
Rosetta a pu prendre plus de 400 images de l’astéroïde. Les premiers clichés présentés après 21H00 GMT samedi, ont montré que Lutetia est probablement un «survivant primitif de la naissance violente du système solaire», selon les termes de l’ESA.

«Il a souffert de nombreux impacts durant ses 4,5 milliards d’années d’existence», comme en témoignent les cratères visibles à la surface de l’astéroïde aux contours tourmentés, d’environ 130 km de long, ajoute l’Esa.

Grâce à ces étonnantes images dévoilant des détails de 60 mètres à la surface de Lutetia, «un nouveau monde» a été découvert et «occupera les scientifiques pendant des années», a souligné Holger Sierks, responsable de la caméra Osiris (Optical, Spectroscopic and Infrared Remote Imaging System) équipant la sonde.

Rosetta avait déjà, en 2008, fait une première incursion dans la principale ceinture d’astéroïdes. Mais lorsque la sonde s’était approchée à 800 km du petit corps rocheux Steins, l’obturateur de la caméra haute résolution «s’était malheureusement bloqué», rappelle Francis Rocard du Centre national français d’études spatiales (CNES).

Lors du survol de Lutetia, à 3.214 km de la surface pour le point le plus proche, samedi, tout a fonctionné avec la «précision d’une horloge», selon l’Esa.

Tout devait être programmé à l’avance, car les communications entre la sonde et la Terre ont été, comme prévu, interrompues pendant une quarantaine de minutes, alors que Rosetta collectait de multiples données sur Lutetia sans pointer son antenne vers la Terre.

Les scientifiques espèrent que cette moisson d’informations leur permettra de découvrir la composition interne de Lutetia et de savoir si elle fait partie des astéroïdes les plus primitifs riches en composés à base de carbone, ou si c’est un des rares astéroïdes métalliques.

Décidée dès 1993, lancée en 2004, cette mission qui s’achèvera en 2015 lorsque Rosetta accompagnera la comète dans sa course en direction du soleil, aura été celle de «toute une vie», ont souligné samedi des scientifiques de l’ESA.

(Source AFP)