Pakistan: un attentat marque le retour de Bhutto

L'attentat-suicide qui a frappé le convoi de Benazir Bhutto a fait 133 morts et 400 blessés, jeudi soir à Karachi


L'ancienne Première ministre du Pakistan n'a pas été blessée. Elle venait à peine de retrouver son pays après 8 ans d'exil et célébrait son retour au milieu d'une foule joyeuse et très dense.

L'attentat a été marqué par deux explosions, d'abord celle d'une grenade, puis celle d'une bombe actionnée par un kamikaze.


La tête du kamikaze présumé a été retrouvée, annoncé la police vendredi matin. Des prélèvements ont été envoyés dans un laboratoire d'expertises médico-légales pour tenter d'identifier l'homme, notamment par l'analyse de l'ADN.

Les circonstances de l'attentat
La double explosion de Karachi s'est produite peu avant minuit, alors que des centaines de milliers de personnes fêtaient le retour de Benazir Bhutto. Celle-ci défilait devant ses partisans, depuis quelques heures, juchée sur le toit d'un camion blindé. Une grenade a d'abord explosé dans la foule compacte, selon la police. Immédiatement après, un kamikaze a fait exploser la bombe qu'il portait sur lui, à proximité du véhicule de l'ancienne dirigeante du gouvernement, qui n'a pas été touchée et a pu être évacuée dans sa maison familiale aussitôt après le drame.

Parmi les victimes, figurent "des policiers et des membres" du parti de Mme Bhutto, a déclaré un porte-parole du ministère de l'Intérieur. Le double attentat "terroriste" visait Mme Bhutto, a assuré le ministre de l'Intérieur Aftab Sherpao.

Le mari de l'ex-Premier ministre a accusé une agence des services de renseignement du Pakistan d'avoir perpétré le double attentat. "Nous nous battons toujours contre une dictature. Nous voulons isoler les extrémistes et construire un Pakistan meilleur", avait déclaré pour sa part l'ancienne dirigeante à son arrivée.

Alors qu'elle avait promis qu'elle retournerait au Pakistan pour mettre un terme au pouvoir de Pervez Musharraf, Benazir Bhutto est revenue au pays en tant qu'alliée potentielle du président pakistanais, au pouvoir depuis un coup d'Etat perpétré en octobre 1999.

Avant l'attentat: un retour plein d'émotion
Vêtue d'une tunique traditionnelle verte, d'un pantalon et d'un voile blanc, rappelant les couleurs du drapeau pakistanais, Mme Bhutto s'est mise à pleurer au moment où elle marquait un temps d'arrêt avant de poser symboliquement les pieds dans son pays.


le retour de Benazir Bhutto
Avant d'embarquer à bord de l'avion, sans son mari et ses filles qui restent aux Emirats, elle a affirmé que le Pakistan se trouvait "à la croisée des chemins". "Une route conduit à la démocratie, l'autre à la dictature", a-t-elle dit.

Ce retour a été rendu possible par l'abandon des charges de corruption qui pesaient contre elle. L'ex-chef du gouvernement (1988-90 puis 1993-96) n'exerce plus de pouvoir depuis dix ans. A 54 ans, elle n'a cependant guère perdu de son charisme.

Formée à Harvard et Oxford, elle est surtout l'"héritière" de son père Zulfikar Ali Bhutto , président puis Premier ministre pakistanais renversé en juillet 1977 par Zia-Ul-Haq et exécuté deux ans plus tard.