La fusion ANPE-Unedic, c'est quoi?

Le projet de fusion ANPE-Unedic a été adopté ce jeudi en conseil des ministres, pour créer d'ici à la fin 2008 un organisme unique chargé d'indemniser les chômeurs et de «faciliter» la recherche d'emploi. Un projet qui ne fait pas l'unanimité syndicale. 20minutes.fr fait le point

Qu’est-ce que l’ANPE?
Un service public de l’emploi, qui met en contact entreprises et chômeurs et assure le suivi de ces derniers. Elle rassemble 30.000 agents.

Qu’est-ce que l’Unedic?
Un organisme paritaire contrôlé par l’Etat et géré par les organisations patronales (Medef, CGPME, UPA) et cinq syndicats (CGT, CFDT, FO, CFE-CGC, CFTC), qui fixent le montant des cotisations et de l'indemnisation chômage. L’Unedic fédère les Assedic, guichets de paiement des allocations, et emploie 14.000 salariés.

Que prévoit la fusion entre les deux?
- Le futur organisme fusionné sera baptisé provisoirement «France Emploi», dont le directeur général sera nommé par le gouvernement, alors qu’aucun représentant de l’Etat ne siégeait jusqu’à présent à l’ANPE.
- S'agissant de la fusion entre les 900 sites de l'ANPE et les 650 de l'Assedic, le directeur général de l'Unedic a affirmé ce jeudi dans un entretien aux «Echos» que «l'objectif probable est de parvenir à terme à environ 1.200 agences communes». L'Unedic est «majoritairement propriétaire de ses agences, alors que l'ANPE en est le plus souvent locataire», ce qui «va certainement jouer» dans la future configuration des sites, estime-t-il.
- Au plus tard en 2012, la collecte des cotisations chômage sera effectuée, non plus par l'Unedic, mais par les Urssaf.

Quel est l’objectif affiché par le gouvernement?
- Outre le fait qu’elle évitera aux demandeurs d’emploi de se déplacer dans deux endroits différents - ce qui est déjà le cas dans certains guichets uniques comme à Issy-les-Moulineaux-, la fusion est censée leur assurer un meilleur suivi. Christine Lagarde s'est engagée à réduire à 30, au lieu de 120 ou 130, le nombre de chômeurs suivi par un conseiller, suivant une expérience menée notamment en Lorraine.
- Jean-Luc Bérard estime pour sa part que la fusion va permettre à terme de «réduire la durée nécessaire aux chômeurs pour retrouver un emploi» de neuf mois en moyenne actuellement à «près de trois mois».
- Du côté des entreprises, l’objectif est de recenser davantage les offres pour connaître les besoins en termes de qualification et de formation, en ayant une «politique proactive vers les PME dépourvues de services de ressources humaines», «par la sous-traitance le cas échéant».

Quelles sont les critiques à l’égard de cette fusion?
- Elles portent sur la pertinence d'une réforme de structure précipitée avant les municipales de mars. Même si le chômage baisse depuis début 2006, plusieurs questions clé restent en suspens telle la formation professionnelle pour les chômeurs ou leur couverture sociale entre deux contrats de travail.
- En outre, les syndicats de personnel réfractaires à la fusion, déjà échaudés par la nouvelle consigne de transmettre les papiers des chômeurs de nationalité étrangère aux Préfectures lors de leur inscription, craignent une évolution de leurs missions vers davantage de coercition à l’égard des demandeurs d’emploi.
- Du côté patronal, la CGPME craint une dérive dans l'utilisation de l'argent de l'assurance-chômage. Le gouvernement a assuré que la fusion se limitera à aux réseaux opérationnels de l'Unedic, ne remettant pas en cause l'autonomie de gestion de l'assurance-chômage par les partenaires sociaux.