Sarkozy "souhaite la fin des 35 heures en 2008"

Nicolas Sarkozy a donné ce matin une conférence de presse devant 600 journalistes
Le président a souhaité, en réponse à une question posée, que 2008 soit "l'année de la fin des 35h". Sur le pouvoir d'achat, il a répondu : "qu'attendez-vous de moi ? Que je vide des caisses qui sont déjà vides ?"

Sur son éventuel mariage avec Carla Bruni : "Il y a de fortes chances pour que vous l'appreniez quand ce sera déjà fait".


Parmi les principales annonces faites par le chef de l'Etat :

. réorganisation de l'audiovisuel public, où l'on s'achemine vers une suppression de la publicité (l'annonce a dopé le titre TF1), et réforme de l'audiovisuel extérieur,
. mise en place d'un nouvel instrument de mesure de la croissance élaboré par deux Nobel (Joseph Stiglitz et Amartya Sen),
. réécriture du préambule de la Constitution (en y inscrivant l'égalité homme-femme et le respect de la diversité). Cette réécriture serait confiée à une commission présidée par Simone Veil,
. il y aura deux ou trois conférences de presse présidentielles par an afin de pouvoir "rendre compte" de l'action de Nicolas Sarkozy à l'Elysée.




Les principales déclarations



"Politique de civilisation"
"Je sais que cette (notion de) 'politique de civilisation' a suscité chez un grand nombre d'entre vous nombre d'interrogations", a déclaré Nicolas Sarkozy, affirmant qu'il ne s'agissait pas "d'une formule de circonstance, mais d'une conviction profonde, d'un engagement fort". "J'ai été élu en promettant un changement en profondeur, une véritable rupture", a-t-il ajouté.

Une mission pour Simone Veil
Le chef de l'Etat a annoncé que Simone Veil présiderait la commission chargée de réécrire le préambule de la Constitution. "Je souhaite que le préambule de notre Constitution soit complété pour garantir l'égalité de l'homme et de la femme, pour assurer le respect de la diversité et ses moyens, pour rendre possibles de véritables politiques d'intégration, pour répondre aux défis de la bioéthique".

35 heures
Prié de dire s'il souhaitait que cette année marque la fin des 35 heures, il a répondu : "Pour vous dire les choses comme je les pense, oui."

Réforme de l'audiovisuel public, vers la suppression de la pub
Le président de la République a prôné une réforme de l'audiovisuel public, favorisant la création française et la culture. Il a déclaré qu'il souhaitait "réfléchir à la suppression totale de la publicité sur les chaînes publiques". Celles-ci pourraient être financées par une taxe sur les recettes publicitaires accrues des chaînes privées et par une taxe "infinitésimale" sur les chiffres d'affaires des nouveaux moyens de communication comme l'accès à internet ou la téléphonie mobile". Ces annonces ont dopé en Bourse les titres de TF1 et de M6.

Réforme de l'audiovisuel extérieur
Il a aussi souhaité, pour l'audiovisuel public extérieur, qu'une nouvelle chaîne appelée France Monde, regroupant les moyens de TV5, France 24 et Radio France Internationale, soit créée "cette année" et qu'elle ne diffuse qu'en "français". "Avec l'argent du contribuable je ne suis pas disposé à diffuser une chaîne qui ne parle pas français", a-t-il précisé. Nicolas Sarkozy a estimé qu'"on peut parfaitement avoir un sous-titrage par région : espagnol, arabe, anglais, pour porter une vision française".

Un nouvel instrument de mesure de la croissance
"Nous ne pouvons pas espérer changer nos comportements et nos façons de pensée si nos critères de la richesse restent les mêmes", a déclaré le chef de l'Etat. "Nous avons besoin de prendre en compte la qualité et pas seulement la quantité pour favoriser un autre type de croissance. Il faut changer notre instrument de mesure de la croissance".

Il a annoncé qu'il avait chargé deux Prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz et Amartya Sen (plutôt marqués à gauche) de réfléchir à changer les instruments de mesure de la croissance. Joseph Stiglitz, 64 ans, prix Nobel d'économie 2001, ancien conseiller de Clinton, avait acquis une grande notoriété à la suite de ses violentes critiques contre le Fonds monétaire international et la Banque mondiale, qu'il avait décidé de quitter fin 1999 alors qu'il y était économiste en chef. Armatya Sen, 74 ans, a obtenu le prix Nobel en 1998, pour ses travaux sur les inégalités, la famine, la théorie du développement humain, l'économie du bien-être et les mécanismes de la pauvreté.

Pouvoir d'achat : "qu'attendez-vous de moi ?"
"S'agissant du pouvoir d'achat, qu'attendez-vous de moi? Que je vide des caisses qui sont déjà vides ou que je donne des ordres à des entreprises à qui je n'ai pas à donner d'ordre ?", s'est interrogé le chef de l'Etat. "Réduire le débat politique français à la seule question du pouvoir d'achat, c'est absurde. C'est d'autant plus absurde que j'étais le premier à en parler", a-t-il ajouté. La loi TEPA, adoptée cet été, a permis de donner "14 milliards d'euros pour le pouvoir d'achat des Français", selon lui. Pendant la campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy avait affirmé qu'il serait "le président du pouvoir d'achat", thème qui est devenu, selon des sondages, la première préoccupation des Français, devant le chômage.

Hôpitaux
Nicolas Sarkozy a appelé à un "changement complet de gouvernance de l'hôpital, de fond en comble" en 2008 parce "que l'hôpital n'est plus gouverné".

Grand Paris
"J'ai lancé la réflexion sur le Grand Paris", a déclaré le chef de l'Etat devant la presse. "Je ne laisserai pas ce projet s'enliser, je ne laisserai personne le bloquer", a-t-il dit, alors que cette question fait débat à quelque deux mois des municipales qui voient le maire PS Bertrand Delanoë briguer sa propre succession face à Françoise de Panafieu (UMP). "La situation de l'agglomération parisienne est devenue inacceptable". Il a également annoncé qu'il s'impliquerait dans les municipales.

Priorité à l'école primaire
"Nous donnerons la priorité à l'école primaire que l'on a trop longtemps délaissée sans voir que son affaiblissement était la cause principale des difficultés croissantes du collège", a expliqué le chef de l'Etat. Cette politique prendra du temps, du temps pour être mise ne oeuvre, du temps pour produire ses effets, mais le rapport de nos enfants à la culture, au savoir, à la pensée est ce qu'il y a de plus essentiel pour l'avenir".

Immigration : politique fondée sur les quotas
"J'ai demandé (au ministre de l'Immigration) Brice Hortefeux (...) d'aller jusqu'au bout d'une politique fondée sur des quotas". "Cela fait trop longtemps qu'on en parle. Tout le monde sait que c'est la seule solution. Eh bien il faut franchir le pas, et arrêter de vouloir protéger les uns, ne pas choquer les autres. Avec cela, on n'a que des problèmes". "La politique des quotas, nous devons la mettre en oeuvre, en fonction des capacités d'accueil, d'intégration."

Participation
"Nous allons créer les conditions réglementaires et fiscales pour que la participation et l'intéressement puissent s'étendre à toutes les entreprises, même à celles de moins de 50 salariés"."Pour cela nous sommes prêts à avoir un impôt sur les bénéfices différencié pour les entreprises de moins de 50 salariés qui se lanceraient dans la participation et dans l'intéressement".

Conseil de sécurité
"La France mettra tout en oeuvre pour que l'Allemagne, le Japon, le Brésil, l'Inde et un grand pays africain deviennent membres permanents du Conseil de sécurité".

Mariage avec Carla Bruni : quand vous l'apprendrez, ce sera sûrement déjà fait
Interrogé sur sa liaison avec Carla Bruni, le président a répondu qu'avec sa nouvelle compagne, ils avaient décidé de ne pas se cacher. "Je ne voulais pas d'une photo au petit matin, glauque". Sur une éventuelle date de mariage, il a répondu : "ce n'est pas le JDD qui fixera la date" ("Le Journal du dimanche" avait parlé d'un mariage le 9 février). "Il y a de fortes chances pour que vous l'appreniez quand ce sera déjà fait".

Réactions : le PS dénonce "l'absence de résultat"


- > François Hollande a estimé mardi que le discours de rentrée de Nicolas Sarkozy révélait l'absence de résultats de la majorité depuis huit mois, notamment sur le front économique. "Quand un responsable public n'a pas de chiffres à présenter, il produit des mots", déclare le premier secrétaire du Parti socialiste dans un communiqué. "Son long propos a eu au moins un mérite : celui de révéler l'absence de résultat depuis huit mois, le défaut de propositions immédiates de nos concitoyens", ajoute-t-il. "Le temps n'est plus au verbe, aux proclamations, aux coups de menton péremptoires et à l'autojustification (...) Notre pays n'attend pas un discours de campagne, mais des résultats. Ils ne sont pas là. Et rien aujourd'hui ne permet de dire qu'ils seront davantage au rendez-vous à la fin de l'année 2008", estime-t-il. Pour François Hollande, un "plan de rigueur" va se substituer au "plan de civilisation" que le chef de l'Etat appelle de ses voeux après les élections municipales de mars. "La réhabilitation de la TVA est là pour nous le confirmer".

-> La secrétaire nationale du PCF Marie-George Buffet a dénoncé la vision "ultra-réactionnaire et destructrice du changement" qu'a exposée Nicolas Sarkozy. "Il est tout simplement faux d'expliquer que l'on peut faire mieux avec moins, les services publics ont besoin d'investissement humain et financier pour répondre aux besoins", a déclaré Mme Buffet dans un communiqué. Le président "explique tout, y compris l'injustifiable. La croissance n'est plus absente, mais mal mesurée. Le pouvoir d'achat n'est plus un problème car la qualité remplace la quantité", a-t-elle ironisé. Les Français qui "attendaient des réponses" sur le pouvoir d'achat "ne peuvent que ressentir colère et déception", a-t-elle aussi déclaré.

he ben fini les vacances Sarko, va falloir bosser maintenant avec tout ça