Le capitaine quitte le navire

Raphaël Ibanez a annoncé sa retraite internationale ce jeudi, lors d'une conférence de presse convoquée à Dax.


L'expérimenté talonneur (34 ans, 98 capes), sous contrat jusqu'à la fin de la saison avec les London Wasps, s'est livré dans les locaux de Dax, son club formateur, à l'occasion d'un passage dans les Landes pour dédicader son livre ("Les yeux dans les yeux"). Il rejoint Fabien Pelous, Serge Betsen et Christophe Dominici, frais retraités.


"Une décision que je n'ai pas prise seul"

Un monument a tiré sa révérence ! Raphaël Ibanez va vraisemblablement raccrocher les crampons en fin de saison mais il a déjà pris la décision de stopper sa brillante carrière internationale. "Aujourd'hui, il est temps pour moi de passer à autre chose. Mon parcours avec les Bleus s'arrête maintenant", a-t-il déclaré sobrement. "J'ai adoré chaque minute en équipe de France. C'est une décision qui provoque en moi une énorme émotion, mais une décision que je n'ai pas prise seul", a ajouté le capitaine bleu, soulignant qu'il s'était entretenu avec le sélectionneur Marc Lièvremont en début de semaine, entretien dont est issue la "décision commune" de cette retraite.

Formé à Dax d'où il est originaire, Raphaël Ibanez y a évolué jusqu'en 1998, avant de passer par Perpignan (1998-2000), Castres (2000-03), les Saracens de Londres (2003-05), puis les Wasps. En 98 sélections avec l'équipe de France depuis 1996, dont une parenthèse pour une première "retraite" en 2004-2005, le "talon" aux charges dévastatrices a remporté les Tournoi des six nations 1998, 2002, 2006, 2007, dont deux Grands Chelems, disputé une finale (1999) et deux demi-finales (2003, 2007) de Coupe du monde.

Mais le dernier rendez-vous mondial ne lui aura pas laissé de souvenir impérissable. Battue d'entrée par l'Argentine puis par les Anglais en demi-finale et -de nouveau- les Pumas lors de la petite finale, le XV de France a raté le grand évènement attendu. Et Ibanez n'a pas réussi à remettre ses coéquipiers sur les bons rails hormis lors de l'exploit sans lendemain face aux Blacks.

Il avait indiqué peu après la compétition vouloir "se donner du temps" et "s'évaluer sur le terrain" avant une décision sur son avenir en bleu. Le choix a été fait. Il va surtout rejoindre d'autres grands talonneurs français ayant marqué leur époque comme René Benesis, Philippe Dintrans, Daniel Dubroca ou encore Jeff Tordo.


Maso: "Je suis admiratif"


Jo Maso (manageur du XV de France): "Je suis admiratif de la carrière internationale de Raphaël. 98 sélections au poste de talonneur, c'est énorme. C'est la marque d'un grand champion. C'est un homme sans faille sur tous les plans, sur le plan de l'amitié comme sur celui du respect. C'est également un homme très déterminé dans tout ce qu'il a fait. Son +come-back+ réussi après la Coupe du Monde 2003 donne la mesure du champion qu'il est. Il fut un grand capitaine, qui a marqué son époque, tant en club qu'à l'international. J'ai eu plaisir à travailler avec lui, il a toujours été une interface entre les joueurs et le staff, que ce soit avec Jean-Claude Skrela ou avec Bernard Laporte. Je pense qu'il a pris une décision sage."

Yannick Jauzion (trois-quart centre du Stade toulousain et du XV de France): "C'est un joueur qui a toujours donné le maximum de ses possibilités. Maintenant il juge qu'il a fait son temps comme Fabien Pelous ou Christophe Dominici et il va, comme eux, consacrer son temps à son club jusqu'à la fin de son contrat. Pour ma part, je serais heureux de faire la carrière qu'il a faite."

Fabien Pelous (ancien capitaine du XV de France et deuxième ligne du Stade toulousain): "Je crois que c'est une sage décision, un peu comme celle que j'avais prise. Par rapport à l'équipe de France, à reconstruire sur 4 ans, il est un peu logique qu'il ne soit pas partant sur le nouveau projet. Ce n'est pas une remise en question de son niveau actuel. Ce que je retiens, c'est qu'en 2003 le fait d'être revenu en équipe de France n'était pas une chose évidente et les efforts qu'il a faits jusqu'à la Coupe du monde valent bien de lui tirer le chapeau."

Bernard Lapasset (président de la Fédération française de rugby et futur président de l'IRB): "Il a annoncé sa décision de façon très digne, c'est tout à son honneur. Il a montré dans son départ l'engagement qu'il avait mis au service du rugby. Il l'a fait de façon très forte en indiquant deux choses: son soutien total à la nouvelle équipe qui va s'engager pour l'équipe de France de demain, et en disant tout le bonheur qu'il avait eu de jouer avec le XV de France pendant de nombreuses années. La forme de son départ est le signe d'un homme important pour le rugby qui a marqué son temps et marqué sa génération. C'est une figure emblématique du rugby. On n'est pas capitaine du XV de France par hasard, qui plus est à 41 reprises."

dommage