Arabie saoudite: visite de Sarkozy

En visite en Arabie, le chef de l'Etat s'est déclaré "inquiet" de la "brutalité" de la hausse des prix du pétrole
Des hausses qui "affectent directement la croissance et le pouvoir d'achat, non seulement en France et en Europe, mais plus encore dans de nombreux pays pauvres dépourvus de pétrole", a-t-il dit.

Il a par ailleurs évoqué la conclusion prochaine de "gros contrats" avec l'Arabie.

"Ce sont des contrats immenses, à la fois sur le civil et le militaire", ce qui est une nouveauté", a-t-il dit. ""Dans l'ensemble de mon voyage, on est sur une quarantaine de milliards d'euros de contrats potentiels", a-t-il précisé.

Après Ryad, il se rendra lundi au Quatar et mardi à Abou Dhabi.

Discours sur la "politique de civilisation"
Intervenant devant le Conseil consultatif saoudien (Majlis Ach Choura), Nicolas Sarkozy a défendu sa "politique de civilisation" et sa vision de la diversité religieuse.

"C'est une politique qui se donne pour but de civiliser la globalisation. C'est une politique qui intègre la dimension intellectuelle, morale, spirituelle. C'est une politique qui cherche à conjurer la menace du choc des civilisations en mettant l'accent sur ce qui réunit les hommes, par-delà ce qui les oppose", a-t-il déclaré. "C'est une politique de la diversité, c'est une politique qui fait du respect de la diversité des opinions, des cultures, des croyances, des religions un principe universel. Car la diversité ce n'est pas seulement une valeur occidentale. C'est une valeur commune à toute civilisation", a-t-il ajouté.

Le président de la République française a par ailleurs dit vouloir mettre en oeuvre dans l'Hexagone une "politique de civilisation". "La politique de civilisation, c'est ce que font tous ceux qui, au sein même de l'Islam comme des autres religions luttent contre le fanatisme et contre le terrorisme", a-t-il souligné. "La politique de civilisation, c'est ce que font tous ceux qui oeuvrent pour un Islam ouvert (...). C'est ce que fait l'Arabie saoudite sous l'impulsion de sa majesté le roi Abdallah. "La politique de civilisation, c'est ce que font tous ceux qui s'efforcent de concilier le progrès et la tradition, de faire la synthèse entre l'identité profonde de l'Islam et la moderniser sans choquer la conscience des croyants", a encore estimé Nicolas Sarkozy.

Il a aussi rendu un vibrant hommage au régime du roi Abdallah "qui montre une volonté non de rejeter la modernité mais de l'apprivoiser pour la transformer et de la mettre au service d'une certaine idée de l'homme, d'un projet de civilisation". Certes, a-t-il poursuivi, l'Arabie ne s'est mise que "lentement" en "mouvement" en ce qui concerne la condition des femmes et la liberté d'expression. "Mais qui ne serait impressionné par les changements qui se sont produits en quelques années, dans le respect de l'intégrité des lieux saints de l'Islam, qui est une exigence avec laquelle le royaume ne peut pas transiger et qui l'oblige à être pour les croyants du monde entier un modèle de piété et de fidélité à la tradition ?" "Il a estimé que le "rôle d'équilibre et de modération que joue l'Arabie saoudite" n'avait pas seulement une importance régionale mais également une "importance mondiale". Il a notamment salué le geste d'une "portée symbolique immense" qu'a constitué à ses yeux la rencontre entre le roi Abdallah et le pape Benoît XVI l'été dernier.



Accords franco-saoudiens
Français et Saoudiens ont d'ores et déjà signé quatre accords de coopération, notamment dans les domaines énergétique et de la concertation politique. Aucun accord commercial n'a cependant été signé. Nicolas Sarkozy n'en a pas moins a prédit lundi la signature par Paris de "très gros contrats" avec Ryad "dans les semaines et les mois qui viennent", dans les domaines civils et militaires.

Les deux parties ont évoqué des projets de contrats d'un montant potentiel de près de 40 milliards d'euros, dit-on de source proche de la délégation française. Et ce dans les domaines des transports, de l'eau, de l'électricité, de l'armement, de l'hôtellerie de la distribution et de la sécurité intérieure. Le président français a également proposé à l'Arabie Saoudite d'envoyer à Ryad, "dans les prochaines semaines", une équipe du Commissariat à l'énergie atomique "pour travailler sur la question du nucléaire civil". Le roi a pris bonne note de cette offre.

La France peut faire "beaucoup mieux" en Arabie dans le domaine économique, avait estimé dimanche soir Nicolas Sarkozy après un entretien et un dîner avec le roi Abdallah et Bin Abdelaziz. "L'Arabie saoudite est un partenaire stratégique majeur pour la France (...), un élément essentiel pour la paix dans cette région du monde tellement agitée", a ajouté le chef de l'Etat. "Il est très important pour la France d'être présente dans cette région du monde", a-t-il poursuivi.

Du côté saoudien, le quotidien de langue anglaise "Arab News" parlait d'un "axe franco-saoudien", "particulièrement important à un moment où le Moyen-Orient traverse des crises dangereuses qui risquent d'embraser toute la région".