Russie : le tandem Poutine-Medvedev

Le président russe Poutine appelle à aller voter dimanche "pour l'avenir", craignant un faible taux de participation
Un scrutin sans surprise prévoit la victoire dès le 1er tour du vice-Premier ministre Medvedev, choisi par Poutine pour lui succéder comme président. S'il est élu, Medvedev proposera le poste de Premier ministre à Poutine.

Plusieurs ONG ont dénoncé des méthodes coercitives des autorités russes pour augmenter le taux de participation dimanche.


"Je suis certain que le Kremlin utilise ce qu'il appelle la verticale du pouvoir, à travers les gouverneurs de région et les maires", a déclaré Viktor Vakhchtain, du groupe indépendant Golos. "Ils parleront aux directeurs d'hôpitaux ou d'écoles pour s'assurer qu'ils transmettront le message à leurs médecins, infirmières et enseignants: s'ils ne votent pas pour la bonne personne, ils pourraient bien perdre leur emploi dans quelques mois."

Pour garantir un fort taux de participation, des opérateurs de téléphonie mobile envoient des SMS à leurs abonnés en leur rappelant qu'il faut voter.

Et des ONG russes et internationales de dénoncer à trois jours de la présidentielle, le "parti pris" des médias russes en faveur du candidat du Kremlin, Dmitri Medvedev. Le "centre des journalistes russes dans les situations extrêmes" a montré, chiffres à l'appui, que les chaînes de télévision "ne remplissaient pas leurs obligations légales de créer des conditions équitables pour tous les candidats en faisant preuve d'une partialité claire en faveur de Dmitri Medvedev".

Adoubé par M. Poutine en décembre, le candidat du pouvoir, qui est crédité de 61 à 80% d'intentions de vote selon les sondages, s'est refusé à faire une campagne classique, avec meetings et débats télévisés, expliquant qu'il travaillait au service des Russes et n'avait pas de temps à perdre.

Les chaînes de télévision ont en revanche abondamment couvert le moindre de ses déplacements ces dernières semaines à travers le pays, officiellement en tant que premier vice-Premier ministre.

M. Medvedev n'a pas quitté son poste de premier vice-Premier ministre pour faire campagne mais s'est contenté d'une journée de "vacances" mercredi pour rencontrer des électeurs à Nijni-Novgorod (440 km à l'est de Moscou), a souligné M. Panfilov.

Le président de la commission électorale russe Vladimir Tchourov a pour sa part estimé jeudi que la campagne électorale avait été menée "sans violations significatives".

Poutine, futur Premier ministre ?
Vladimir Poutine ne pouvait se représenter en 2008 après deux mandats consécutifs, mais il a à maintes reprises exprimé son intention de rester au pouvoir en tant que Premier ministre.

Les projets nationaux, destinés à améliorer les conditions de vie et à inverser le déclin démographique du pays, se concentrent sur l'agriculture, l'éducation, la santé et le logement.

Quatre domaines au centre des préoccupations de la majorité des Russes qui souffrent de la mauvaise qualité des soins, des pots-de-vin réclamés par les médecins, du coût élevé des études supérieures, de la hausse des prix des produits alimentaires et sont mal logés.


La présidentielle russe : mode d'emploi (AFP)
Quelque 109 millions d'électeurs russes sont invités à élire dimanche pour quatre ans le successeur de Vladimir Poutine , le candidat du pouvoir Dmitri Medvedev ayant toutes les chances d'être élu dès le premier tour.

Electeurs : 107,2 millions en Russie et 1,7 million à l'étranger.

Candidats :
- Dmitri Medvedev, premier vice-Premier ministre, dauphin de Vladimir Poutine, est crédité de 61 à 80% d'intentions de vote selon les derniers sondages. Vladimir Poutine a lui-même été réélu en mars 2004 avec 71,31% des voix

- Le chef du PC Guennadi Ziouganov, vétéran des élections en Russie (9%-16,3% d'intentions de vote). Il a snobé le présidentielle de 2004 où le candidat communiste, Nikolaï Kharitonov, a obtenu 13,69% des voix.

- L'ultranationaliste proche du Kremlin Vladimir Jirinovski (7%-13,7%). Il s'est aussi abstenu à la présidentielle de 2004 où son garde du corps Oleg Malychkine a obtenu 2,02%.

- Andreï Bogdanov, l'énigmatique candidat pro-européen (environ 1%). Il n'y a aucun candidat libéral en lice. L'ancien Premier ministre passé dans l'opposition Mikhaïl Kassianov a vu sa candidature rejetée par la Commission électorale centrale.

Observateurs
Plus de 200 observateurs étrangers sont accrédités, mais pas ceux de l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) qui, après des semaines de tergiversations, a annulé le 7 février sa mission en raison "des restrictions imposées par les autorités russes".

Parmi ces observateurs étrangers : l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE) en compte 30, le groupe de Shanghaï (Chine, Asie centrale) 30 et la CEI (Communauté des Etats indépendants, ex-républiques soviétiques moins les pays baltes) une centaine.

Mode de scrutin :
Un candidat doit obtenir plus de 50% des voix pour être élu dès le premier tour. Dans le cas contraire, un second tour est organisé trois semaines plus tard. Il n'y a plus de taux de participation minimum requis pour que le scrutin soit valide. La participation a atteint 64,39% en 2004.

L'option du "vote contre tous" n'existe plus. Pour voter, il faut être âgé d'au moins 18 ans.
Pour se faire enregistrer, un candidat non soutenu par un parti représenté au Parlement doit présenter à la Commission électorale centrale deux millions de signatures. Ce fut le cas cette année de M. Bogdanov.