Loeb triomphe enfin en Finlande

Sébastien Loeb a remporté le rallye de Finlande au terme de la troisième et dernière journée de course.
Au volant de sa Citroën C4, Loeb a devancé de neuf secondes le Finlandais Mikko Hirvonen (Ford Focus). En troisième position, Chris Atkinson (Subaru Impreza) a terminé à plus de trois minutes du pilote français. Il s'agit de la toute première victoire du quadruple champion du monde sur les terres finlandaises.

Cette victoire a le mérite de relancer l'Alsacien dans la course au titre, Loeb ne se trouvant pluq qu'à une longueur de l'actuel leader, Mikko Hirvonen (Ford Focus). La performance du Français à Jyvaskyla est d'autant plus remarquable qu'il n'est que le huitième pilote non-Finlandais (en 58 éditions) à s'imposer dans la course autrefois appelée l'épreuve des 1000 Lacs.

Avec son coéuipier monégasque Daniel Elena, Loeb a fait la course en tête du début à la fin. Sur ce parcours reconnu pour être le plus rapide du championnat sur terre, Loeb a dû rester vigilant jusqu'au bout. Au départ de l'avant-dernière épreuve spéciale, il a d'ailleurs évité le pire lorsque sa C4 est partie en tête à queue... Le pilote a toutefois concervé neuf secondes d'avance pour l'emporter. Il signe là sa 42e victoire, dont six cette saison.


Déclarations:
Sébastien Loeb (FRA/Citroën C4), vainqueur: "C'était à fond partout, tout le temps. C'est sûrement l'une de mes plus belles victoires, une énorme satisfaction, après un rallye aussi difficile où il ne fallait pas faire la moindre erreur. Quand on a été à fond pendant deux jours et que tout d'un coup on essaye de ralentir, on perd un peu de feeling dans la voiture. Après mon freinage raté au début de l'ES22, j'ai décidé de me remettre à conduire à un rythme normal. Si j'avais dû choisir un seul rallye à gagner cette année, c'était la Finlande parce que je n'avais jamais réussi à le faire. Les rallyes sur asphalte m'ont toujours été favorables, mais tout est possible, la preuve: nous n'étions pas favoris ici et nous avons gagné. Il faudra donc qu'on se méfie en Allemagne, où Ford sera le challenger".

Daniel Elena (MON), coéquipier de Loeb: "C'est toujours un sacré défi de battre les pilotes finlandais chez eux, on avait souvent essayé et on n'y était jamais arrivé. C'est magique. Cette victoire rentre dans le Top 3 ou le Top 5 de notre carrière. Ce matin, au début de l'ES22, il y a eu un moment où on a freiné trop tôt, un carrefour légèrement raté, la voiture arrêtée, et il a fallu le temps de redescendre la vitesse pour repartir, sans stress. Parce qu'on ne voulait plus attaquer, on avait assez de marge pour commencer à lever le pied. Si Marcus Grönholm avait été là cette année, il n'aurait pas dominé, il aurait galéré, comme nous. On ne peut pas dire, il est venu nous voir, il a pris sa retraite, c'est son choix".

Olivier Quesnel, patron de Citroën Sport: "Il s'est écrit une page d'histoire du rallye, alors je ne me voyais pas, pour des raisons X, Y ou Z, empêcher cela d'aboutir (en donnant des consignes de course). Ce n'est pas un hold-up parce que c'était bien préparé, Seb avait une petite idée derrière la tête, même si on savait qu'on n'avait pas le droit à l'erreur par rapport au championnat. Je savais que Sébastien voulait gagner ici, mais on avait utilisé deux jokers en Suède et en Jordanie et on avait vraiment besoin de prendre des points ici. Il fallait voir sur les premières spéciales comment on se positionnait par rapport à eux. Quand on a vu qu'on faisait jeu égal, on a continué, et ça a duré trois jours. J'ai eu raison, parce que Seb gagne, Dani (Sordo) fait quatrième, et c'est finalement un rallye d'anthologie. Ce qui s'est passé ce week-end est très bon pour le rallye, car il n'y avait pas de stratégie et le suspense a duré jusqu'au bout".

Mikko Hirvonen (FIN/Ford Focus), 2e: "C'est quand même une consolation pour moi de savoir que c'était une bataille fantastique, j'en ai profité du début à la fin, même si c'était aussi un peu stressant. A part vendredi matin où j'avais du mal à trouver le bon rythme et samedi en fin d'après-midi où j'ai perdu quatre secondes, par ma faute, je ne regrette rien. J'y ai encore un peu cru dimanche matin, mais ce n'était qu'une petite faute de +Seb+, ça ne suffisait pas. C'est toujours un rallye très rapide, avec beaucoup de bosses qui demandent trois ou quatre années d'expérience, et aucun endroit n'est vraiment plus rassurant d'une année sur l'autre. Je savais au début de la saison que j'avais une chance au championnat, à condition d'être constant. Je suis à peu près au niveau que j'avais prévu. Je vais avoir plus de mal sur les prochains rallyes sur asphalte, mais j'ai l'intention de continuer à travailler sur cet aspect-là de mon pilotage".

Classement final
1. Sébastien Loeb-Daniel Elena (FRA-MON/Citroën C4) 2 h 54:05.5
2. Mikko Hirvonen-Jarmo Lehtinen (FIN/Ford Focus) à 9.0
3. Chris Atkinson-Stéphane Prévot (AUS-BEL/Subaru Impreza) 3:17.0
4. Dani Sordo-Marc Marti (ESP/Citroën C4) 3:30.9
5. Henning Solberg-Cato Menkerud (NOR/Ford Focus) 3:57.7
6. Petter Solberg-Philip Mills (NOR-GBR/Subaru Impreza) 4:04.1
7. Matti Rantanen-Jan Lonegren (FIN/Ford Focus) 6:11.1
8. Toni Gardemeister-Tomi Tuominen (FIN/Suzuki SX4) 8:18.7
9. Matthew Wilson-Scott Martin (GBR/Ford Focus) 8:37.3
10. Conrad Rautenbach-David Senior (ZIM-GBR/Ford Focus) 10:30.9
11. Khaled Al Qassimi-Michael Orr (UAE-GBR/Ford Focus) 12:11.9
12. Andreas Mikkelsen-Ola Floene (NOR/Ford Focus) 14:23.9
13. Juho Hanninen-Mikko Markkula (FIN//Mitsubishi Lancer) 14:32.6 (1er catégorie Production-WRC)

Loeb: "Tout le temps à 110%"

Le Français Sébastien Loeb (Citroën C4), quadruple champion du monde en titre, a remporté le rallye de Finlande.
Il aura fallu au Français 9 tentatives pour enfin s'adjuger la victoire sur la terre finlandaise. "Un grand moment" sur un des "rallyes les plus difficiles de tout le championnat" que le pilote doit à sa détermination et à une prise de risque audacieuse mais payante. Comblé, il se tourne déjà vers la suite et le prochain rallye, en Allemagne.


Comment qualifier cette victoire ?
"C'est une super victoire, parce que la Finlande ce n'est pas un rallye qu'on gagne tous les ans, c'est un rallye mythique. Gagner ici, devant les pilotes finlandais, n'est pas arrivé souvent à des pilotes non-nordiques (quatre fois en 58 éditions, ndlr). C'est sans doute le rallye le plus difficile de tout le championnat, le plus technique, donc gagner ici, à la régulière, en bagarre avec le favori, c'est un grand moment. Cela ne change rien à ma motivation, j'essayerai quand même de gagner le suivant, en Allemagne".

Quelle place va occuper cette victoire dans votre armoire aux souvenirs ?
"Je n'ai pas vraiment de classement. Je suis aussi très fier de ma victoire en Suède en 2004, mais il n'y avait pas eu de bagarre. Ma première fausse victoire au Monte-Carlo (déclassé en 2002, ndlr) reste un super souvenir. Les victoires les plus sympas, ce sont celles où il y a de la bagarre jusqu'au bout. La Nouvelle-Zélande l'an dernier, où je finis deuxième derrière Marcus (Grönholm), c'est aussi un super-souvenir".

Quelles ont été les clés de votre victoire ?
"Neuf secondes, ce n'est pas beaucoup. Il a fallu faire de gros efforts et s'arracher toute la journée, pendant trois jours, pour rester devant, être tout le temps à 110%. C'était la seule solution pour gagner. Personne n'a fait d'erreur, il fallait se sentir vraiment en confiance totale dans la voiture, qu'elle soit très bien réglée, pour pouvoir se lâcher à 180 km/h, sur des routes étroites, en travers, entre les arbres et les fossés. C'était vraiment sur le fil tout le temps. Il fallait aussi un peu de courage".

Quel était votre stratégie ce matin ?
"Je suis parti à l'attaque dans la première spéciale (ES22) car je savais qu'il n'allait pas baisser les bras. Il y avait un peu de tension, parce que 18 secondes ce n'était pas assez pour se permettre de gérer. Il fallait encore être à bloc pendant 20 kilomètres sans faire de faute. Il fallait au moins finir la première spéciale sans perdre trop de temps, pour ne pas lui donner trop d'espoir, et on a encore fini ex-aequo, pour la troisième fois du week-end, ça montre bien l'intensité de la bagarre. A partir de là, je me suis relâché un peu trop, puisque j'ai fait une faute au départ de la deuxième: c'était une intersection, j'aurais pu essayer de passer quand même, mais j'ai préféré arrêter la voiture et tourner tranquillement. Après, j'ai repris à un rythme correct pour bien finir ce rallye".

Regrettez-vous d'avoir gagné ici sans battre Grönholm ?
"J'aurais aimé battre Marcus ici, j'ai essayé mais je n'y suis jamais arrivé. Je gagne l'année d'après, tant mieux pour lui, comme ça il reste invaincu chez lui. Et Hirvonen est arrivé à un niveau supérieur, alors que déjà l'an dernier il avait poussé Marcus très fort. Reprendre des points à Hirvonen en Finlande, ce n'était pas gagné d'avance, et revenir à un point de lui avant l'Allemagne, avec trois rallyes asphalte à disputer, c'est plutôt une bonne opération".

Avez-vous parfois franchi la limite du raisonnable ?
"Je voyais que la victoire était à ma portée donc ça valait le coup de franchir la limite, à certains moments. Maintenant je l'ai fait, j'ai gagné une fois ici, donc l'année prochaine je prendrai peut-être moins de risques".