L'Union européenne veut un nouveau partenariat avec Washington

L'Union européenne proposera aux deux candidats à l'élection présidentielle américaine un nouveau partenariat entre les deux rives de l'Atlantique pour gérer ensemble un monde dangereux.

Les ministres des Affaires étrangères des Vingt-Sept se sont réunis vendredi à Avignon pour débattre du document qu'ils entendent transmettre à Barack Obama et à John McCain avant l'entrée en fonction du vainqueur du scrutin en janvier prochain, a annoncé le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, qui préside actuellement l'UE.

"Nous avons des intérêts communs, des méthodes communes, des valeurs communes et parfois nous avons des attitudes qui diffèrent", a-t-il déclaré, ajoutant que ce document serait finalisé lors d'une nouvelle réunion des Vingt-Sept, à Paris.

"Il faut le constater et tenter de faire de ces différences notre richesse. Le monde est dangereux, le retour des nationalismes et même des micro-nationalismes nous impose une vision commune et des démarches communes", a-t-il ajouté.

Pour la commissaire européenne aux Relations extérieures, Benita Ferrero-Waldner, le moment est bien choisi.

"Je pense qu'il faut saisir cette opportunité pour rehausser le niveau de nos ambitions", a-t-elle estimé. "Nous voulons jouer à armes égales avec les Etats-Unis."

L'UE NE CHOISIT PAS SON FAVORI
La crise géorgienne, sur laquelle les Etats-Unis et l'Union européenne ont étalé sinon leurs divergences, au moins des nuances, et la relation avec la Russie sont selon l'UE des exemples de la nécessité d'une coopération accrue.

Bernard Kouchner a également cité l'Iran, l'Afghanistan, le Moyen-Orient, mais aussi la lutte contre le réchauffement climatique, l'énergie, l'état de droit et la démocratie.

"Voilà des thèmes qui nous unissent et qui parfois aussi nous divisent", a ajouté le ministre français.

L'Union européenne refuse de choisir entre Obama et McCain - "ce serait se mêler de façon grossière des affaires des autres", a dit Kouchner - et estime que les défis se poseront de la même manière, quel que soit le futur président des Etats-Unis.

En outre, les autorités américaines "souhaitent que l'Union européenne soit plus présente dans les problèmes de ce monde, que l'Union européenne prenne sa place politique et pas seulement comme bailleur de fonds et participe à ces entreprises de paix et parfois, hélas, de guerre", a-t-il ajouté.

Cette volonté de présenter aux candidats "ce qui nous paraît nécessaire d'entretenir, de renouveler, de présenter sous un jour nouveau, puisque le monde a changé" s'accompagnera donc fin 2008 d'une nouvelle stratégie européenne de sécurité.

Cette initiative de la présidence française de l'UE a été saluée par ses partenaires européens.

Le ministre tchèque des Affaires européennes, Karel Swartzenberg, a annoncé que les Vingt-Sept voulaient avoir "une discussion approfondie avec les Etats-Unis dès le début de la nouvelle administration, et cela au plus haut niveau".

PRIORITÉ AU CONFLIT ISRAÉLO-PALESTINIEN
Pour un diplomate, l'amélioration des relations entre l'UE et les Etats-Unis, et particulièrement entre Paris et Washington, après les divisions engendrées par la guerre en Irak, permettent d'envisager un partenariat entre égaux à un moment où la Russie se réveille et où la Chine prend son envol.

"C'est le retour à 1914", a-t-il estimé. "L'unilatéralisme américain de ces dix dernières années, c'est fini. A partir de là, il faut se demander si les Européens ne sont pas trop naïfs et si les Etats-Unis ne sont pas un peu trop kissingériens."

L'ancien secrétaire d'Etat américain Henry Kissinger est souvent présenté comme le partisan de la "realpolitik".

Les Européens veulent aussi inciter le futur président américain à s'impliquer rapidement dans la recherche d'une solution au conflit israélo-palestinien, alors que Bill Clinton et George Bush ont attendu la fin de leur second mandat.

Les "nouveaux" pays de l'Est, comme la Pologne, très proches des Etats-Unis, sont très demandeurs d'un nouveau partenariat.

"Je pense qu'il faudrait poser des actes qui incitent les Etats-Unis à nous prendre au sérieux, et cela signifie une position plus cohérente, plus unie", a dit le ministre polonais des Affaires étrangères, Radoslaw Sikorski, qui s'est montré optimiste sur la poursuite de la construction du bouclier antimissiles américain en Pologne, si Barack Obama est élu.