Les deniers publics au secours de Dexia

A l'instar de Fortis en partie nationalisée au Bénélux, Dexia sera recapitalisée après une chute de 30% en Bourse
Le Premier ministre belge Yves Leterme a annoncé mardi qu'un accord était intervenu entre les gouvernements belge, français et luxembourgeois pour injecter 6,4 milliards d'euros dans le bancassureur franco-belge Dexia.
L'accord est intervenu après une longue nuit de négociations.

Cotation du titre suspendue mardi matin
La cotation du titre de la banque Dexia a été suspendue mardi sur les Bourses de Paris et Bruxelles, "à la demande" des autorités de marché française et belge, selon l'opérateur boursier Nyse Euronext.

La France détiendra une minorité de blocage
Cette injection de capital vise à rassurer les marchés, après le dévissage en Bourse lundi de l'action Dexia, qui a perdu près de 30%.
Aux termes de l'accord trouvé après une longue nuit de négociations, les autorités fédérales et régionales et les actionnaires belges (communes belges et investisseurs institutionnels) investissent en tout 3 milliards d'euros, le gouvernement français et la Caisse des dépôts et consignations 3 autres milliards, et le gouvernement luxembourgeois 376 millions.
Le gouvernement luxembourgeois souscrira quant à lui à une émission d'obligations convertibles.

La France a confirmé mardi matin sa participation au "plan de recapitalisation de Dexia" après lequel l'Etat français et la Caisse des Dépôts et Consignations détiendront une "minorité de blocage" dans le capital du bancassureur franco-belge, a annoncé l'Elysée.
Le président Nicolas Sarkozy a tenu une réunion "à 05h00" avec le Premier ministre François Fillon, la ministre de l'Economie Christine Lagarde, le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, et le directeur du Trésor Xavier Musca.

"Nous avons sauvé Fortis et Dexia mais au-delà, c'est l'ensemble du système financier qui est consolidé par cette action concertée des trois gouvernements", a jugé de son côté le ministre luxembourgeois du Budget, Luc Frieden.

Dexia compte parmi ses actionnaires côté belge la holding Arcofin (17,7%), les communes belges (16,2%), la mutuelle Ethias (6,3%), et côté français l'assureur CNP (2%), et la Caisse des dépôts et consignations (11,7%), considérée comme le "bras financier" de l'Etat français. Les salariés détiennent 3,8%.
A l'issue de l'opération, la partie belge détiendra toujours "la part la plus importante" de Dexia, a indiqué le ministre belge des Finances, Didier Reynders. L'Etat français plus la Caisse des dépôts détiendront ensemble une "part à peine supérieure à 25%".

La situation de Dexia est jugée difficile car elle se finance en grande partie à court terme sur les marchés financiers, en vendant des obligations aux investisseurs ou en empruntant de l'argent aux autres banques. Or "les banques ne se prêtent plus d'argent entre elles car elles n'ont plus confiance", selon un analyste.

Nationalisation partielle de Fortis
Quant au bancassureur Fortis, sa nationalisation partielle par les trois Etats du Benelux, Belgique, Pays-Bas et Luxembourg, a été annoncée dimanche soir.
Le groupe va devoir se séparer d'ABN Amro dont le rachat se révèle aujourd'hui problématique.

Le plan de sauvetage élaboré à la hâte par les autorités belges, néerlandaises et luxembourgeoises prévoit que chaque Etat prend une participation de 49% dans les activités de Fortis dans son pays pour un montant total de 11,2 milliards d'euros.

La crise "approche sans aucun doute de l'Europe", a observé Joseph Kraft, responsable des marchés japonais chez Dresdner Kleinwort. L'Elysée et le gouvernement ont assuré dimanche que le secteur bancaire français ne courait pas de risque de faillites en série.

Le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker, a appelé les marchés à cesser leur "jeu de casino" consistant à spéculer en faisant chuter les cours boursiers des banques européennes les unes après les autres.