Merkel attend une "clarification" du pape

Rompant avec le mutisme affiché par ses collègues européens sur le sujet, la chancelière allemande Angela Merkel a réclamé, mardi 3 février, de son compatriote le pape Benoît XVI qu'il rejette sans ambiguïté toute négation de la Shoah. Dans une déclaration très ferme, rare pour cette dirigeante rompue à l'art de la diplomatie, Mme Merkel estime qu'"il revient au pape et au Vatican de dire très clairement que l'on ne peut pas nier l'Holocauste".

Lors d'une conférence de presse à Berlin avec le président kazakh, Angela Merkel, elle-même fille d'un pasteur protestant, a souligné qu'elle évitait généralement de s'ingérer dans les affaires intérieures des Eglises. "Mais c'est différent si nous parlons de questions fondamentales. Et je pense que c'est une question fondamentale si, à la suite d'une décision du Vatican, on peut avoir l'impression que la négation de l'Holocauste est possible", a-t-elle dit en référence à la réintégration dans l'Eglise catholique d'un evêque négationniste. La clarification apportée par le pape "est, de mon point de vue, encore insuffisante", a dit la chancelière.

"SOLIDARITÉ" AVEC LES JUIFS
Peu après, à Rome, le porte-parole du Vatican a estimé que la condamnation des propos négationnistes de Mgr Williamson par le pape "ne pouvait être plus claire".

Mgr Richard Williamson, l'un des quatre évêques intégristes de la fraternité Saint-Pie X dont l'excommunication a été levée par le pape le 24 janvier, a nié deux jours auparavant l'existence des chambres à gaz. Depuis, le pape a exprimé sa "solidarité" avec les juifs et a condamné à deux reprises la négation de la Shoah mais sans évoquer Mgr Williamson.

En Allemagne, où le négationnisme est passible de prison, les réactions ont été d'autant plus violentes que le pays était fier, en 2005, de l'élection de l'un des siens au trône de saint Pierre. Cette semaine, l'hebdomadaire Der Spiegel a fait sa "une" sur "Celui qui plane", l'ancien cardinal Ratzinger.