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Gonzales bat le record au piano solo

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Gonzales bat le record au piano solo Empty Gonzales bat le record au piano solo

Message par Frodon Mar 19 Mai 2009 - 15:43

Gonzales bat le record au piano solo Image_63
Le musicien canadien Gonzales, Parisien d'adoption, a battu ce week-end le record du concert le plus long en solo
Seul au piano, Gonzales s’est produit durant 27 heures dans une salle Paris 18e, et a tenu en haleine des dizaines de milliers de spectateurs grâce à la retransmission en direct de sa performance sur internet.

Le marathonien du piano a démarré à 0h20 samedi soir et n’a cessé de jouer qu’à plus de 3h00 du matin dans la nuit de dimanche à lundi.

Un répertoire malicieux allant de Beethoven à Nirvana
Pour ce record dûment homologué par un huissier du Guinness Book of Records, qui s’est terminé dans une ambiance de folle ivresse, Gonzales, de son vrai nom Jason Beck, a interprété à la demande du public des morceaux de tous les styles piochés dans une liste pré-établie de 300 titres.


Livrant des arrangements inédits, drôles et parfois somptueux, il est passé durant 27 heures du coq à l’âne avec une audace et un brio impensables, c’est à dire des Bee Gees (Stayin Alive) à Nirvana (Come as you are), de Beethoven (la 7e symphonie) à Michel Delpech (Pour un flirt), de Duke Ellington (Caravan) à Michael Jackson (Beat it), des Eagles (Hotel California) à Bruce Springsteen (Dancing in the darlk), et de Giorgio Moroder (Midnight Express) à Jacques Brel (Ne me quitte pas).

Crampes, café, bonnet de nuit et pantoufles
Au Ciné 13, la salle de cinéma de Claude Lelouch où il se produisait devant un public de 120 personnes renouvelé toutes les 3 heures, des personnalités amies sont venues le soutenir sur scène. Arielle Dombasle qui, ne pouvant l’accompagner de la voix («c’est un record en solo», lui a-t-il opposé) a mimé le chant sur «Over the rainbow», Ou Teki Latex, du groupe de rap TTC venu, en robe de chambre, lui donner la becquée (des céréales sans lait) au petit déjeuner.

C’est que Gonzo était tout de même autorisé durant ces 27 heures à prendre quelques petites pauses (5 minutes par heure ou 15 minutes toutes les 3 heures) et à manger (peu) et boire (pas mal de café) mais souvent d’une seule main, l’autre continuant de cavaler sur les touches. Notre fantasque marathonien a aussi trouvé le moyen de se changer à plusieurs reprises : ayant démarré en gants blancs et en pantoufles, on l’a ensuite vu successivement en pyjama et bonnet de nuit, en blouse blanche, en chemise, et même les yeux bandés par un foulard noir… quand il ne jouait pas en se faisant raser de près ou masser les épaules par une âme dévouée.

A une jeune reporter lui posant des questions tandis qu’il continuait à pianoter, notre héroïque pianiste a expliqué que le plus dur psychologiquement dans cette situation surréaliste était qu’il ne pouvait oublier le compteur électronique égrenant les heures qui lui faisait face. «L’horloge est mon amie et mon ennemie» a-t-il improvisé alors au chant. Physiquement, le Gonzo tenait admirablement bien le choc, affichant une mine fraîche et trompant les crampes qui gagnaient son poignet véloce et son bras droit en ne jouant parfois que de la main gauche, en ralentissant le tempo ou en jouant au contraire vigoureusement debout (à la 22e heure). Au point qu’on se demandait parfois si le piano, qui donnait des signes de défaillance, n’allait pas flancher avant son cavalier.

Au-delà du record, dont l’idée était aussi malicieuse que sérieuse – «combinaison, selon lui, de l’inutile et du poétique», Gonzales, qui a offert des versions bouleversantes ou hilarantes de tous les tubes possibles et imaginables, a prouvé de manière éclatante qu’il était non seulement un pianiste hors-pair mais aussi un entertainer généreux qui ne se prend pas au sérieux et préfère aux cîmes des prestigieuses salles de récital où il aurait sa place, la musique populaire et le contact direct et nourri avec le public.

Une performance addictive sur le web
Si le spectacle était dans la salle, il était aussi hors champ grâce au dialogue ininterrompu entre les spectateurs-internautes derrière leurs écrans (jusqu’à 18.000 et des poussières en même temps en début de soirée dimanche, et plus de 44.000 visiteurs au total).

Les tchatteurs sur Twitter venus du monde entier (essentiellement d'Europe, d’Amérique du nord et d’Amérique latine) dont les commentaires s’affichaient en direct sur la page de streaming du concert, donnaient un sel inédit à cette performance artistico-athlétique. Admiratifs («Je n’aurais jamais pensé kiffer autant les Bee Gees»), humoristiques («Vous croyez qu’il va tenir ? Est-ce qu’on peut parier sur sa mort ?»), ils manifestaient surtout une addiction exceptionnelle pour ce qui restera dans l’histoire comme un des tout premiers «Trendy topics» francophones de cette envergure sur Twitter.

Il n’était que de voir les messages de panique horrifiés à chaque coupure accidentelle du streaming (et elles furent nombreuses), ou à la façon dont les utilisateurs boutèrent résolument les spams d’une blonde envahissante pourrissant toute tentative de dialogue, pour comprendre à quel point Gonzales avait emmené son public loin. Et cela avait finalement peu à voir avec le suspense du record à battre -tout le monde sentait qu’il pouvait relever le défi- et beaucoup plus à voir avec la grâce et la malice de Gonzales ainsi qu’avec l’urgence du direct. De fait, nous avions commencé par nous brosser les dents devant l’écran au tout début de la performance à 0h20 samedi soir et n’en avions décroché difficilement que deux heures plus tard. Au réveil, le premier geste était de retrouver notre coureur de fond via l’écran, et il fallut se faire violence ici ou là tout le dimanche pour dé-scotcher du concert plus d’une heure. Comme le résumait un tchatteur : «Je n’arrive pas à décrocher. IS GONZO THE NEW DRUG ?» Chapeau bas.
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