Direction générale de l'Unesco: Hosni en tête

Farouk Hosni est arrivé en tête jeudi sior du premier tour de l'élection du directeur général de l'Unesco
Le ministre de la Culture égyptien, favori malgré des accusations d'antisémitisme, a recueilli 22 voix sur 58.

Ce proche du président égyptien Hosni Moubarak, soutenu notamment par l'Union africaine et la Ligue arabe, est en compétition avec huit autres candidats. Ils peuvent tous se représenter au deuxième tour qui aura lieu vendredi.

Farouk Hosni devance notamment la candidate bulgare Irina Gueorguieva Bokova (8 voix), la commissaire européenne Benita Ferrero-Waldner (7 voix), à égalité avec l'Equatorienne Ivonne Baki et le Russe Alexandre Iakovenko. Après le deuxième tour vendredi, si personne n'a la majorité absolue, trois autres tours peuvent avoir lieu entre samedi et mardi.

S'il était élu, ce qui paraît moins certain que prévu, Farouk Hosni serait le premier responsable du Moyen-Orient à diriger l'organisation des Nations unies pour l'éducation, les sciences et la culture depuis sa création en 1945.

S'il met souvent en avant son action pour rénover des synagogues en Egypte, en tant que ministre chargé du patrimoine, Farouk Hosni s'en est pris publiquement à l'"infiltration des juifs dans les médias internationaux" et a fait inviter au Caire le philosophe Roger Garaudy, qui nie la réalité de l'extermination des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale.

Il s'est encore surtout fait remarquer en déclarant en 2008 qu'il brûlerait lui-même les livres israéliens s'il en trouvait dans les bibliothèques égyptiennes. Depuis, il s'est excusé sur un blog: "Je veux dire solennellement que je regrette les mots que j'ai prononcés (...) Ces mots sont à l'opposé de ce à quoi je crois et de ce que je suis (...) Rien ne m'est plus étranger que le racisme, la négation de l'autre ou la volonté de porter atteinte à la culture juive, ou à toute autre culture."

La France, où se trouve le siège de l'Unesco, ne soutient pas officiellement la candidature de Farouk Hosni, avançant son statut de pays hôte pour expliquer sa neutralité. Toutefois, le président Nicolas Sarkozy a expliqué début septembre que le candidat égyptien avait fait amende honorable et a insisté sur le rôle prépondérant de l'Egypte sur la scène proche-orientale.

L'Elysée souligne également qu'Israël ne s'oppose pas au candidat de l'Egypte, l'un des rares régimes de la région à avoir reconnu l'Etat hébreu, et que le président américain, Barack Obama, "n'a rien dit" sur le sujet.

Si l'avocat français Serge Klarsfeld a apporté sa caution à Farouk Hosni, en saluant sa "repentance exprimée publiquement", le Prix Nobel de la Paix et survivant de l'Holocauste, Elie Wiesel, a dénoncé un "homme dangereux" ayant déjà à son actif d'autres déclarations "nauséabondes".

Farouk Hosni fait campagne sur son blog pour une Unesco "lieu par excellence du dialogue entre les peuples, permettant de dépasser les clivages politiques, religieux, ethniques, linguistiques". Ce septuagénaire élégant, grand amateur d'art contemporain, se targue d'une importante action de création de festivals, de maisons de la culture et de bibliothèques. Il met aussi en avant d'importants travaux de mise en valeur du patrimoine de l'Egypte pharaonique, la restauration des vieux quartiers islamiques du Caire ou encore la rénovation des synagogues.

L'écrivain Alaa al-Aswany, auteur du roman au succès international "L'immeuble Yacoubian", juge pourtant que, "hormis quelques restaurations archéologiques probablement financées avec l'aide de l'étranger, son long passage au ministère de la Culture n'a été marqué par aucune réalisation majeure".

Proche du président Hosni Moubarak et de son épouse Suzanne, Farouk Hosni n'échappe pas non plus aux critiques sur les pratiques répressives du pouvoir égyptien. En 2006, il a soutenu l'interdiction en Egypte du "Da Vinci Code", le best-seller mondial, décrié par des députés chrétiens coptes. D'autres livres ont également été retirés sous la pression des islamistes.

L'Unesco toujours sans directeur !

Le Conseil exécutif de l'Unesco a de nouveau échoué samedi à désigner un nouveau directeur général
Même si l'Egyptien Farouk Hosni reste le favori, en dépit de ses prises position antisémites, il n'a pas obtenu la majorité requise des suffrages exprimés par les 58 membres du Conseil exécutif lors du troisième tour de scrutin.

L'institution a annoncé qu'un quatrième tour aura lieu lundi.

De source diplomatique, Farouk Hosni, ministre égyptien de la Culture, a obtenu 25 suffrages (contre 23 au deuxième tour vendredi), suivi par la candidate bulgare Irina Bokova (13, contre 8 vendredi), l'Autrichienne Benita Ferrero-Waldner, commissaire européenne aux Relations extérieures (11 voix contre 9), l'Equatorienne Ivonne Baki (9 contre 8 ).

Quatre candidats s'étaient désistés pour ce troisième tour: la Lituanienne Ina Marciulionyte (qui avait obtenu 4 suffrages vendredi), le Russe Alexandre Iakovenko (3 voix vendredi), le Tanzanien Sospeter Mwijarubi Muhongo (2 voix vendredi) et le Béninois Nouréini Tidjani-Serpos (une voix vendredi).

L'Algérien Mohammed Bedjaoui s'est présenté mais n'a obtenu aucun suffrage.

D'intenses transactions ont eu lieu ces derniers jours entre les délégations européennes pour tenter d'aboutir à une candidature unique. Objectif : contrer le candidat égyptien, au centre d'une controverse pour des prises de position antisémites et anti-israéliennes dont l'accusent des organisations juives et des intellectuels.

Une bulgare à la tête de l'Unesco

La Bulgare Irina Gueorguieva Bokova prend la succession du japonais Koïchiro Matsuura à la tête de l'Unesco
Lancé jeudi dernier, le scrutin a départagé mardi Mme Bokova de l'Egyptien Farouk Hosni, par 31 voix contre 27.

La première femme à diriger l'Unesco depuis sa création en 1945 est une ancienne communiste, diplomate, militante convaincue de la cause européenne, ambassadrice de la Bulgarie en France, à Monaco et auprès de l'Unesco depuis 2005.


"Je vais prendre toutes les bonnes idées, nous allons travailler ensemble", a déclaré l'élue avant d'ajouter: "Nous avons besoin d'un nouvel humanisme pour le XXIe siècle."

Si la Bulgarie a exprimé sa joie après l'élection de la directrice générale de l'Unesco, l'Egypte s'est montrée très déçue de la défaite de son candidat . "La déception ne vient pas de la qualité du gagnant, c'est qu'on ait barré la route à un courant culturel. Le monde arabe et musulman n'a jamais eu la chance d'accéder à la tête de l'Unesco alors que l'Europe l'a eue plusieurs fois", a déclaré le directeur de campagne de Farouk Hosni, Nasser Hossam.

Le choix du conseil exécutif, qui compte 58 membres, doit encore être entériné le 15 octobre prochain par la conférence générale de l'Unesco, qui réunit les 193 pays membres. Jamais, par le passé, la conférence générale n'a invalidé la recommandation du conseil exécutif, explique-t-on à l'Unesco.

Cinq tours de scrutin ont été nécessaires pour départager les prétendants à la succession du Japonais Koïchiro Matsuura à la tête de l'Organisation des Nations-Unies pour l'Education, la Science et la Culture, dont le siège se trouve à Paris.

Bokova, une femme très populaire
Agée de 57 ans, cette femme dynamique, l'une des personnalités les plus populaires du Parti socialiste (ex-communiste), aujourd'hui dans l'opposition, a fait ses études supérieures à Moscou, à l'Institut d'Etat des relations internationales.

Elle a ensuite parfait son parcours universitaire, avant et après la chute du régime en 1989, avec des spécialisations aux Etats-Unis, notamment à la prestigieuse Université de Harvard. Irina Bokova a été premier vice-ministre des Affaires étrangères et coordinateur principal des relations de la Bulgarie avec l'Union européenne de 1995 à 1997 avant de devenir chef de la diplomatie bulgare de novembre 1996 à février 1997.

Membre du Conseil exécutif de l'Unesco depuis 2007, elle est également vice-présidente du groupe francophone des ambassadeurs auprès de cette institution de l'Organisation des Nations-Unies. Parlant couramment anglais, espagnol, français et russe, elle est mariée et mère de deux enfants.

Hosni, le candidat controversé
Candidat controversé en raison de ses positions anti-israéliennes, repenti depuis, le ministre de la Culture égyptien, Farouk Hosni, était le grand favori. Ce proche du président égyptien Hosni Moubarak était soutenu notamment par l'Union africaine et la Ligue arabe. La France ne soutenait pas officiellement la candidature de Farouk Hosni, avançant son statut de pays hôte pour expliquer sa neutralité. Toutefois, le président Nicolas Sarkozy avait expliqué début septembre que le candidat égyptien avait fait amende honorable et a insisté sur le rôle prépondérant de l'Egypte sur la scène proche-orientale.

Farouk Hosni s'en était pris publiquement à l'"infiltration des juifs dans les médias internationaux" et avait fait inviter au Caire le philosophe Roger Garaudy, qui nie la réalité de l'extermination des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Il s'était encore fait remarquer en déclarant en 2008 qu'il brûlerait lui-même les livres israéliens s'il en trouvait dans les bibliothèques égyptiennes. Il s'était excusé sur un blog: "Je veux dire solennellement que je regrette les mots que j'ai prononcés (...) Ces mots sont à l'opposé de ce à quoi je crois et de ce que je suis (...) Rien ne m'est plus étranger que le racisme, la négation de l'autre ou la volonté de porter atteinte à la culture juive, ou à toute autre culture."