ATP Nice: Gasquet en terrien

Au termes d'une finale accrochée, le Français a remporté le tournoi de Nice (ATP 250) devant Fernando Verdasco, peut-être le meilleur joueur sur terre cette saison derrière Rafael Nadal, en trois manches 6-3, 5-7, 7-6 (7/5). Déjà vainqueur du Challenger de Bordeaux-Primrose, l'actuel 68e mondial enchaine un dixième succès de rang. Un sixième tournoi ATP. Une véritable résurrection.

Le prodige du tennis français revient à la vie après des mois de reconstruction mentale, physique et tennistique. Sa progression fut freinée par une sombre affaire de dopage lors du tournoi du Miami en mars dernier dont il avait été blanchi en décembre 2009 par le Tribunal arbitral du sport (Tas). Celui qui fut un brillant numéro sept mondial voit le bout du tunnel après un match marathon de deux heures et trente minutes face Fernando Verdasco, battant un membre du top 10 mondial en finale pour la première fois de sa carrière.

A l'image de sa belle quinzaine, Gasquet réalisait le meilleur démarrage en imprimant le rythme dans les échanges.Bien que souvent contré par le coup droit de Verdasco, Gasquet breakait pour mener 4-2 avant d'empocher la première manche sur un coup droit dans le couloir de son adversaire (6-3). Bien lancé dans sa 13e finale sur le circuit ATP, le Français calait physiquement au moment où l’Espagnol montait en régime. Un peu court sur la fin du deuxième après avoir débreaké (5-4). Gasquet semblait lâcher prise malgré des coups dont il a le secret. Marqué et découragé, il s’accrochait tant bien que mal, affichant ainsi des qualités morales de combattant. Une bonne nouvelle pour ce prodige du tennis plutôt connu pour fléchir dans les moments difficiles.

Une nouvelle fois, le Biterrois parvenait à revenir dans la partie en débreakant à 5-3 un Verdasco, passablement énervé avoir gâché trois balles de break à 4-1. L'Espagnol se mettait même le public à dos qui s’époumonait alors en faveur du Français. Requinqué par ce soutien bienvenu, Gasquet résistait pour s’offrir le droit de disputer la victoire dans le tie-break. Inespéré après avoir été mené 4-1 et 5-3.

Le neuvième joueur mondial débutait sur une double faute qui mettait en confiance Gasquet. Solide au service, capable d’accélérer au bon moment, ce dernier gérait les temps forts et les temps faibles avec l'expérience d'un vieux briscard. Patient sur sa première balle de match, il poussait son adversaire à la faute. Vainqueur de son premier tournoi sur le grand circuit depuis le Tournoi de Mumbai en septembre 2007, le Français s’écroulait de plaisir et de fatigue."Je remercie le public qui m'a vraiment aidé au troisième set", a dit-il après avoir reçu le trophée soulevé la dernière fois en 1995 par le Suisse Marc Rosset. Le Français est allé au bout de lui même sur le court central niçois du LTC devant plus de 3.500 spectateurs.Il a semblé samedi de nouveau prendre du plaisir sur le court, même s'il a fait appel au kiné à deux reprises dans le troisième set pour des douleurs au genou et à la cuisse gauches. "Il y avait énormément de fatigue. Je ne peux pas aller plus loin que je suis allé aujourd'hui", a-t-il déclaré au micro de Sport+. "Cela faisait longtemps que je n'avais pas gagné un tournoi de cet ampleur. Je me suis dit: il y a un beau public alors je vais essayer d'aller jusqu'au bout. Mais je suis passé très près de perdre. J'avais mal au genou au troisième set. Verdasco faisait mal, il tapait très fort, c'était dur."

Dans la tradition française de Yannick Noah (vainqueur en 1981) et d'Henri Leconte (en 1985 et 1988), un autre Français remporte donc ce premier Open de Nice organisé depuis 1995. Une nouvelle prémonitoire avant d'affronter l'Ecossais Andy Murray à Roland-Garros.

Résultat de la finale
Richard Gasquet (FRA) bat Fernando Verdasco (ESP/N.2) 6-3, 5-7, 7-6 (7/5)

Gasquet: "Fier de revenir comme ça"

Vainqueur du tournoi de Nice en battant en finale Fernando Verdasco, une référence sur la terre-battue, Richard Gasquet en a fini avec sa période noire. A la veille du début de Roland-Garros, le Biterrois se refait une santé au meilleur moment.

- Comment vous sentez-vous après cette victoire ?
- "C'est un titre, c'est mon 6e, et ça faisait longtemps que je n'avais pas gagné sur le circuit ATP. A la fin de ma carrière, je penserai aux titres que j'ai gagnés et je me souviendrai toute ma vie de ce match, face à un très grand joueur, qui joue très bien: 7-6 au troisième, dans une grande finale, c'est important. Après Bordeaux (tournoi challenger qu'il a remporté la semaine dernière, ndlr), je ne pensais pas gagner ici, surtout au terme d'un match d'une intensité énorme, avec des rebondissements de part et d'autre. Le public m'a vraiment poussé et je lui dois un peu cette victoire. Il y avait beaucoup de monde, la fin de match a été un peu houleuse, c'était étonnant, une ambiance bizarre, j'ai rarement joué des matches aussi tendus sur la fin."

- Quel est le bilan global de cette semaine à Nice ?
- "J'ai bien joué, je sentais des coups que je n'avais pas fait depuis longtemps, je courais bien. C'étaient de bonnes sensations, mais encore une fois c'est le titre qui est important. Entre une finale et un titre, c'est très différent. J'ai eu un coup de mou après avoir perdu le deuxième, et puis j'ai pu revenir dans le troisième. J'étais tout près de perdre, alors j'ai lâché quelques coups, et là il s'est un peu crispé. Après, il y a eu ce tie-break incroyable. J'ai essayé de tout donner sur la fin, tout ce qui me restait, avec l'adrénaline tout était possible. Je suis très content de cette victoire."

- Comment allez-vous aborder Roland Garros ?
- "J'aurai beaucoup de plaisir et de bonheur à jouer à Roland Garros et je suis fier de revenir comme ça. J'ai raté les deux dernières éditions, mais la première fois c'était sur blessure, donc je m'en étais remis plus facilement. L'an dernier, c'était plus difficile. J'ai gagné deux tournois, donc j'ai beaucoup de confiance et je n'aurai aucune pression, mais beaucoup de fatigue quand même. Si je pouvais jouer mardi, ce serait mieux..."