Un blog qui joue du scalpel

Chirurgien esthétique en Californie, John Di Saïa, nourrit son blog de remarques plus ou moins professionnelles sur les aléas de son métier. Morceaux choisis.

De son propre aveu, il appartient à «une espèce en voie de disparition». John Di Saïa est «chirurgien esthétique honnête». Ce qui ne semble pas légion, à en croire son blog baptisé «La vérité sur la chirurgie esthétique» («Truth in cosmetic surgery»).

Depuis un peu plus de deux ans, ce praticien installé à San Clemente, ville californienne de 70.000 âmes, tient une chronique quasi-quotidienne dans laquelle il épingle les opérations ratées de ses confrères et commente les divers ravalements - plus ou moins réussis - des célébrités. Une manière, selon lui, «d’éduquer les gens sur la chirurgie esthétique de manière divertissante».

En fait de divertissement, on y trouve pêle-mêle des avant-après retouches Photoshop en couverture d’un magazine ou encore une histoire sur des prothèses mammaires usagées. Le ton est souvent moqueur. «J’espère qu’elle n’a pas payé trop cher pour ça !», écrit-il en parlant d’une patiente dont l’opération s’est révélée être un fiasco total.

Charlatans

«Certains exemples que j’utilise sont des cas de célébrités qui, comme vous verrez, ne font pas toujours appel aux meilleurs en matière de chirurgie esthétique». À l’inverse de Tom Cruise, Avril Lavigne, Demi Moore, Winona Ryder, Heather Locklear ou encore Catherine Zeta-Jones qui sont, à ses yeux de professionnel, de pures réussites esthétiques. Qui ne sont pas toutes passées par ses bistouris...

Derrière le côté quelque peu racoleur de certains de ses propos, le Dr Di Saïa se veut pédagogique, appelant très souvent ses internautes à se plonger dans les registres du California Medical Board pour vérifier le pedigree de certains chirurgiens charlatans.

Il faut dire que John n’est pas un novice dans cet exercice et que ses confrères commencent à le connaître. «J’écris depuis dix ans sur mon site, sur des forums, pour un journal et plus récemment sur des blogs. La première fois que j’ai commencé à écrire, j’étais interne en chirurgie esthétique, dans le milieu des années 90». Sans oublier «son» MySpace. «Je passe trop de temps sur Internet», reconnait-il.

Pas de rhinoplastie

Et le scalpel dans tout ça ? John Di Saïa constate au quotidien la recrudescence de patients et d’internautes tentés par l’expérience. «La chirurgie esthétique satisfait les désirs des gens. Et les récentes émissions de téléréalité sur le sujet attisent leur intérêt», explique-t-il. Nombre d’entre eux s’intéressent notamment au prix des interventions. «Que pensez-vous des organismes qui proposent des prêts pour financer les opérations ?», s’interroge ainsi une internaute.

À 43 ans, il avoue lui-même avoir eu recours à quelques peelings esthétiques (permettent de lisser rides et ridules en éliminant la couche superficielle de la peau) et autres injections de Botox (injection d’acide botulique pour corriger les rides d’expression).

L’effet Nip/Tuck? Cette sulfureuse série qui met en scène deux chirurgiens esthétiques ? «Je trouve ça divertissant mais je ne suis pas très fan de télévision», confie-t-il. D’ailleurs, sa pratique de la chirurgie est bien moins aventureuse que celles des docteurs Troy et McNamara. Lorsqu’un patient lui a demandé de se faire implanter des seins, il a tout bonnement refusé. «Je n’opère pas les gens qui veulent changer de sexe et je ne fais pas non plus de rhinoplastie. Ça ne m’intéresse pas.»