Un nouveau sarcophage pour Tchernobyl

Les groupes français Bouygues et Vinci ont signé un contrat pour la construction d'un nouveau sarcophage à Tchernobyl

Réunies dans le consortium Novarka, les deux entreprises seront chargées de réaliser une nouvelle structure de confinement du réacteur 4 de la centrale.
Le secrétaire d'Etat au Commerce extérieur Hervé Novelli et le président ukrainien Viktor Ioutchenko ont assisté à la signature du contrat entre l'administration de la centrale nucléaire et Novarka.


Avant la cérémonie de signature, H. Novelli s'est rendu sur le site de la catastrophe nucléaire, afin d'envoyer "un message de mémoire, de solidarité et de compassion" aux Ukrainiens.

Le contrat signé, un chantier titanesque devrait se mettre en place dés la fin de l’année 2007.
Le futur sarcophage, en forme d'arche, sera colossal: 105 mètres de haut et 150 mètres de long. Il pourrait recouvrir le Stade de France.
Selon les prévisions, le tout sera construit en 53 mois. Un exploit industriel qui ne sera pas de trop pour régler le sort précaire de la centrale nucléaire.

La nouvelle enceinte de confinement viendra en effet remplacer l’actuel sarcophage du réacteur numéro 4. Construite à la hâte peu après l'explosion du 26 avril 1986, la structure est fissurée et menace de s'effondrer à tout instant. Si un tel événement venait à se produire, 200 tonnes de magma radioactif seraient dispersées dans la nature.

Il était donc temps que le contrat, d’une valeur de 432 millions d’euros, soit signé. Le dénouement, favorable aux groupes français, met terme à une histoire faite de multiples rebondissements politico-industriels.
Le nombre de décisionnaires impliqués dans le projet, la crise politique ukrainienne ainsi que la concurrence de l’américain CH2M Hill, ont compliqué la signature du contrat.
Christian Gazaignes, directeur général de Bouygues-travaux publics, confiait au Figaro de lundi : « il nous a semblé être pris au centre d’un jeu géopolitique qui nous dépassait. »

Ce qui est certain aujourd’hui, c’est que Bouygues et Vinci ne prendront aucun risque quant à la santé de leurs ouvriers. Le sarcophage sera construit à l’écart du réacteur, en raison de la dangerosité du site. Son installation ne demandera aucune intervention humaine. L’arche sera portée jusqu’au réacteur à l’aide de rails. Son périple sera piloté par ordinateur et devrait durer une semaine.
Près d’un millier d’ouvriers sera requis pour la construction. Ils travailleront par intervalles de quinze jours et feront l’objet d’un suivi médical régulier. Equipé de dosimètres, appareils mesurant la radioactivité, le personnel ne sera exposé à « aucun risque » selon C. Gazaignes.

Ces mesures permettront d’éviter la répétition du drame des « liquidateurs ». Ces 600 000 ouvriers sont venus de toute l’ex-URSS pour nettoyer le site de Tchernobyl, quelques mois seulement après la catastrophe nucléaire.
Aucune protection contre les rayonnements ne leur avait alors été donnée.