Mort de l'éditeur Christian Bourgois

L'écrivain Alain Robbe-Grillet (G) s'entretient avec l'éditeur Christian Bourgois, le 25 mars 2004.
L'éditeur Christian Bourgois est décédé jeudi matin à Paris, à l'âge de 74 ans, des suites d'une longue maladie


"Editer, c'est s'inscrire dans la durée, tisser avec ses auteurs des liens d'affection, presque de famille", disait-il fin 2005, lors d'un hommage de la bibliothèque du Centre Pompidou.

Celui qui reconnaissait n'avoir jamais eu la vocation d'écrire avait fondé sa maison d'édition en 1966. Il introduisit en France Marquez, Soljenitsyne ou Burroughs.

Christian Bourgois a notamment été l'éditeur en France des écrivains américains de la Beat génération, Allen Ginsberg ou William Burroughs, et de Jim Harrison. Mais aussi de la littérature qui parfois dérangeait, commme en 1989 lorsqu’il publie Les Versets Sataniques de Salman Rushdie.

"Si j'ai fait oeuvre, c'est d'avoir réuni toutes ces oeuvres", estimait-il en référence aux auteurs publiés comme Boris Vian, J.R. Tolkien, Pierre Boulez, Antonio Tabucchi, Toni Morrison, Ernst Junger, John Fante, Manuel Vazquez Montalban, Fernando Pessoa, Antonio Lobo Antunes, Hanif Kureishi ou Witold Gombrowicz.

Né dans les Alpes-Maritimes, à Antibes, le 21 septembre 1933, Christian Bourgois a commencé dans l'édition dès les années 50. Entré major de la section économique et financière de l'ENA, il avait démissionné de l'ecole pour travailler en 1959 avec l'éditeur René Julliard.

C'est à la mort de ce dernier, en 1962, qu'il pris la direction de la maison, publiant déjà de grands noms comme Gabriel Garcia Marquez ou Alexandre Soljenytsine, créant, avec Pierre Nora, la collection Archives ou le premier guide gastronomique d'Henri Gault et Christian Millau.

C'est après le rachat en 1965 de Julliard par le groupe Presses de la Cité qu'en 1966 Christian Bourgois créé sa propre maison au sein du groupe. En 1968, il reprend la collection 10/18 qu'il dirige jusqu'en 1992 et où il publie plus de 1.500 titres dont 500 inédits.

En 1992, il quitte le groupe pour redevenir indépendant. Il poursuit ensuite, avec sa femme Dominique, son exploration des littératures françaises et, surtout, étrangères.