Grotte de Lascaux sous traitement: l'embellie

L'état du célèbre site préhistorique de Dordogne, victime d'une attaque de champignons, s'est amélioré


De nombreux champignons formant des taches noires sur les parois de la grotte ont été détruits, leur progression stabilisée, après traitement et 3 mois de mise au repos, ont indiqué vendredi des responsables culturels.

L'invasion menaçait et détériorait les fresques du site préhistorique, dont les peintures rupestres remontent à 17.000 ans avant JC.


La période de mise au repos du site doit être prolongée jusqu'à fin juin, a précisé Michel Clément, directeur de l'architecture et du patrimoine au Ministère de la culture et de la communication, lors d'une conférence de presse à Bordeaux, vendredi 11 avril.

Les taches noires, des moisissures, avaient été observées en juillet 2007 dans des parties reculées de la grotte originale appelées le Passage, la Nef et l'Abside, après une première apparition sur la voûte et le sas d'entrée fin 2001.

Un produit utilisé à Angkor
Des prélèvements effectués fin mars ont montré "une réduction significative de l'activité microbiologique de 9 zones témoins sur les 11 observées", à la suite d'un traitement biocide mis en oeuvre en janvier, selon un communiqué commun du ministère de la Culture et de la direction régionale des affaires culturelles (DRAC) d'Aquitaine. Le produit employé pour se débarasser des champignons, l'isothiazolinone, a été utilisé notamment dans les temples d'Angkor au Cambodge et dans une église de Rome, autres sites inscrits au patrimoine mondial de l'Unesco, mais était utilisé pour la première fois en milieu souterrain.

Le comité scientifique de la grotte va par ailleurs "poursuivre son travail de réflexion avant de prendre des décisions concernant l'éventualité d'une remise en cause de l'assistance climatique", qui régule l'air dans la grotte, a ajouté Michel Clément.

Les responsables culturels ont réaffirmé leur volonté de "sanctuariser" la colline de Lascaux "afin d'éviter à terme toute perturbation pouvant nuire à l'équilibre environnemental de la cavité".

L'accès du site sera réservé notamment aux scientifiques, alors que les opérations de recherche sont suspendues. D'autres opérations de soins complémentaires auront lieu sur les zones où le traitement n'a pas été efficace. "Avec la tendance que nous observons, je pense qu'à notre prochain rendez-vous nous vous dirons que tout va bien", a de son côté déclaré Marc Gauthier, président du comité scientifique international de la grotte de Lascaux.

Pour tenter de "ralentir le développement" de ces taches, un traitement biocide a été appliqué dès le 9 janvier dans la grotte, selon la conservatrice en chef des Monuments historiques, Marie-Anne Sire.

Le produit permettant de détruire les micro-organismes a été vaporisé localement dans la partie droite de la grotte, dans l'Abside, la Nef et le Passage, où les "taches noires" étaient les plus présentes, selon Mme Sire. La grotte a ensuite été laissée au repos complet pendant près de trois mois, à l'exception d'une intervention d'"une demi-heure par semaine" pour le contrôle des paramètres climatiques. Fin mars, des analyses ont été effectuées pour la réunion du comité scientifique, le 11 avril.

Les taches noires - dont la composition, complexe, comprend notamment un champignon nommé ulocladium - donnent lieu à une forte mobilisation scientifique depuis plusieurs mois, certaines de ces taches menaçant voire, dans quelques cas, touchant les peintures préhistoriques, a rappelé Marie-Anne Sire.

Depuis 1983, les visiteurs de Lascaux n'ont plus accès qu'à une copie de la grotte (Lascaux II), l'originale étant fermée au public depuis 1963.

La grotte de Lascaux a déjà dû faire face, en 2001 et 2002, à une forte attaque de moisissure blanche, aujourd'hui "stabilisée". Considéré comme moins sévère, le développement des taches noires serait expliqué, selon les scientifiques, par l'altération de l'équilibre interne du site inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco.