Grotte de Lascaux:un symposium international

Un symposium, "Lascaux et la conservation en milieu souterrain", se tient les 26 et 27 février à Paris
Il est destiné à "susciter un débat international et pluridisciplinaire" autour de cette grotte préhistorique de Dordogne.

Certaines parties de Lascaux, située sur la commune de Montignac, sont menacées par la prolifération de taches noires dans les parties les plus confinées.
La ministre de la Culture Christine Albanel a pris l'initiative de ce symposium pour "provoquer la confrontation des expérimentations développées par nos spécialistes avec les recherches conduites dans plusieurs disciplines scientifiques par d'autres pays concernés par des problématiques de conservation identiques".

Les préconisations du comité scientifique international mis en place en 2002 ont "fait l'objet d'interrogations", note-t-elle. "Environnement géologique et climatique, micro-organismes en milieu souterrain, conservation et mise en valeur des grottes ornées" seront les trois thèmes abordés lors de cette réunion rassemblant des scientifiques venus d'Afrique du Sud, d'Espagne, de la République Tchèque, des Etats-Unis, du Japon.



Une grotte maltraitée
"Aucune grotte au monde n'a été traitée de cette façon-là", déplore Marc Gauthier, président du Comité scientifique : découverte en 1940, elle a subi des travaux, enduré des éclairages inadaptés, reçu de trop nombreux visiteurs (100.000 en 1962, soit 1.800 par jour en été), et finalement souffert d'un système d'aération inadapté. Elévation de la température, humidité, augmentation du gaz carbonique s'en sont suivis, avec, dès 1960 l'apparition d'algues vertes, puis en 2001 de moisissures blanches créées par le champignon Fusarium Solani, et enfin de taches noires dues au champignon ulocladium sur la voûte du Passage, de l'Abside et de la Nef.

Actuellement, "la grotte ne connaît pas d'évolution brutale", la situation est "stable, légèrement évolutive", avec des "taches noires qui ne régressent pas, mais ne s'étendent pas", a affirmé Marc Gauthier. "La grotte est malade, elle est actuellement en repos", sans aucun traitement, a-t-il dit : "On veut que le malade se reconstruise, se rééquilibre de lui-même". Le paysage biologique de la grotte est "d'une complexité diabolique", a rappelé le président du symposium, Jean Clottes : "une centaine ou plus de micro-organismes y cohabitent et interagissent, et il suffit qu'un prenne le dessus pour provoquer des catastrophes".

Déjà, un nouveau "système d'assistance climatique" est à l'étude, et une "grotte laboratoire" permet "des expériences qui ne peuvent être faites ni dans en laboratoire, ni dans une grotte aux peintures pariétales", dit Marc Gauthier. Mais ces études ont fait apparaître un autre phénomène : depuis le début des années 2000, "l'air à l'intérieur de la grotte ne bouge plus, il est stratifié", et, selon lui, "c'est catastrophique" car cela risque de créer une autre attaque de champignons.



De Lascaux à Lascaux II
Lascaux, emblématique avec plus de 1.900 gravures et peintures datant de 17.000 ans avant notre ère, a été fermée en 1963. Les visiteurs ont accès depuis 1983 à une copie (Lascaux II) de la grotte, située à quelques centaines de mètres de l'original et qui accueille environ 300.000 visiteurs par an.